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Édition - Page 56

  • François Gastineau, « Le Temps des ersatz »

    François gastineau,le temps des erzats,l'escampetteFidèle vassal

     

    Sur la route qui monte en bordure du bois du château, tu peux prendre après un kilomètre, sur la droite, une petite route en creux par rapport aux deux haies qui l’encadrent, c’est la route de Campdos. C’est un nom bien étrange qui évoque une quelconque origine espagnole et pourtant nous sommes dans le nord de la France. C’est une route qui monte sur le plateau en partant de la vallée et qui passe par des fermes, des grandes et des petites. Parfois, tu t’extasies devant les murs de telle ou telle bâtisse, en brique ou en torchis, toute rouge ou toute blanche, au sortir d’un virage derrière les haies de noisetiers, de mûriers, avec une pelouse verte et des massifs en fleurs, parfois tu pourrais voir surgir un guerrier médiéval, avec heaume et épée, d’un mur à colombages en train de s’écrouler ou d’un toit en ardoise dont on voit la charpente à demi-effondrée. La route ressemble, au fur et à mesure des virages qui s’enchaînent, au chemin creux qu’elle fut tout au long de l’histoire et toi, tu t’y croirais. Quand fait-on la guerre ? Hainaut, Brabant, Artois, où sont vos oriflammes ? Et puis, à peine le temps de rêver de batailles et de gloire, tu te retrouves là-haut sur la route du plateau. Tu vois les champs de maïs, tu vois les champs de blé tout jaunes et tout coupés, la moisson déjà faite. Et tu vois des tracteurs qui travaillent tout au loin et tu vois des chevaux. Sur la route toute droite filent les estafettes. C’est le temps des récoltes. Tout le travail des champs de l’année écoulée se joue en ce moment. Tous les villages s’activent. Et toi qui rêvais de batailles et de gloire. Et puis soudain, en bordure d’un champ, tu vois une petite route avec un petit panneau “route de Camp d’Ost”. Et là tu ressouris. Où sont les oriflammes ? Brabant, Hainaut, Artois ! Seigneur, sus à l’ennemi, je suis le fidèle vassal.

     

    J’imagine facilement avoir écrit cette lettre il y a plus de trente ans alors que je parcourais à vélo les routes du Vexin dans l’enthousiasme de la découverte. Cette lettre à mon père, je l’ai écrite hier. »

     

     François Gastineau

     Le Temps des erzats

    L’Escampette, 2007


    Huitième page pour fêter les 20 ans de L’Escampette

  • Jacqueline Royer-Hearn, « Alba »

    9782914387514.jpg« Se glisser désespérément dans les mots des autres comme, autrefois, dans les chaussures rouges à talons de ma mère, celles que j’espérais le plus éperdument habiter. Sentir le vide, ballant, et les talons claquer et traîner sur le sol, comme bégayer, balbutier.

     

    Je rêve qu’un amour me donne des mots, ou des linges ou du sang ; mais qu’ils me soient donnés. Offrandes de mes songes : je me vois entourée, engloutie même, comme une cathédrale, ou ensevelie, comme un fugitive de Pompéi.

     

    En lisant, en aimant, en écrivant, éclosent des bourgeons, des images vraies et des fleurs irréelles. De même, petite, je mariais les gerbes des rideaux de ma chambre d’enfant avec les natures mortes de la maison, et avec quelques fleurs des champs, épervières orangées et marguerites, cueillies pour ma mère, mais jamais offertes.

     

    À l’heure où la neige, océane, se déchire en toile délavée, le monde vire au bleu pour quelques instants. Et cette heure mélancolique se répand, furtive, dans les encres de mes lettres et dans le pouls délicat des veines bleutées, égarées à la surface de mon corps.

     

    Chaque récit, chaque confidence apporte son cortège de noms de lieux et de personnes. Et il arrive que la rencontre de deux inventaires, déjà, étonne et ravisse. En récitant simplement quelques prénoms fanés, les lieux-dits du pays natal, les patronymes de lignages lourds et troubles, les noms de villes rêvées, d’un fleuve et d’une rivière dont les eaux ne se mêleront jamais, en les croisant comme les brins d’une tresse, s’entend parfois la rumeur d’un amour. »

     

     Jacqueline Royer-Hearn

     Alba

    L’Escampette, 2004


    Septième page pour fêter les 20 ans de L’Escampette

  • Kiril Kadiiski, « Nouveaux sonnets »

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    Le Graal

     

    à Jacques Chessex

     

    « Des lambeaux de brume pendent aux branches,

    comme si des anges avaient fui à travers ces bois

    dénudés… pour se sauver… mais de qui ?

    Le monde n’est-il pas à nouveau ressuscité ?

