Une lecture de “Cet être devant soi” par Isabelle Baladine Howald sur Poezibao
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D’abord faire glisser avec d’infinies précautions le bandeau titre qui scelle le livre vert d’eau afin de pouvoir faire bruisser les pages. Beaucoup de blancheur et au cœur une image en quadrichromie d’un otage — suppose t’on — à peine libéré, bandeau sur l’œil et couverture de survie dorée sur les épaules, micro à la main (une image du poète enfin libre ?).
Poésie simplifiée, ou comment, en éliminant toujours, laisser peu de place au sens et dans ce vide, voir ce que de petites propositions peuvent activer d’un reste de langue. Langue de peu, langue de l’absence de l’auteur. Poésie simplifiée, Hugo Pernet le revendique, doit beaucoup au travail inlassable de Claude Royet-Journoud et inlassablement donc à partir de minuscules propositions — ce qui reste quand on a pelé le texte — il exprime la couleur — voire son absence — plutôt que la pulpe ou le jus.
En Garamond et en Helvetica Neue, chaque partie tente l’impossible pari du « pas d’histoire », et pourtant « écrire est devenu une tâche/ménagère ».
On range le bandeau entre les pages du livre, la couverture est muette, Hugo Pernet a disparu dans le livre où on voudra bien le glisser et, régulièrement, le changer de place. C’est sa liberté chèrement gagnée.
Claude Chambard
Hugo Pernet
Poésie simplifiée
ENd Éditions
104 p. ; 12 €
Cet article a paru initialement dans ccp n° 21
Martin Richet sait toujours repérer l’inattendu et il excelle à le traduire. Ce mince livre commence en ré et se termine en « mesure pointillée » en la et ré fusionnant les [nos] voix. Carlos Gesualdo, musicien et assassin, ou l’inverse, mais fidèle, « une aptitude aux motifs, au couplage » — Gesualdo « un nom ne doit pas annoncer une intention ».
L’écriture de Lyn Hejinian est d’une rare complexité et d’une rare flamboyance. Elle entraine le lecteur sur des chemins qu’il n’envisageait même pas, c’est dire si elle est nécessaire. « Je suis singulier et dépendant, d’un message plus urgent de l’artifice à une expression vivante. » Un effet de musique, un effet de sauvagerie, un effet de désir, un effet de vacillement — page 5 coda —, une aventure d’amour qui suggère la fin, sans réplique.
Mêlant, entremêlant — fine et savante tapisserie, rugueuse et soyeuse à la fois — l’autobiographie du compositeur italien et sa musique, avec une précision et une exactitude rares, Lyn Hejinian donne ici un des textes les plus troublants qui soit, véritable « Contorsion en douceur, le rythme est immobile, un langage ultérieur guidé par la consolation ou le soulagement. »
Claude Chambard
Lyn Hejinian
Gesualdo
Traduit de l’américain par Martin Richet
Éric Pesty Éditeur
16 p. ; 9 €
http://www.ericpestyediteur.com/
Cet article a paru une première fois dans CCP n°20, cipM, octobre 2010
[…] J’ai huit ans. Un polo blanc et par-dessus, un pull bleu marine sans manche et col en V. Ferdinand a fait apporter le piano droit dans notre maison. Il a suivi le camion dans sa voiture. Il observe l’installation dans notre bureau, au rez-de-chaussée avec une fenêtre qui donne sur le jardin. Un monsieur viendra pour l’accorder, pour que je puisse jouer. Ferdinand a dit le piano sera bien ici. Maman a trouvé un tabouret à ma taille et une méthode pour débutant. Je ne connais pas les notes, je joue des mélodies simples à l’oreille, j’essaie de reproduire les gestes de maman.
C’est dimanche. Jeanne et Ferdinand sont venus déjeuner. Papa et maman ont aménagé le grenier en salle de jeux. Il y a aussi nos bureaux, un cadeau de Jeanne et Ferdinand. En pin vernis. Un plateau sur des tréteaux. Et une lampe d’architecte noire offerte par papa. Après le repas, nous allons jouer. Ferdinand monte l’escalier. Il s’assoit à mon bureau. Mon cartable est ouvert. Je lui tends mon cahier de poésie. J’ai illustré Le Dormeur du Val. Il regarde. Il attend. Je récite, raide comme un I.
Ferdinand me montre ce qu’il a trouvé, des pointes de flèches, des silex taillés, des gros des petits. Il me raconte. Quand il a fini, il attrape un sac de toile et y range une partie de son trésor. Il y a un dessin sur le sac, un chasseur armé d’une lance. Il me dit c’est pour toi. J’ai accroché le sac derrière mon bureau. J’ai étalé les silex devant moi. La pierre est douce. Du caramel au beurre salé.
