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  • ¡Va por ti, torero ! Luis Francisco Esplá

    Luis Francisco Esplá arrête les toros. C'est un torero selon mon cœur, complet et artiste dans la folie de la tradition la plus pure, avec des hauts et des bas, des toros durs en général, ce n'est pas si courant. Il a beaucoup donné à la corne. Artiste il l'est oui, Luis Francisco, avec sa voix presque de haute-contre, son humour décalé, ses poèmes et sa peinture et des gestes dans l'arène qui tirent le torero vers l'absolu de la tauromachie,  et cette démarche bizarre, à très petits pas... Il arrête les toros, Luis Francisco Esplá… on continuera à penser à lui souvent sans aucun doute.

    Voici la jolie note qu'Olivier Deck, qui aurait pu être torero, lui consacre sur son site. Elle dit mieux que je ne saurais le faire  l'essentiel de ce que le matador m'a donné. Une manière aussi de découvrir le site de l'ami Deck, écrivain, chanteur, peintre...

     

    Espla.jpg5 Décembre 2008
    Pour Esplá

    Allons-y, une impro pour Esplá, si tu veux. Esplá l’anachronique d’avant-garde. Avant-garde, oui, toujours au feu, devant, sourire de tueur, d’enfant terrible aux lèvres. Esplá l’artiste qui s’est dessiné un visage de torero en trempant le bout d’une corne dans le sang. Nous connaissons ses cicatrices. Celles du miroir, comme on dit au-delà du Plateau d’Anèu. Esplá s’en va. Il l’avait dit à la sortie de las Ventas, lors de la dernière San Isidro. En montant dans son minibus, il l’avait dit : je ne reviendrai pas à Madrid. Il y reviendra. Finir à Madrid. Passer encore par le grand amphithéâtre où survivent les valeurs moribondes d’un art d’être artiste que l’esprit starac, paillettes, inculture et fil blanc balaye inexorablement. Le monde ne nous appartient pas. Il est un sable qui file entre nos doigts. Nous naissons nostalgiques. Nostalgiques de ce que nous pensons avoir perdu mais qui n’a jamais existé. Nostalgique d’un autre nous qui n’a jamais eu lieu. Comme si nous retournant vers le passé, nous voyions un futur hypothétique. Un futur impossible. Esplá est torero comme il est peintre. Il préfigurait depuis ses débuts le matador actuel, Morante en tête, qui ne se dit plus simplement « torero », mais « créateur ». Le torero à qui l’on scande « torero » ne se considère plus lui-même comme tel, il se dit « créateur ». Esplá l’avait pressenti. Peintre, écrivain, il ressemble aux artistes d’aujourd’hui, les éclectiques, les inclassables, les transgressifs. Ceux que Descartes n’aurait pu classer. Luís-Francisco Esplá. Le bon, la brute et le truand en un seul homme d’arène. Quand les grands de ce petit monde des toros se défilent devant les élevages dont les toros risqueraient de montrer leur bravoure, Esplá accepte de toréer version pliocène inférieur, à Céret. Il se fait arracher les couilles. L’année d’après, recousu, il revient. D’où vient son sourire ? Est-ce une cicatrice qui lui a figé le visage dans une grimace frondeuse, sarcastique ? Esplá, souviens-toi de lui en 1982, lorsqu’il noue sa cravate à la corne d’un Victorino de légende. Esplá s’en va sans avoir cédé. Toujours vêtu de costumes brodés à l’ancienne, qui disent aux gosses : « Regarde, regarde d’où nous venons, nous, les toreros. Nous sommes les enfants des siècles. Ne l’oublie pas ! » Et les gosses l’oublient parce que les gosses sont des gosses. Ils veulent les millions, les Porsches, les pin-up, les palaces, chasser à la droite du roi, mais y laisser leurs couilles, ça, faut voir. Ceux d’aujourd’hui voudraient bien accéder à la gloire sans passer par la case « Toro » . Or Toro + Héro = Torero. Esplá est un héros de légende, un roublard, un brigand qui ne fait pas dans la dentelle, qui agace par son agilité, Scapin de l’arène. Il s’en va. Tel un guerrier qui se retire, le corps perclus. L’âme tumultueuse des combats. Avant cela, il adoubera son fils. Il le prendra dans ses bras aux abords d’une piste de sable. Il l’enlacera de ses kilomètres de sutures et il lui dira : « Tiens, tiens mon épée. C’est à toi maintenant. Adieu. » Adieu. Adieu parce qu’Esplá Luís-Francisco reviendra alors parmi les hommes. Parmi nous. Il restera ce « maestro » avec lequel nous nous adresserons à lui. Et cette gueule tailladée qui nous rappellera que l’afición, c’est plus compliqué que de se dire aficionado, de se réjouir devant de luxueuses farces taurines et de pérorer au comptoir ou dans les beaux salons des hôtels cinq étoiles, loin des cornes. C’est une affaire de vie et de mort. Une affaire d’amour.

