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  • Jacques Roman, « Proférations »

    SC, Lambert, Jacques & cc.jpg

    © : dcollin

    « Le 19. 1. 1991 échoué

     

    … veilleur ne criera pas éveillé échoué immobile boule dans la gorge en janvier œil sur la mort drapée d’étoiles et de galons aux quatre points cardinaux oubliés n’écrira pas sur les murs du vieux monde sa honte portée devant vous échoué à l’heure qu’il est ce soir il tourne en rond tandis qu’on lui arrache la bonté prie que soit donné à l’enfant pitié des années et des années d’oreille lui échoué muet sans rôle ici ne blâmez pas son espoir en vous l’être a fait son feu consolation par tous les pores de la peau entendez veilleur ne criera pas échoué n’écrira pas éveillé échoué en janvier parmi les miettes éparpillées de la joie qui nous fut ciel ici supplie brûlez ces mots toute la fausse monnaie afin que ne tombent et sa vie et la vôtre en été tous sens à l’abîme échoués la boule en la gorge nommez-la amour encore là-bas demain où sa poussière dansera dans un autre janvier où n’aura plus cours cet enfer qui prit en toutes lettres nom d’homme jusqu’en ce sable échoué terrassier de l’interminable dans la énième heure du matin ici où ne criera pas en janvier veilleur éveillé la boule en la gorge où ne saignons ni vous ni lui pourtant écoutez l’entendez-vous cette parole allant dans le silence ainsi l’abandonnant où le sang coule… »

     

    Jacques Roman

    Profération

    Éditions Isabelle Sauvage, 2016

  • Ishikawa Takuboku, « Une poignée de sable »

    ishikawa-takuboku.jpg

    « Tôt ce matin

    écrite par cette jeune sœur qui a déjà passé l’âge de se marier

    j’ai lu une lettre qui ressemblait fort à une lettre d’amour

     

    Que quiconque la lisant

    ne puisse m’oublier

    telle est la longue lettre que je voulais écrire ce soir

     

    Grondé

    un cœur d’enfant éclate en sanglots

    Tel est le cœur que je voudrais avoir

     

    Comme une bête malade

    mon cœur

    dès qu’il entend parler du pays s’apaise

     

    Souffrance de l’errance que je n’aurai su rendre

    dans ce brouillon dont l’écriture

    m’est si pénible à relire !

     

    Quelque part

    traîne comme une odeur de peau de mandarine brûlée

    voici le soir 

     

    Venu dans ce parc un jour de beau temps

    en marchant

    j’ai pris conscience du déclin tout récent de mes forces »

     

    Ishikawa Takuboku

    Une poignée de sable

    Traduit du japonais par Yves-Marie Allioux

    Philippe Picquier, 2016