J’ai neuf ans. C’est l’été. La maison est fraîche. Je suis assise dans l’escalier en bois qui mène à la chambre de Ferdinand. Au-dessus de moi, les casquettes de Ferdinand sont accrochées. Elles sont toutes pareilles, des caquettes de marin, plates avec une visière, bleues presque noires. L’intérieur est satiné et matelassé. Je voudrais en attraper une et la mettre sur ma tête. Depuis la quatrième marche, je peux tendre le bras et choisir. Mais je reste assise à les regarder. Ferdinand s’est endormi dans le salon, devant la télé. Sur son fauteuil, il se tient bien droit.
En face de la chambre de Jeanne et Ferdinand, il y a une porte. Elle mène dans le grenier sous les combles. Je n’y suis jamais allée. Ferdinand est devant la porte. Je suis derrière Ferdinand. Il me dit viens. Il y a deux pièces. L’une est tapissée d’étagères remplies de bocaux, de provisions, de boîtes en cartons, de vêtements rangés dans des plastiques transparents. L’autre pièce est fermée par une porte. Ferdinand l’ouvre. Les murs sont recouverts de bâches noires opaques et luisantes comme des sacs poubelle. La lumière est rouge. Il y a des cordes tendues entre les parois, des gros bidons remplis de liquide, des bacs, un appareil que je n’ai jamais vu. Ferdinand me montre. J’imite ses gestes. Des images apparaissent sous nos doigts.[…]
Lucie Braud
Ferdinand
Coll. Alter & Ego
Éditions de l’atelier In8
32 p. 4 €
isbn : 978.2.36224.017.1
photographie : Claude Chambard
Synopsis de Kildare :
Sheila est une animatrice de talk show dont le brio ne saurait compenser son minable sens du timing. Adulée malgré tout, pleine de karma, d’ambitions et de fric, elle part en quête de vies antérieures au cours de chirurgies bénignes (simple routine), sous l’effet d’anesthésies (locales).
À partir du scénario arcadien d’une opération, la conscience de Sheila bascule à travers une série de vies antérieures (surtout les siennes) sous l’apparence (dans un ordre non chronologique) d’une petite voleuse, de Bénédicte (capturée par les pirates), d’Évelyne “Bouche-à-pipes”, de la fée Clochette (des chaumières), de Miss Kermesse, d’une contorsionniste, puis d’Elle-même — mais téléportée sur Mars, et autres archétypes de championnes.
Après une brève interview, un examen de conscience, quelques réminiscences, et un voyage dans le Temps (retour involontaire sur le film de sa vie), Sheila tombe enfin sur le vrai New Age (futur et post-nucléaire) où, réincarnée en Carmen, elle joue le rôle principal (celui du Bien) dans une lutte conte Kildare le docteur fou, en pleine conquête de l’univers (du moins ce qu’il en reste). En raison de transmutations, de l’ambiguïté d’un esclave, et d’autres contre-temps, le duel finit en match nul (avantage Sheila malgré tout). Kildare est dissous (l’est-il vraiment ?).
Enfin bref, de toutes façons, en une triomphale union de chômage et de béatitude, dans l’esprit d’être pour et contre à la fois, Sheila fusionne avec la demie-vie (putride, puante) de Kildare toujours en décomposition, donnant naissance (avant qu’il soit trop tard) à un prodigieux chœur d’infirmières interchangeables en quelque sorte (90.60.90) qui, accompagnées de leur toujours fidèle serviteur-géniteur Klink, s’envolent vers l’éternité pastorale du gaz hilarant.
