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  • Julien Blaine, bon anniversaire !

    julien blaine


    « D’une voix tonitruante et lourde (dont j’ai le secret) le futur spectateur-auditeur entendrait un texte puéril et juste :


    La création est le fruit de l’inculte :

    Comment celui-ci qui écrit

    pourrait-il lire et lire ?

    Comment celui-ci qui peint

    pourrait-il regarder et regarder ?

    Comment celui-ci qui compose

    pourrait-il écouter et écouter ?

    Comment celui-ci qui bâtit

    pourrait-il visiter et visiter ?

    Comment celui-ci qui fait

    pourrait-il analyser et étudier ?

    Comment celui-ci qui crée

    pourrait-il considérer et considérer ?

    La création est le fruit de l’inculte.

     

    Puis après un silence que je vous laisse imaginer (le public : bourdonnement, bruissement, brondissement, craquètement, gargouillement, gazouillement, gémissement, grognement, grondement, hurlement, vagissement, vociférations, ronron.)

    des enregistrements de tous les bruits (voir supra –plus flic ! flac ! floc !) des enregistrements vrais pris en pleine nature :

     

    de la mer :

    vagues,

    lames,

    tempête…

    de la terre :

    ruisseau

    torrent,

    fleuve,

    cascade,

    chute

    du ciel :

    pluie,

    averse,

    orage…

    pour renoncer à la barbarie

    renouer les débris des chants premiers :

    renoncer

    renouer

    renoner

    renoucer.

     

    Alors, alors seulement, j’imiterai le chant de la mer en trois mouvements, le chant de la terre en cinq mouvements et le chant du ciel en trois mouvements. »

     

     

    091119110612-du-sorcier-v-au-magicien-m.jpgJulien Blaine

    Du sorcier de V. au magicien de M.

    Galerie Roger Pailhas, 1997


    photo de Julien Blaine
    © Claude Chambard

     

  • Pascal Quignard, « Les désarçonnés »

    DSCN1492 - Version 2.jpg« Il n’y a jamais de présent présent : erre partout un intervalle mort. Une place vide qui est la faim puis qui est “comme la faim” et qui erre d’être en être. Un laps qui est comme l’Avent. Toujours une attente traîne entre le perdu et l’imminent. L’emplacement vide que creuse la faim au fond du corps devient la paroi où se projette le rêve. Puis cette grotte, qui est une vieille mâchoire, donne asile au monde du langage. Alors c’est toujours une image vivante absente qui hante derrière la perception.

     

    Visions qui est un passé, tel est toujours le rêve.

     

    Passé sans présence qui est comme l’Être avant l’Être. »

     

     

    Pascal Quignard

    Les Désarçonnés (Dernier royaume VII)

    Grasset, 2012


    photographie © Claude Chambard