dimanche, 25 septembre 2016
Bernard Chambaz, « Entre-Temps »
« Tout est dit Je recopie me contente de recopier (un ciel)
Et tout est à redire
Le premier d’entre nous aurait-il écrit
Des mots d’amour
Devrions-nous bouder je t’aime mon lou bijou
Lumière usée mais neuve malgré la finitude l’
Indivisible nuage boudoir
Et je voudrais ce midi d’après Pâques nous embrasser encore
Sous ce baquet inestimable d’étoiles pourpres
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Nous partions du jardin y revenions
La neige avait fondu
Entre les signes à tout jamais penchés du mot citronnier
Le chemin presque couché car l’endroit ventait drôlement
Oui j’aimerais tant saisir pourquoi
Poésie donne
Toujours sur une forme de futur antérieur
Le refus d’une débâcle
Indéfinie »
Bernard Chambaz
« Le monde indéfini du futur antérieur »
in Entre-Temps
Coll. Poésie, Flammarion, 1997
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vendredi, 09 septembre 2016
Pascal Quignard, « Vie secrète »
photogramme de
À mi-mots, Pascal Quignard, film de Jacques Malaterre
M à Sens
Parfois il me semble que je m’approche d’elle. Je n’entends pas par là que je l’étreins. Je l’approche, c’est tout. Je deviens proche. Je m’assieds près d’elle sur le divan devant la porte-fenêtre qui donne sur le jardin de la maison de l’Yonne. Je lui prends la main, sa main si musclée, aux doigts si doux et ronds parce que les ongles et les envies en sont entièrement rongés. Mais ce n’est pas cette scène que je veux décrire exactement en utilisant le verbe s’approcher. “Je m’approche d’elle” veut dire : nous sommes l’un à côté de l’autre. Nous voyons la même chose. Nous sentons la même chose. Nous éprouvons la même chose. Nous pensons la même chose. Mon visage se confond à son visage. Nous nous taisons tous les deux mais ce n’est nullement le silence que nous partageons : c’est la même chose. »
Pascal Quignard
Vie secrète
Gallimard, 1997
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samedi, 03 septembre 2016
John Taylor / Caroline François-Rubino, « Hublots »
« ouvrir le hublot
ta main dans le vent
aussi sûre que n’importe quel œil
pour ce qui doit être vu
°
nulles pensées
de la fin
sauf celle-ci
°
ayant laissé
tout
derrière
la source bleue
°
contre le sommeil
tu scrutes au-dehors
du cercle céruléen
entouré
de bleu nuit
°
ces hublots
cette montagne
sur laquelle tu te souviens d’eux
ce gris qui bruine
sur les versants
sur la mer »
John Taylor
Hublots / Portholes
Peintures de Caroline François-Rubino
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Françoise Daviet
Bilingue
L’œil ébloui, 2016
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