(trompettes)
Stacy Doris
Kildare
(esquisse bariolée d’un tas de trucs incroyables)
traduit et adapté de l’américain par l’auteur & Juliette Valéry
Format américain, 1995
Stacy Doris en français :
Paramour, traduit par Anne Portugal & Caroline Dubois, P.O.L, 2009
Parlement, P.O.L, 2005
Le temps est à chacun, traduit par Martin Richet, Contrat Main, 2002
Une année à New York avec Chester, P.O.L, 2000
Paramour, traduit collectivement à la Fondation Royaumont, Créaphis, 1999
La Vie de Chester Steven Wiener écrite par sa femme, P.O.L, 1998
Kildare, traduit par l’auteur & Juliette Valéry, Format américain, 1995
Une vidéo de Stacy lisant La Vie de Chester Steven Wiener écrite par sa femme http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=BIo5tMBFaHs
Bernard Vargaftig
Le lieu exact — ou la peinture de colette deblé
Vivantes
Les orties ô même l’orage
Et l’absence
Et les galets vont si vite
Même l’enfance
Tout-à-coup et la cour
Plus terrible où le mur craque
Et le gouffre
Et les arbres
Qui dévalent jusqu’au vent
Comme jamais
Regardaient le langage
………………………………………
Tant de fois
Les roches le lieu exact
La prairie et
Quand il manque une page
Tomber tomber
Était comme un murmure
Et le vent se précipite
Et l’espace
Loin derrière
Effaçant pente et parfum
Immensité
Que l’horizon saisit
………………………………………
Ah plus d’oubli
Et l’instant qui commence
Un récif
Que tout aurait fait bouger
Vent et lumière
La plage dénouée
Un murmure et si lointaine
L’étendue
Où sans cesse
Avalanche dans le sens
Le rosier comme
Mortellement échappe
[…]
les trois premières pages de
Le lieu exact
ou la peinture de colette deblé
imprimé au plomb
en Garamond corps 10
en mars 1986 par mes soins
à 15 exemplaires sur
Gravure du Moulin de Larroque
enrichis d’une peinture de Colette Deblé
& à 300 exemplaires sur vélin blanc
à Passage, Bordeaux
isbn : 2.905391.11.5
« Les entrailles de l’âme qui ouvrent les plaines sans lier les convois qui l’enlacent entendent le pas du vent Le cheveu s’adoucit sous la main qui mit en sa joie le vent sous la nuit dessinée je frappe à pieds féconds qui montent sur la page atténuant l’écho qui monte en escalier dans le texte qui se procure un passage dans ce mot qui ne serait pas négocié et les abîmes que tu me dis côtoyer je les élis sur ma marche édifiante Une déchirure un divorce a lieu sur les grands fonds de l’âme élevés en toiles écrues tendues déçues crevant à l’apparition de la mariée qui pratique le cours de la mort dont elle élève les yeux à la cime d’un vain effort Savance progressive d’immanence m’anime que contourne merveilleuse soie ma peau Gros œil océanesque célèbre dans la soie les yeux de l’enfant célèbre en ses joutes Écriture a une vocation rallie le convoi qu’ouvre le poème ère de mie qui embue les yeux la prend en enfilade Poésie a une vocation en porte-à-faux de l’écriture Mie feu ! que n’éteint la cendre portée à la bouche est principe actif de mort Partout où mort voudra s’accomplir où mort voudra mourir se mettre à mourir elle ira chercher mie quel qu’en soit l’endroit pour y mourir Tu rattrapes dans le vertige le vertige, la nappe qui voyage circonvolutionne dans le vertige O la face qui se surprend à coucher à son ombre un retour se démantèle dans l’ombre dont elle halète y repose le pas tombe ses chairs au profit de la robe Un visage se cherche sur les épaules pour le désœuvrer se cherche vers le mystère Tu dévoiles les vaisseaux en haute mer pour incliner ton corps prosodique sur le front des vagues que désigne la courbe portative appelante d’un homme qui t’appelle Cette aventure se détache des syllabes qui la prononcent Cette foi de sang battue geint sous la syllabe qui la martèle L’éteignoir qu’élime la biche qui jamais ne se surprend dans sa lutte qui change de chemise dans l’autre bouche dont elle murmure d’être revêtue la chemise s’abandonne au titan Le lointain s’édifie sur l’infime croissant lunaire Le timbre oblitéré n’ajoute rien à cette gloire courbant l’échine sous la grandeur Je frappe sur un chambranle lieu s’escorte Le pan de texte ne m’ouvrit ses portes Il y faudrait de l’âme à battre le fer Façade inoubliable sur la place qui roule de ses veilles aux pieds d’un homme qui s’effeuille l’espace abdique ses pouvoirs mensongers sous le sceau de l’échec qui roule de ses veilles aux pieds d’un homme apriorique que leur inculque le pan de texte qui ne mettra jamais le visage à la fenêtre. »
1964
Charles Racine
Le Sujet est la clairière de son corps
avec quatre eaux-fortes de Chillida
Maeght éditeur, 1975
Repris in Ciel étonné
Fourbis 1998
Hui: une adhésion au jour mais timide, vaguement réticente. C‘est ainsi qu‘un ami dit oui, le libraire des Saisons à La Rochelle, un oui que j‘entends comme une trace, comme si l‘Argonne revenait avec lui et avec sa forêt, la grande forêt d‘enfance dont il fera, lui qui ne la connaît que par ouï-dire, sa guerre, qui écrira ses Pastorales de guerre.
