Jean-Jacques Viton, « Zama »
Jean-Jacques Viton, lecture au MAC, Poésie Marseille 2011© Claude Chambard
« Zama mâche des trouvailles
croûtons et concombres
assis sur une grosse pierre
deux chiens roux devant lui
tous les trois forment un petit groupe
éloigné du tumulte imprécis
immobiles ensemble ils sont là
se regardent attendent les surprises
très haut un grand oiseau noir
les ailes étendues fixes solides
il plane il glisse dans un immense ciel
c’est le sien il le domine seul
une barre grise dans le loin
brouille un peu le fond
si l’ensemble basculait cette frange
deviendrait le toit du vide
où règnerait toujours l’oiseau obstiné
Zama regarde intensément
il se sent triste il est comme abandonné
Zama ne sait pas où il se trouve »
Jean-Jacques Viton
Zama
P.O.L, 2012
« Je me dis qu’il faudrait inscrire dans toutes les constitutions du monde le droit imprescriptible de chacun à revenir quand bon lui semble sur les hauts lieux de son passé. Lui confier un trousseau de clés donnant accès à tous les appartements, pavillons et jardinets où s’est jouée son enfance, et lui permettre de rester des heures entières dans ces palais d’hiver de la mémoire. Jamais les nouveaux propriétaires ne pourraient faire obstacle à ces pèlerins du temps. J’y crois fort, et si je devais renouer un jour avec l’engagement politique, je me dis que ce serait l’unique point de mon programme, ma seule promesse de campagne… »