     

    Est-ce un immense soleil qu’on voit flamber entre les ramures des cerfs aux abois,

    ou serait-ce le Graal retrouvé (enfin ! et par toi !)…

    Que ne pouvait-il illuminer nos âmes réputées immortelles,

    comme il réchauffe à présent nos corps toujours plus morts.

     

    Ô mur de crânes mouillés liés d’un mortier d’écume,

    le temps lui-même ne saurait le franchir,

    puisqu’il gît encore ici, dans la prison de la vie…

     

    Et dans l’épaisse forêt, éclairée par le soleil d’un jaune gazouillis,

    la rivière charrie des blocs de glace — dalles funèbres renversées

    d’innombrables vérités mortes et de mensonges ressuscités. »

     

     

    Kiril Kadiiski

     Nouveaux sonnets

     traduits du bulgare par Sylvia Wagenstein

     peintures Nikolaï Panayotov

    L’Escampette, 2006


    Sixième page pour fêter les 20 ans de L’Escampette

  • Bernard Manciet, « Jardins perdus »

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    Il pleut dans les pins

     

    « C’est immobile, c’est tout en lenteur. Il pleut dans les pins comme dans une sorte de passé, mais un autrefois qui entoure et qui comble. On n’est plus en soi-même, et jamais pourtant on ne fut plus proche de soi. Ce n’est pas un murmure, ni une voix, mais la pâleur d’une voix. C’est comme une âme continue. On ne peut s’en défaire. On ne l’écoute ni ne la voit, mais on la guette dans ses paroles sans tristesse ni gaieté. On ne pense à rien.

     

    Ici, il n’y a pas de pourquoi, ni de raison d’espérer. Vivre ici, c’est vivre de loin. C’est croître à couvert comme les fougères, comme le sable, remuer à peine comme, sourdement, la tempête à l’ouest. La pluie appelle en zozotant, mais on lui a répondu, il y a bien longtemps déjà. De plus profond que l’amour, comme si l’on avait aimé. Et, plus loin, encore d’autres lignes d’humilité. De la pluie on est la demeure, avec son brouillard et son évidence. On est inutile. »

     

     Bernard Manciet

     Jardins perdus

     traduit de l’occitan par Guy Latry

    L’Escampette, 2005


    Cinquième page pour fêter les 20 ans de L’Escampette

  • Sandra Moussempès, « Acrobaties dessinées »

    sandra moussempès, acrobaties dessinées, l'attente

    « lorsque je me questionne je pense à penser à ma place je pense avec mes lèvres je souris mais je réfléchis sans penser en fait la pensée parle à ma place le son de mes lèvres n’existe pas si ce n’est dans la fiction sonore je voudrais vous parler je voudrais tout dire mais tout dire entraîne une réalité qui n’est plus ma façon de dire et d’être et si un film obscurcit mon champ de vision je pense alors qu’il s’agit d’un remake je pense aussi aux sous-titres aux langues lues entendues apprises je pense en pensée disent-ils pour ouvrir leurs lèvres ils clignent des yeux ma bouche est ouverte à présent je présélectionne une pensée je pense à votre place je me divise en pensée dans mes rêves la pensée s’inscrit tout au long des visages les couleurs ont une pensée propre qui remplit chaque plan en mode plein écran on voit les lèvres des acteurs on voit qu’ils ne pensent pas les acteurs ne pensent pas puisque leur vie est une contrainte momentanée une photographie de miroir sans tain les acteurs jouent à l’écran tandis qu’hors champ l’acteur pense au rôle il est donc hors du rôle et je me désigne parfois comme actrice de ma pensée pensée, pensée parlée, pensée pensée à l’instant puis décrite tant bien que mal, je me désigne alors que ceux qui pensent recevoir mes confidences n’ont rien entendu ne m’ont pas vue, ceux-là ont des idées mais pas de pensée propre, ce pourquoi la pliure des commissure entraine une réponse affirmative

     

    j’aime bien les voix pouvait-elle dire j’aime bien ne pas synthétiser ne pas raconter ne pas retracer au lieu de me taire, je m’interroge et ma réponse est une question qui devient le remake de ma précédente vie supposée, suivez le son qui sort de mes lèvres en différé suivez ce qui en sort en pensée pensez-vous alors que l’on peut devenir une personne qui reviendra que l’on peut revenir en pensée dans la pensée de ceux qui vous questionnent ? »

     

    Sandra Moussempès

    Acrobaties dessinées & cd Beauty Sitcom

    L’Attente, 2012


    photographie © A. Donadio

  • Christian Garcin, « Les Cigarettes »

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    le coupe-ongles

     