Lire et cueillir c‘est tout un, et c‘est ce que fait Claude Chambard dans son carnet des morts, il cueille les traces, les recueille, il met ses pas dans des vestiges, ses mots. Ce sont les mots de l‘enfant : de celui qui ne parle pas et que le poète, des années après, essaie de rejoindre dans sa forêt.
« J‘ai couru vers l‘enfant. Dans la forêt. Dans la forêt en travail.
Dans la scène oubliée où j‘ai appris à écrire.
Quittant mon père pour écrire.
Écartant ma mère pour écrire.
J‘ai couru vers l‘enfant qui courait vers l‘école. »
Le temps retrouvé a parfois un goût délicieux, ou c‘est la boîte de Coco, cette « petite boîte métallique, ronde, qui contient une poudre marron clair ou jaune foncé (je ne parviens pas à me décider) ou un coquillage orange ou fraise que je lèche avec application » qui réveille les années d‘or : de souffrance. Ces figures qu‘on disait absentes du paysage. Ce Grandpère qu‘on croyait à jamais enfoui avec ses phrases.
« Je puis me souvenir, sans nostalgie, du temps où nous étions autre chose. »
C‘est ce qu‘écrit Claude Chambard.
C‘est aussi ce que se dit le lecteur ce carnet refermé. Quand il songe à ces routes qu‘il ouvre, à toutes ces routes qui ouvrent à la grande forêt.
Denis Montebello, 2 septembre 2011
Claude Chambard
carnet des morts
15x19,5 ; 112 p. ; ill. ; 14 €
Dessin de couverture : François Matton
isbn : 978.2.915232.72.1
le bleu du ciel
BP 38 — 33230 Coutras
05 57 48 09 04
bleuduciel@wanadoo.fr
& aussi sur le même livre les chroniques de
Anne Françoise Kavauvea :
http://annefrancoisekavauvea.blogspot.com/2011/06/carnet-des-morts-claude-chambard.html
& d'Éric Bonnargent :
http://anagnoste.blogspot.com/2011/07/claude-chambard-carnet-des-morts.html
Une nouvelle maison d’édition, créée par Armand Dupuy, poète, et Stéphane Dussel, peintre, et voici qu’intrigué on va humer les deux brefs livres qui viennent de paraître.
Dans L’espèce, joli livre à l’italienne, Mathieu Brosseau pose deux questions essentielles (la première sans point d’interrogation cependant…), qui sont aussi les titres de chapitres : « Et s’il ne fallait plus dire/Que les signes du silence » et « Et s’il fallait dire l’absence/quels seraient les signes du silence ? » Tout le projet tient entre ses deux propositions et la réponse, si réponse il y a, nous parvient sous forme d’énoncés, d’entrelacements, d’assonances… dans « le brouhaha des siècles glissés ». Et comme le souligne Fabrice Thumerel dans sa préface : « Ouvrir l’espèce, c’est faire place à l’animal : c’est alors que les signes se font singes. » C’est dit et c’est dire, on va le voir, si les deux premiers livres de Mots Tessons se « parlent ».
Cellules souches se tient bien droit, permettant aux encres, lavis, de se frotter aux textes sur des valeurs de noir et blanc qui se répondent avec pertinence. Car le livre est « fabriqué » à quatre mains et l’on ne sait jamais très bien à qui l’on doit quoi. Bâti à partir d’une lettre de Dussel à Rahmy, dont on retiendra comme éléments déclencheurs ces deux phrases, la première et la dernière : « Il faut d’abord question d’un singe, d’un singe que j’avais sur l’épaule et qui te grignotait les cellules . », « Je ne te connais pas. Tu ne me connais pas. Nous nous connaissons. Le singe est un point de départ. »
Claude Chambard
Mathieu Brosseau
L’espèce
60 p. ; 13 €
Philippe Rahmy & Stéphane Dussel
Cellules souches
30 p. ; 15 €
Cette chronique a paru une première fois dans CCP n° 20, septembre 2010.
Mathieu Brosseau vient de publier Uns au Castor Astral , nous y reviendrons prochainement.
Dans la très élégante collection à 6€10, Allia publie un premier livre, qui doit certes à Thomas Bernhard, mais surtout au fait même d’écrire, à l’angoisse, au découragement, à la folie… Tout de digressions souvent drôles, emmené par une pensée en effervescence, obsessionnelle et démentielle souvent, Le Découragement mérite que l’on s’y attarde, et on pourra en profiter pour relire Marcher, que l’on ne trouve bizarrement que dans « Récits, 1971-1982 » dans la collection Quarto aux éditions Gallimard.
