Han Yü, « Ivre retenant Meng Jiao* »
« Dès le moment où voici des années
j’ai découvert Li Po avec Tu Fu
J’ai toujours regretté que ces deux-là
n’aient pas pu vivre ensemble plus longtemps
Nous sommes nés tous deux dans le même âge
Et nous suivons la voix qu’ils ont suivie.
Toi tu n’as pas de poste tu t’en vantes
fierté bizarre de tes cheveux blancs
Moi je suis plus malin pourtant j’ai honte
Vigne verte appuyée sur un grand pin.
Baissant la tête je te rends hommage
Puissions-nous être la main et le gant
Mais tu ne tournes même pas la tête
Autant vouloir faire tinter la cloche
en la frappant avec un brin de paille.
Je voudrais que mon corps soit un nuage
et que toi tu te changes en dragon
Moi je te poursuivrais au bout du ciel
Et si nous nous quittons pour le moment
c’est là que nous pourrons nous retrouver.**»
* Meng Jiao est un poète, ami de Han Yü. Nous en donnerons une page très prochainement.
** Cette fin est une référence au poème de Li Po, Buvant seul sous la lune, dont on pourra lire, en suivant ce lien, deux traductions.
http://www.unnecessairemalentendu.com/archive/2016/02/13/li-po-buvant-seul-sous-la-lune-5759520.html
Han Yü — 768-824
in Ombres de Chine
« Douze poètes de la dynastie Tang (680-870) et un épilogue »
Choix, traduction et commentaires : André Markowicz
Inculte / Dernière marge, 2015
Commentaires
Merci de soigner mon ignorance. J'ai beaucoup aimé.