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  • Anne Portugal, « et comment nous voilà moins épais »

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    DR

     

    « et si c’est sur la table des moitiés

     

    nous nous asseyons sur la pierre qu’est

    l’identique suivant et les met en demeure

    qu’est-ce que c’est qu’il disait le passant

    que telle physique n’est pas si grande il

    rigole aux escarpins souliers pointus d’à

    la limite toucher voulant être poli n’étant

    point laissant là dans le plat tombe à terre

    le vœu d’attachement sincère à son lapin

     

    @plantagenêt

     

    ————————————————————

     

    un protocole

     

    ce n’est pas moi oh non pas du tout

    l’outsider accompagné d’amis

    n’ai pas le portrait campé

    noir et le vert épinard

    il y avait une terrasse à partir

    et les hachures à penser

    où un appareil transmettait

    la conversation et les visages

    d’eux mêmes qui tombent

     

    intermédiaires et services à ses

    membres moi je dors avec vous

     

    @mantegna

     

    Anne Portugal

    et comment nous voilà moins épais

    P.O.L, 2017

  • Julien Blaine, « Débuts de roman »

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    © : sophie chambard

     

    « 7

    En retournant de chez ses parents : lui, le père nonagénaire dégoulinant sur son fauteuil roulant et elle, la mère, dont l’ego était si éblouissant qu’il brûlait toutes celles et ceux qui l’approchaient, il envoya ce texto à ses enfants : “si un jour je me suicide, je n’aurais pas besoin de laisser un mot !”

     

    12

    C’est au moment et au centre d’une curieuse torpeur que Toussaint se murmura : “Moi, je regarde et considère ces jeunes gens comme s’ils avaient mon âge et, eux, me voient comme si j’avais le mien…”

    Au bruit d’une feuille froissée, il se retourna.

    Pourquoi le regardait-elle ainsi ?

     

    22

    Depuis longtemps, très jeune, déjà, il parlait de la vieillesse, de sa vieillesse et le voilà ce matin, septuagénaire, en train de se brosser les dents en se mirant dans la glace de la salle de bain…

    En fait, de cet état, de cet âge, il n’en savait rien.

     

    60

    Ainsi va la vie, on perd de vue des amis très chers irremplaçables au détour d’un jour, ou à la fin d’une interminable nuit on ne sait même plus s’ils sont vivants ou morts et soudain » 

     

    Julien Blaine

    Débuts de roman

    Éditions des Vanneaux, 2017

    editionsdesvanneaux.wordpress.com

  • Hsia Yu, « Salsa »

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    DR

     

    « To be elsewhere

     

    Ils se sont rencontrés dans un village de la côte

    ils ont partagé une nuit merveilleuse puis se sont quittés sans laisser d’adresse

    chacun sa route. Trois ans plus tard

    ils se sont rencontrés à nouveau, sans le vouloir.

    Pendant trois ans

    ils ont été abandonnés

    par la narration du roman

    ils ne savaient plus qui ils étaient

    seule flottait dans l’air cette sensation de s’être un jour connus

    dans un autre récit

    l’un demande : qui es-tu qui parais si froid et si fatigué ?

    l’autre répond : je sais seulement que mon pull est décousu

    et que si tu tires le fil de plus en plus

    c’est tout mon être qui finira par disparaître »

     

    Hsia Yu

    Salsa

    Traduit du chinois (Taïwan) et présenté par Gwennaël Gaffric

    Circé, 2017

    http://editions-circe.fr/