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albin michel

  • Lu Yu, « Sous la lune buvant légèrement »

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    Haruki Nanmei, Portait de Lu Yu, XIXe

     

    « hier tout autour de l’auvent, la pluie

    face à la lampe solitaire je me grattais la tête

    cette nuit, le clair de lune plein la cour,

    je chante longuement adossé au saule dépouillé

    les changements du monde sont immenses, infinis

    de la réussite à l’échec un revers de la main

    dans la vie d’un humain la chose la plus heureuse est,

    allongé, d’entendre qu’on presse le vin nouveau

    depuis mon retour de Cheng-tu,

    je me lamente de voir parents et amis dépérir

    nombre d’entre eux sont déjà inscrits sur le registre des morts

    mais qui pourrait vivre éternellement ?

    les jeunes pour la plupart je ne les connais pas

    nul ne consent à avoir des égards envers le vieillard décrépit

    une coupe, personne avec qui la partager

    je vais frapper à sa porte pour appeler mon vieux voisin »

     

    Lu Yu – 1125-1210

    In L’Art de l’ivresse

    Poèmes chinois traduits et présentés par Hervé Collet et Cheng Wing Fun

    Coll. Spiritualités vivantes, Albin Michel, 2014

  • Tao Yuan-ming, « Étudiant le Classique des montagnes et des mers »

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    Tani Bunchō, Tao Yuanming assis sous un saule. Japon, 1812

     

    « c’est le début de l’été, herbes et arbres sont luxuriants

    les arbres feuillus entourant la maison déploient leur ombrage

    les oiseaux se réjouissent d’y trouver refuge

    j’aime moi aussi ma chaumière

    comme j’ai déjà labouré et même semé,

    j’ai du temps pour lire mes livres

    mon allée à l’écart est loin des grandes avenues,

    même les carrosses des vieux amis font demi-tour

    joyeux je bois le vin printanier,

    et cueille des légumes dans le potager

    une pluie légère vient de l’est,

    un bon vent arrive en même temps

    je feuillette les aventures du roi de Chou,

    promène mon regard sur les images des montagnes et des mers

    le temps de baisser la tête et de la relever, j’ai parcouru l’univers

    pour se réjouir que faut-il de plus ?

     

    Tao Yuan-ming – 365-427

    In L’Art de l’ivresse

    Poèmes chinois traduits et présentés par Hervé Collet et Cheng Wing Fun

    Coll. Spiritualités vivantes, Albin Michel, 2014

  • Lieou Ling, « Éloge de la vertu du vin »

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    Coupe libatoire en corne de rhinocéros, Chine, dynastie Qing

     

    « Pour le maître parfait

    Ciel et Terre ne durent qu’un matin,

    Les dix mille temps, un seul instant.

    Soleil et Lune sont ses fenêtres,

    Les huit déserts forment sa cour.

    Ses pas ne laissent nulle trace,

    Nulle part il ne demeure.

    Plafond de ciel, tapis de terre,

    Il suit son bon plaisir.

    Son repos : saisir la coupe.

    Son mouvement : vider la cruche.

    Le vin est son seul travail ;

    Il ne sait rien d’autre. »

     

    Lieou Ling – 221-300

    In La Montagne vide – Anthologie de la poésie chinoise IIIe – XIe siècle

    Traduite et présentée par Patrick Carré & Zéno Bianu

    Coll. Spiritualités vivantes, Albin Michel, 1987