    « un concert de voix fines s’éclipse tout à coup

    et face à moi ce mur uniformément ocre

    d’où parvient assourdi un programme télé

    de jeux pauvres à millions et musiques clinquantes

    vient poser sur le tamis clair du soir

    et l’odeur enfantine des poivrons frits

    l’ovale de ton visage à Bergame sous le

    rideau à claire-voie de tes cheveux mouillées

    légèrement penché sur moi à la fenêtre

    chambre huit de cet hôtel bric-à-brac

    véritable brocante truffée de dessins statuettes

    objets hétéroclites exotiques diplômes

    où consciencieusement sur un fond de mur jaune

    zébré de cette vieille gouttière itinérante

    qu’on pouvait croyait-on toucher rien qu’en tendant le bras

    assiégée doucement par ces rengaines à la télévision

    d’une voisine vieillarde et sourde

    ton visage sérieux incliné sur mes doigts

    tu me coupais les ongles et j’embrassais ton cou »

     

    Christian Garcin

     Les Cigarettes

     L’Escampette, 2000

     

     Quatrième page pour fêter les 20 ans de L’Escampette

  • Eduardo Lourenço, « Montaigne ou la vie écrite »

     

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    « À première vue, l’aventure “littéraire” — mais elle est un peu plus que cela — de Montaigne ressemble à celle à venir, toute proche de la sienne dans le temps, celle de Don Quichotte. Pour tous les deux, la naissance a lieu à l’ombre, ou plutôt à l’intérieur du Livre. Mais la démarche est inversée. Don Quichotte veut que la réalité se conforme au texte où sa vie idéale est déjà vécue. Cette vie idéale, d’ailleurs, ne lui appartient pas en propre. Elle est la forme pure de la réalité dont le modèle n’est autre que Notre Seigneur Jésus Christ, comme l’a bien compris Unamuno. Il faut faire descendre la vérité, du ciel sur la terre, au moment où elle s’éloigne. La défaite et la désillusion sont assurées d’avance. Montaigne — enfant ébloui et enchanté par les Métamorphoses comme nos enfants par Tintin, l’adulte trouvant chez Sénèque ou Platon sa nourriture idéale — lit et découvre le Livre comme livre, autrement dit, comme jeu de fiction. Mais cette fiction a la propriété de le rendre “réel”, et de le soustraire à l’ennui ou à la contrainte des obligations qui l’empêchent d’être libre et heureux. Toute sa vie a été modelée par le principe du plaisir. Cet homme qui passe pour le plus attentif à la trivialité, qui voudrait presque être pris pour Sancho, est rêveur forcené. “Mon royaume pour un cheval” est une trouvaille de son plus génial lecteur, mais sa devise fut bien moins celle, devenue cliché, de la suspension de son jugement que celle de “mon royaume pour un coin de rêve”. Dans sa langue de seigneur de sa volonté et de ses mots, il a appelé ce coin de rêve “son arrière-boutique”, ce lieu où il peut se retirer à loisir, ce lieu que personne d’autre ne peut occuper, espace de nudité du corps et de liberté de l’esprit, pure et bienheureuse solitude. Comme un livre, précisément. Je crois que personne avant lui n’a su, avec une aussi parfaite science, que ce sont les livres qui nous lisent. Il en va de même de la parole qui ne vit que de l’écho qu’elle suscite : “la parole est moitié à celuy qui parle, moitié à celuy qui l’escoute”. Toutefois, pour se dire le plus universellement possible il faut “s’écrire”, il faut devenir Livre, moins pour s’écouter que pour écouter l’autre, le monde ou l’autre soi-même auquel nous n’accédons qu’en transcrivant de la façon la plus directe et la plus drue le Livre que nous sommes. Ce n’est pas la réalité qui attend du Livre son salut, comme le croit Don Quichotte, c’est le Livre, quand il retrouve dans le réel sa fiction, qui nous libère, tous ensemble, de la réalité et de la fiction. Ce que Montaigne a compris, c’est qu’aucune réalité n’est plus fictionnelle que notre propre réalité, que le livre qui aurait un tel dessein — comme c’est le cas des Essais — serait, sur le mode de l’anti-fiction délibérée, le plus fictionnel des livres. »

     

    Eduardo Lourenço

     « Montaigne ou la vie écrite »

     in Montaigne 1533-1592

     accompagné d’un texte de Pierre Botineau, « L’Exemplaire de Bordeaux »

     et de photographies de Jean-Luc Chapin

     L’Escampette/Centre régional des lettres d’Aquitaine, 1992

     repris seul sous le titre Montaigne ou la vie écrite

     L’Escampette, 2004

     Troisième  page pour fêter les 20 ans de L'Escampette

  • Véra Pavlova, « L’animal céleste »

     

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    « La pensée est imparfaite

    si elle ne tient pas en quatre vers.

    L’amour est imparfait

    s’il ne tient pas dans un seul ah !

