POUR JACQUELINE CAHEN
Nous sommes des livres brefs.
Quelques pages.
De minuscules dos dans la très grande bibliothèque.
Mais la voix, la langue, prennent toute la place et flottent éternellement.
Tout poème est un silence qui n’a pas voulu devenir bavard.
Chaque langue est un sacrifice au silence.
Celui qui écrit se tait, ne se tait pas, jamais.
Dans le livre, la voix est silencieuse.
C’est de la langue qui se fige.
Tous ceux qui écrivent, en regard de la voix, ont la gorge tranchée.
Les enfants lisent à haute voix. Leur index suit les mots un à un.
Parfois ils les brusquent, ils buttent, sautent, enjambent… donnent de la voix, de la gorge, de la poitrine, du ventre, sortent les mots du livre, bâtissent des arches, des ponts, des palais pour la voix, écorchent les mots, remplissent le monde de mots – C’est la langue qui entre ! C’est la langue qui sort !
Personne ne peut voir, d’un coup, les six côtés d’un livre, ni toutes les faces d’une urne funéraire. Tous les deux contiennent de la cendre.
Les cendres de nos livres pèsent-elles plus ou moins que nos cendres ?
Disparu dans l’opacité du langage, nous restons clair comme le bruit de la langue.
La langue d’un ami est le plus doux des tombeaux, on ne s’y ennuie jamais.
Nous n’y avons plus à nous soucier de rien.
Nous n’y avons plus rien à faire qu’à nous laisser bercer, comme dans un nid moelleux, chaud et un peu humide.
Nous n’y souffrons plus, jamais.
Nous y avons la liberté d’un nuage.
Parfois le vent est lent et l’immédiat labile.
(avec des mots, en italique, de Pascal Quignard, Julien Blaine
& Jacqueline Cahen)

Chloé Delaume
Hammurabi fut le sixième roi de Babylone. Il régna de 1792 à 1750 avant Jésus-Christ. Il promulga le Code, qui porte son nom, rédigé en akkadien, gravé sur des stèles, érigées sur les places publiques. L’une d’entre elles, découverte en 1901 à Suse, en Iran, se trouve au Musée du Louvre.
Philippe Vercaemer (textes) et Chantal Detcherry (photographies)
Philippe Vercaemer a enseigné la littérature française dans les Universités de Brazzaville (R. du Congo), Pointe-à-Pitre (Antilles), Wuhan (R. P. de Chine) et Bordeaux. Il a publié, outre Le Népal/une racine entre deux pierres, un récit,
L'humanité du 30 octobre 2008
Dominique Autié est mort à 59 ans le 27 mai dernier.
« Les âmes des vivants et les âmes des morts sont de douces marionnettes. La chose la plus extraordinaire est que tu as compris que les marionnettes se font bouger les unes les autres. Chaque marionnette fait fonctionner d’autres marionnettes et ainsi de suite. Il n’y a pas de marionnettes sans importance pour les autres marionnettes. Tu as compris que tu es aussi une marionnette et tu cherches non pas à t’affranchir de l’état de marionnette, chose impossible, mais à ne pas utiliser cet état de fait et à le laisser s’atrophier par manque d’exercice. Chaque fois que la marionnette qui est en toi veut s’exprimer, tu t’abstiens de prendre position, tu t’éclipses, tu te retires, tu n’interviens pas et la marionnette se meurt dans sa soif inassouvie. »
Voici un livre surprenant et qui annonce la naissance d’un écrivain.
Pour Thomas Braichet il faut aller sur la page de Tapin qui lui rend hommage – il participait depuis plusieurs années à la revue Boxon avec Julien d’Abrigeon, Cyrille Bret, Gilles Cabut… –