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  • Hans Magnus Enzensberger, « Pour Max Sebald »

    hans magnus enzensberger,

     

    « Lui qui nous était proche,

    semblait venu de loin

    dans l’amère patrie.

    Ici, bien peu de choses le retenaient.

    Rien que la recherche de traces,

    au moyen d’une baguette de sourcier faite de mots,

    qui tressaillait dans sa main.

    À travers les terres brûlées et les sites funéraires

    il l’a traquée, cette patrie,

    jusque dans sa folie furieuse

    sur la lande du Suffolk.

    Is this the promis’d land ?!

     

    L’obscurité fort tôt était tombée,

    pourtant il persévérait,

    impavide au milieu de

    tous les cauchemars, allant

    par un chemin difficile.

    Que la poussière lui devint légère,

    seuls trois vers nous le disent :

    Ainsi je glissais sans un bruit,

    bougeant à peine une aile,

    très haut au-dessus de la terre… »

     

    Les mots en italique sont de W.G. Sebald, extraits de « La sombre nuit fait voile », in D’après  nature. Poème élémentaire, traduit de l’allemand par Sybille Muller et Patrick Charbonneau, Actes Sud, 2007

     

    Hans Magnus Enzensberger

    L’Histoire des nuages – 99 méditations

    Traduit de l’allemand par Frédéric Joly, avec le concours de Patrick Charbonneau

    Préface de Jean-Jacques Schuhl

    Vagabonde, 2017

  • William Butler Yeats, « Under bare Ben Bulben’s head… »

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    « Under bare Ben Bulben’s head

    In Drumcliff churchyard Yeats is laid.

    An ancestor was rector there

    Long years ago, a church stands near,

    By the road an ancient cross.

    No marble, no conventional phrase ;

    On limestone quarried near the spot

    By his command these words are cut :

     

    Cast a cold eye

    On life, on death.

    Horseman, pass by ! 

    September 4, 1938

     

    Au pied de Ben Bulben à la tête nue,

    Dans le cimetière de Drumcliff,

    Yeats est couché. Un ancêtre y fut recteur,

    Il y a bien des années. L’église est proche.

    Sur la route, une ancienne croix.

    Nul marbre, nuls mots convenus ;

    On a taillé tout près d’ici un bloc de calcaire

    Et selon son ordre, on a gravé dessus ces mots :

     

    Regarde sans t’attendrir

    La vie, la mort.

    Cavalier, poursuit ta route ! »

     

    William Butler Yeats

    Sixième et dernier mouvement de « Au pied de Ben Bulden »

    Derniers poèmes

    Traduit de l’anglais et présenté par Jean-Yves Masson

    Verdier, 1994

     

    William Butler Yeats est né le 13 juin 1865.

  • William Butler Yeats, « Ma maison »

    Tour.jpg

    Thoor Ballylee, Gort, Comté de Galway, République d’Irlande

     

    « Un pont très vieux, une tour plus vieille encore,

    Une ferme à l’abri de ses murs,

    Un arpent de cailloux,

    Où peut fleurir la rose symbolique,

    De vieux ormes défaits, partout de vieilles ronces,

    Le bruit de la pluie ou le bruit

    Des quatre vents qui soufflent ;

    La poule d’eau sur ses échasses

    Qu’en pataugeant chasse

    Une douzaine de vaches

    Et qui retraverse l’eau.

    Un escalier en spirale, une voûte de pierre,

    Un âtre ouvert au manteau de pierre grise

    Une chandelle, des mots sur une page.

    C’est en des lieux semblables

    Que peina le platonicien d’Il Penseroso

    Dans un pressentiment

    Du délire sacré

    Où l’Esprit imagina le monde.

    Les voyageurs de nuit

    Retour de foire ou de marché

    Ont vu luire souvent sa chandelle à minuit.

     

    Deux hommes ont fait souche ici.

    Un homme d’armes et sa troupe de cavaliers

    Passa ses jours en ces lieux troublés,

    Connut de longues guerres, des alarmes nocturnes,

    Et finit avec le reste de ses hommes

    Comme à l’écart du monde, oublieux, oublié ;

    Et moi qui laisserai

    Aux héritiers de mon sang

    Les symboles parfaits de l’adversité

    Où s’exaltent les âmes solitaires. »

     

    William Butler Yeats

    Second mouvement de l’ensemble « Méditations du temps de la guerre civile » (1922)

    In Cinquante et un poèmes

    Traduction nouvelle et notes par Jean Briat

    William Blake & Co. Édit.