    ¡Va por ti, torero !Esplá.jpg

     

    http://www.olivier-deck.fr/accueil.php

  • D'ici là, numéro 1

    D'ici là, 1.jpgPierre Ménard lance la revue – de détails – «D’ici là», sur Internet, téléchargeable sur Publie.net, la plate-forme de textes numériques contemporains créée par François Bon en janvier 2008.
    Sur le thème « Nous dormons notre vie d’un sommeil sans rêves » – Georges Perec, L’Infra-ordinaire – voici 91 pages à lire sur écran avec toute l’interactivité possible, images, textes et sons s’entrecroisant pour créer une dynamique qui pourra n’être jamais la même selon ses lectures, ses relectures. On pourra, bien entendu, télécharger le tout en pdf et l’imprimer chez soi ce qui donnera à la revue un air papier plus traditionnel mais avec une richesse graphique rare qui usera des cartouches d’encre à n’en plus finir. Une telle revue sur papier imprimé, coûterait une fortune, serait peu réalisable, et intenable financièrement. C’est l’intérêt et la force d’Internet pour une telle entreprise et Pierre Ménard a su en tirer profit avec bonheur.
    On trouvera, entre autres, dans cette excitante première livraison : François Matton, Rémi Froger, Deborah Heissler, Philippe de Jonckeere, Anne Savelli, Michel Brosseau, Caroline Diaz, David Lespiau…
    Les prochains numéros sont annoncés pour le printemps, l’été et l’automne 2007. On en salive d’avance.

    Les 25 premières pages sont à feuilleter librement.
    Téléchargement version intégrale du n°1 : 5,50 €
    http://www.publie.net/tnc/spip.php?article184

  • Un arbre

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    parce que j'aime tellement le travail de François Matton,
    je le partage et vous invite ici

  • Le crayon de Bernard Delvaille

    Bernard Delvaille002.jpgBernard Delvaille aime les magnolias du Jardin public. Il va souvent s’asseoir à leurs côtés pour écrire. Il est jeune et envisage sérieusement, violemment même, de quitter Bordeaux.

    À deux pas du Jardin public il va au lycée  – aujourd’hui Montesquieu – où il a pour ami Michel Suffran avec qui il parle de ses lectures : Valery Larbaud, Coleridge, Mallarmé, Paul Valéry, Rimbaud, Marcelline Desbordes-Valmore…

    Il écrit ses premiers poèmes dans de longs carnets étroits – du modèle de ceux utilisés par Marcel Proust – avec un vieux reste de crayon car il est économe. Il a troqué le crayon neuf à la librairie de son amie Nicole Petiteau contre des timbres. Il porte des guêtres blanches par-dessus ses chaussures noires toujours parfaitement cirées et, lorsque le soleil tape particulièrement, une façon de vieux chapeau qui a du être un Panama lui ombrage le front.


    Il habite à deux pas du Parc Lucie, à Caudéran. Il rêve de Londres et de Venise où il mourra.

     

    Un reste de crayon (extrait d'un travail en cours)

     

    Photo : Jean-Luc Chapin, in Portraits d’auteurs, préface de Claude Chambard, Centre régional des lettres d'Aquitaine, 1990

  • Les Papillons ne meurent jamais

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    Les Papillons ne meurent jamais