« Dans Marcher de Thomas Bernhard, un homme parle à un autre de la folie d’un autre. Et. Il serait bon de s’en inspirer si d’aventure on marchait nous aussi avec quelqu’un. On parlerait à un autre du découragement d’un autre, comme Oelher parle de la folie de Karrer à un autre.
On aurait peut-être dû faire ça, pense-t-on à présent sur le boulevard, l’écrivant plus tard. Oh ! On aurait dû ! On remue le couteau dans la plaie du lundi ; tout est bon lundi, tout nous sert lundi à prouver que notre récit sur le découragement ça ne va pas. On aurait dû pousser notre imitation bien plus loin, se dit-on, l’écrira-t-on, et dès mercredi dernier, écrire une conversation où converser de manière conversante avec un autre sur le découragement d’un autre. On s’est trompé de chemin depuis le début. Nous tenons la preuve de ne pas avoir mis notre récit suffisamment sous protection, sinon le jugerions-nous ? Se dit-on Thomas Bernhard, ça ne va pas ? On serait bon pour Steinhof si l’on pensait le contraire de sa pensée, hurlant sur le boulevard que Thomas Bernhard, c’est de la marchandise de rebut autrichien. Et. Qu’à bien y regarder, Marcher, c’est raté. »
Joanne Anton
Le Découragement
Allia, 2011
animé par Blandine Longre & Paul Stubbs
voici le premier numéro de
The Black Herald
Issue #1 January 2011 – Janvier 2011
160×220 – 148 pages - 13.90 €
ISBN 978-2-919582-02-0
Poetry, short fiction, essays, translations.
Poésie, fiction courte, essais, traductions.
Texts by / Textes de : Laurence Werner David • John Taylor • Valeria Melchioretto • Tabish Khair • Émile Verhaeren • Will Stone • Philippe Rahmy • Rosemary Lloyd • Osip Mandelstam • Alistair Noon • Onno Kosters • Willem Groenewegen • Sandeep Parmar • Georges Rodenbach • Andrew O’Donnell • Khun San • Sylvie Gracia • Georg Trakl • Anne-Sylvie Salzman • James Byrne • Claro • Brian Evenson • Siddhartha Bose • Romain Verger • Yahia Lababidi • Sébastien Doubinsky • José Mena Abrantes • Cécile Lombard • Darran Anderson • Anne-Françoise Kavauvea • Emil Cioran • Nicolas Cavaillès • Mark Wilson • Zachary Bos • Paul Stubbs • Blandine Longre. Images: Emily Richardson • Romain Verger • Will Stone. Design: Sandrine Duvillier.
More about the contributors / les contributeurs <http://blackheraldpress.wordpress.com/2011/01/13/the-black-herald-contributorscontributeurs/>
http://blackheraldpress.wordpress.com/2011/01/13/the-black-herald-contributorscontributeurs/ <http://blackheraldpress.wordpress.com/2011/01/13/the-black-herald-contributorscontributeurs/>
Pierre Michon vient de le dire à l'instant sur France Cuture, Gérard Bobillier, notre cher Bob, vient de mourir. Fondateur, avec Colette Olive, Michèle Planel et Benoît Rivéro, des éditions Verdier qui fêtent cette année leur trentième anniversaire, il aura été l'éditeur d'un catalogue rigoureux, puissant, juste, net, exigeant. Mêlant littérature – française et étrangère –, philosophie, sciences humaines, les littératures fondamentales de la tradition juive, l'Islam sprituel, aussi bien que la tauromachie, la cuisine… Repreneur, quand il le fallait, de Deyrolle, Antigone, L'Éther vague, Farrago/Fourbis, pour que nous puissions continuer à les lire, il avait surtout cette part rare d'humanité, d'amitié, d'authenticité qui en faisait un être infiniment fréquentable.
Je ne puis que conseiller à chacun de se rendre sur le site des éditions Verdier http://www.editions-verdier.fr/v3/index.php pour l'exemplaire catalogue et parce que bien entendu les éditions vont continuer, avec la peine, mais parce que ce sera lui rendre honneur que de poursuivre. Que Colette trouve ici toute mon affection.
Feu le le Centre régional des lettres d'Aquitaine (devenu autre chose) avait reçu Verdier en Aquitaine en 1995. J'avais à cette occasion réalisé un livre à l'identique de leurs éditions : Carte blanche aux éditions Verdier – on doit encore le trouver ici et là, comme un objet de collection. C'est de ce livre, truffé d'entretiens, de textes réflexifs, que j'extrais cette photographie de Gérard Bobillier et cette réponse à une question d'Éric des Garets : “Éditer n'est pas une attitude, plutôt un mouvement qui suscite, porte, conjugue dans les valises d'un catalogue des fragments de toujours pour une errance infinie.”