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  • Yang Wan Li, « Dans la chaleur de midi, je monte au Kiosque de la Récolte abondante »

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    Shen Zhou, 1427-1509. Musée du Palais, Pékin

     

    « dans la maison basse, la canicule, impossible de rester

    dans le haut kiosque, d’air frais il n’y a pour ainsi dire pas

    si le petit vent n’est pas entièrement avalé par les cigales,

    un peu de fraicheur arrivera peut-être jusqu’au vieillard »

     

    Yang Wan Li – 1127-1206

    Le son de la pluie

    Poèmes traduits du chinois par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1988

    http://www.moundarren.com/poeteschinois/yangwanli

  • Sabine Bourgois, « La neige à l’envers »

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    DR

     

    « Il y eut des femmes à ces fenêtres guettant des retours. Des femmes postées, des femmes-vigies. Je n’attends personne, ne guette personne, le temps s’est assis sur une chaise. Mon lit est froid.

     

    Le silence dans ma bouche. Dans mes oreilles souvent. Ne plus désirer parler. S’attarder sur la sensation de la bouche close et à l’intérieur, de ma langue gonflée comme une grosse éponge. Immobile. Collée au palais, reposant entre les mâchoires mal jointes.

     

    J’avais pris l’habitude de dire “l’ombre” et de dire “la lumière” sans savoir, au juste, de quoi je parlais.

     

    Ici, maintenant, j’éprouve la lumière et l’obscurité.

     

    J’aime l’aube, l’émergence fidèle du soleil plutôt que sa gloire à midi ou l’affirmation de sa puissance dans les après-midi grasses et mal commodes. À la fin du jour, mon cœur se serre aux dernières lueurs du soir dont je comprends l’adieu.

     

    Mais l’ombre d’un bois, d’un sous-bois, d’une maison, l’ombre comme puissance obscure, comme règne, je ne la connaissais pas. Je ne faisais que l’entr’apercevoir. La deviner. La pressentir.

     

    L’ombre pour l’éternité. Et l’éternité des ombres, leur prévalence. Les présences indiscutables des morts dans l’ombre. Leur appel. Leur souvenir et leur mémoire. Sous les arbres. Dans les livres parfois. Et à l’encoignure des fenêtres.

     

    La maison elle-même recélait des ombres et c’étaient celles d’un lieu, de l’histoire d’un lieu. Celles inscrites dans les murs. La chair des murs, l’écorce des pierres, ses saillies.

     

    Il y avait ce qui se taisait, plutôt que ce qui se disait, entre les arbres et la maison et entre la maison, les hêtres et le vieux tilleul. Une continuité mystérieuse, taciturne.

     

    Je sentais la maison enclavée dans la terre, nichée au creux des racines convergentes des arbres. Dominant l’odeur des mousses et des fougères, de l’humus, des lichens sous la haie de noisetiers qui dévalait jusqu’à l’eau glacée de la rivière. »

     

    Sabine Bourgois

    La neige à l’envers

    Un Comptoir d’édition

    http://poezibao.typepad.com/poezibao/2018/07/note-de-lecture-sabine-bourgois-la-neige-%C3%A0-lenvers-par-christiane-veschambre.html