    Le poème se refuse

    si je cherche le mètre et la rime.

    La vie est incomplète

    si elle ne tient pas dans un seul oui.

     

     

    Pourquoi le mot oui est-il si court ?

    Il devrait être

    plus long que les autres,

    plus difficile à prononcer,

    de sorte qu’il faudrait du temps

    pour y penser vraiment,

    pour oser le dire,

    au risque de se taire

    en son beau milieu »

     

    Véra Pavlova

     L’Animal céleste

     anthologie traduite du russe

    par Jean-Baptiste & Hugo Para

    L’Escampette, 2004

    Seconde page pour fêter les 20 ans de L'Escampette

  • Jean-Yves Masson, « Poèmes du voleur d’eau»

     

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    lxi. Description d’un jardin

     

    Je me souviens d’un jardin d’encre dans un livre

    que l’on avait déplié contre le mur,

    où l’on suivait des yeux la forme des nuages

    que le pinceau avait décrite avec douceur.

    Dehors, dans les jardins, je retrouvais l’œuvre du peintre,

    les arbres d’encre torturés qui se dressaient

    devant l’étang, refusant d’affronter le ciel

    et protégeant la terre éprise de leurs branches.

    Et je me suis penché vers l’eau dormante

    qui formait dans les joncs un signe d’eau.

    Moi, le fils d’Occident, sur la terre orientale,

    je contemplais, en ignorant, le fruit de la sagesse

    d’un lettré du Japon qui avait fait tracer

    dans ce jardin avec de l’eau le nom de l’eau.

    Et tel est l’art : non pas expliquer mais comprendre,

    et ne cacher que ce que l’on veut faire voir. »

     

    Jean-Yves Masson

    Poèmes du festin céleste 

    L’Escampette, 2002


    Nouvelle rubrique, quand le temps le permet,

    pour fêter les 20 ans de L'Escampette

  • Françoise Ascal, « Lignées »

     

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    « Ce que je sais, tout le monde le sait. Je ne sais rien que je serais seule à savoir. Et tout ce que j’ai appris je le savais déjà. J’en arrive à douter d’exister. J’en arrive à ne plus savoir si un moi est possible. Si  quelque chose à soi est possible. Dans la foule je vous regarde et me reconnais. À des milliers d’exemplaires. Visages d’argile commune. Regards qu’on pourrait croire uniques. Vous-mêmes, sentez-vous parfois votre crâne devenir un lieu de traverse, un corridor ouvert à tous vents, un hall fourmillant, tandis que vos pas sur le sol ne laissent aucune trace, votre chair aucune ombre ? »

     

     

    Françoise Ascal

    Lignées

    Dessins de Gérard Titus-Carmel

    Æncrages & co. , coll. Écri(peind)re

    http://www.aencrages.com/

     

  • Une lecture de “Cet être devant soi” par Isabelle Baladine Howald sur Poezibao

    http://poezibao.typepad.com/poezibao/2012/12/note-de-lecture-cet-%C3%AAtre-devant-soi-de-claude-chambard-par-isabelle-baladine-howald.html?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+typepad%2FKEpI+%28Poezibao%29&utm_content=Netvibes

     

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  • Hugo Pernet, "Poésie simplifiée"

    picture.jpgD’abord faire glisser avec d’infinies précautions le bandeau titre qui scelle le livre vert d’eau afin de pouvoir faire bruisser les pages. Beaucoup de blancheur et au cœur une image en quadrichromie d’un otage — suppose t’on — à peine libéré, bandeau sur l’œil et couverture de survie dorée sur les épaules, micro à la main (une image du poète enfin libre ?).

     

    Poésie simplifiée, ou comment, en éliminant toujours, laisser peu de place au sens et dans ce vide, voir ce que de petites propositions peuvent activer d’un reste de langue. Langue de peu, langue de l’absence de l’auteur. Poésie simplifiée, Hugo Pernet le revendique, doit beaucoup au travail inlassable de Claude Royet-Journoud et inlassablement donc à partir de minuscules propositions — ce qui reste quand on a pelé le texte — il exprime la couleur — voire son absence — plutôt que la pulpe ou le jus.

    En Garamond et en Helvetica Neue, chaque partie tente l’impossible pari du « pas d’histoire », et pourtant « écrire est devenu une tâche/ménagère ».

    On range le bandeau entre les pages du livre, la couverture est muette, Hugo Pernet a disparu dans le livre où on voudra bien le glisser et, régulièrement, le changer de place. C’est sa liberté chèrement gagnée.

     

    Claude Chambard


    Hugo Pernet

    Poésie simplifiée

    ENd Éditions

    104 p. ; 12 €

    http://endeditions.com/


    Cet article a paru initialement dans ccp n° 21