    Sophie & Claude Chambard

    L'Affiche n° 49

    Une affiche en sérigraphie sur papier 140 g,

    au format 120X176 cm, 40 €

    à commander à : http://editionlebleuduciel.free.fr/commande.html

  • État de droite par Anne-Marie Garat

    images-1.jpgEn 1933, depuis près de trois ans, le Reichstag avalise sans broncher ; les décisions se prennent sans débats ni votes. Von Hindenburg gouverne un coude sur l’épaule des SPD, tétanisés, un coude sur celle des nazis, bons bougres. Hitler n’a plus qu’à sauter sur l’estrade, grand clown des atrocités, impayable dans son frac tout neuf.
    Qui prétend encore que c’est arrivé du frais matin ?
    Le sommeil a bon dos, où naissent les songes, et les cauchemars. Mais on ne se réveille pas dans le pire, stupeur, au saut du lit : le pire s’est installé, insidieux, dans le paysage, banalisé par l'apathie ou l’incrédulité des uns, la bénédiction des autres.
    Des gendarmes brutaux, grossiers, débarquent impunément avec leurs chiens dans les classes d’un collège du Gers, pour une fouille musclée; le proviseur entérine, bonasse. Et le ministre de l’Education, qu’en dit-il ? Que dit-il de l’enlèvement d’enfants dans une école de Grenoble, d’eux et de leur famille expulsés en vingt-quatre heures, après combien d’autres ? Qui tient la comptabilité de ces exactions ordinaires ?
    Un journaliste est interpellé chez lui, insulté, menotté, fouillé au corps, pour une suspicion de diffamation, qui reste encore à démontrer en justice… Qu’en dit la Garde des Sceaux ? Elle approuve (mutine bague Cartier au doigt, n’en déplaise au Figaro).
    Nos enfants, nos journalistes, ce sont encore catégories sensibles à l’opinion.
    Celle-ci s’émeut-elle ? Mollement. Elle somnole.
    Mais les réfugiés de Sangatte, chassés comme bêtes, affamés dans les bois ; les miséreux du bois de Vincennes menacés de «ratissage», les gueux de nos trottoirs au vent d’hiver ? Les sans papiers raflés, entassés dans des lieux de non droit, décharges d’une société, qui détourne le regard ignoble de son indifférence ? Et la masse des anonymes, traités mêmement comme rebut par une administration servile ? Au secours, Hugo!
    Il y a de jeunes marginaux qualifiés par la ministre de l’Intérieur d’« ultra gauche » - spectre opportun des bonnes vieilles terreurs - jusqu’ici, pure pétition communicationnelle… Sa police veille, arme à la hanche, elle arpente, virile, les couloirs du métro, des gares. Sommes-nous en Etat de siège ? A quand l’armée en ville ?
    Il y a le malade mental incriminé à vie par anticipation ; l’étranger criminalisé de l’être ; le jeune de banlieue stigmatisé pour dissidence du salut au drapeau : danger public; le prisonnier encagé dans des taudis surpeuplés – à 12 ans, bientôt ; le sans travail accusé d’être un profiteur, le pauvre d’être pauvre et de coûter cher aux riches ; le militant associatif qui le défend condamné, lourdement, pour entrave à la voie publique. Il y a le fonctionnaire taxé de fainéantise (vieille antienne) ; l’élu réduit au godillot ; le juge sous menace de rétorsion ; le parlementariste assimilé au petit pois ; la télé publique bradée aux bons amis du Président, qui fixent le tarif ; son PDG berlusconisé et des pubs d’Etat pour nous informer – à quand un ministre de la Propagande ? On en a bien un de l’Identité nationale. Et le bon ami de Corse, l’escroc notoire, amuseurs sinistres, protégés par décret du prince…
    Criminalisation systématique de qui s’insurge, dénis de justice, inhumanité érigés en principe de gouvernement. Presse paillasson, muselée par ses patrons, industriels des armes. Intimidations, contrôles au faciès, humiliations, brutalités, violences et leurs dérapages - quelques précipités du balcon, quelques morts de tabassage accidentel -, sitôt providentiellement dilués dans le brouhaha des crises bancaires, de l’affairisme et du sensationnel saignant, bienvenu au JT : touristes égarés, intempéries, embouteillages du soir… Carla et Tapie en vedettes.
    Ces faits sont-ils vraiment divers, ou bien signent-ils un état de fait? En réalité, un état de droite. Extrême. Dire que Le Pen nous faisait peur…
    Cela rampe, s’insinue et s’impose, cela s’installe : ma foi, jour après jour, cela devient tout naturel. Normal : c’est, d’ores et déjà, le lot quotidien d’une France défigurée, demain matin effarée de sa nudité, livrée aux menées d’une dictature qui ne dit pas son nom. Ah ! le gros mot ! N’exagérons pas, s’offusquent les mal réveillés. Tout va bien : M. Hortefeux est, paraît-il, bon bougre dans sa vie privée.
    « Tout est possible », avait pourtant promis le candidat. Entendons-le bien. Entendons ce qu’il y a de totalitaire dans cette promesse cynique qui, d’avance, annonce le pire.
    Sous son agitation pathologique, un instant comique – au secours, Chaplin ! - , sous ses discours de tréteaux, ses déclarations à tous vents, contradictoires, paradoxales, sous son improvisation politique (oripeau du pragmatisme), sous sa face de tic et toc s’avance le mufle des suicideurs de république, des assassins de la morale publique. La tête grossit, elle fixe et sidère.
    Continuerons-nous à dormir ? Ou à piquer la marionnette de banderilles de Noël ?

    Anne-Marie Garat

    http://www.anne-marie-garat.com/

  • Deux distiques pour un papillon

    pap Rimb grand.JPG









    incandescence d'encre vive
    ces mots papillons, suspendus


    Entre le sang et l'encre -
    quelque chose de l'éphémère.