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  • Li Po, « Buvant seul sous la lune »

    Li Po.jpg

    Li Po, portrait imaginaire par Liang Ka, XIIIe siècle

     

    Deux traductions d'un même poème

     

    « un pichet de vin au milieu des fleurs,

    je bois seul, sans compagnon

    levant ma coupe je convie la lune claire

    avec mon ombre nous voilà trois

    la lune hélas ! ne sait pas boire,

    et mon ombre ne fait que me suivre

    compagnes d’un moment, lune et ombre,

    réjouissons-nous, profitons du printemps

    je chante, la lune musarde

    je danse, mon ombre s’égare

    encore sobres ensemble nous nous égayons

    ivres chacun s’en retourne

    mais notre union est éternelle, notre amitié sans limite

    sur le Fleuve céleste là-haut nous nous retrouverons

     

    Li Po

    Buvant seul sous la lune

    Poèmes traduit du chinois par

    Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1998

    &

     

    « Pichet de vin posé parmi les fleurs.

    Boire tout seul privé de compagnon.

    Levant ma coupe, je salue la lune

    Nous sommes trois : elle mon ombre et moi.

    La lune cependant ne sait pas boire

    L’ombre non plus qui m’a toujours suivi.

    Mais buvons à mon ombre et à la lune

    C’est l’éphémère joie de ce printemps.

    J’entonne un chant – la lune suit mon rythme

    Je danse l’ombre danse au même pas.

    L’éveil et la joie pure d’être ensemble.

    L’ivresse dissipée chacun se quitte.

    Errants à tout jamais liés et seuls

    Les retrouvailles dans la Voie lactée. »

    Ombres de Chine

    Douze poètes de la dynastie tang (680-870) et un épilogue

    Choix, traduction et commentaire André Markowicz

    Inculte / dernière marge, 2015

  • Françoise Ascal, « Des voix dans l’obscur »

    françoise ascal,gérard titus-carmel,des voix dans l'obscur,Æncrages & co

    « non

    pas de “belles histoires” à raconter les histoires ça vole dans l’air on les capte d’une main joueuse je ne sais pas jouer je n’ai pas de let à histoires juste du l à coudre utile pour les plaies coudre et recoudre ce qui bée une spécialité en quelque sorte réparer recoller rastoler ravauder avec plus ou moins de succès paroles qui tombent et se cassent dans le vide murs qui se fendent toits qui s’écroulent draps qui se déchirent peau qui se fane veines qui éclatent c’est mon lot je pose des mots-sutures sur ce qui souffre c’est une addiction comme une autre

     

    peut-être est-ce mon corps troué que je cherche à rejoindre dans la moindre faille

    glisser la langue entre les molécules disjointes mâcher les noms perdus sucer le rien saliver

    lèvres closes cimenter l’absence

     

    peut-être est-ce vous qui m’appelez vous qui n’êtes plus

    vous qui avez fui sans légendes à hisser dans les livres »

     

    Françoise Ascal

    Des voix dans l’obscur

    5 dessins de Gérard Titus-Carmel

    coll. écri(peind)re, Æncrages & Co, 2015

  • Li Qingzhao, « Le printemps est venu »

    singe.jpg

    pour saluer le Nouvel An chinois – fête du Printemps

    année du Singe de feu

     

    « Le printemps est venu jusqu’à ma cour.

       Tendre est le vert des herbes.

    Les boutons rouges des pruniers,

       à peine éclatés,

    sont près à s’épanouir.

    Les nuages bleus s’estompent

       en poussière de jade.

    Je m’attarde à mon rêve de l’aube :

    Je brisais avec toi

       la cruche printanière.

     

    Les ombres des fleurs s’alanguissent

       et se posent sur les portes.

    La lueur pâle de la lune s’étale

       sur le rideau translucide.

    Un si beau soir !

    Deux fois en trois ans,

       tu as manqué le printemps.

    Reviens, reviens vite !

    Et jouissons de celui-ci

       jusqu’au fond de nos cœurs ! »

     

    Li Qingzhao (1084-1151 ?)

    Les fleurs du cannelier

    Traduit du chinois par Zheng Su

    Interprété et présenté par Ferdinand Stoces

    Ophée / La Différence, 1990