mardi, 21 août 2018
Jacques Dupin, « Fragmes »
DR
« […] Écrire que tu étais moi, que tu étais nue, que je n’étais rien . que l’ombre d’un cep, que le délié d’une lettre, que la fleur de givre sur le carreau… qu’une cicatrice inversée, une morsure éteinte… que l’ouverture et le fermoir, – que l’aube d’hiver et la nuit d’été – que la senteur du genêt sur le tumulus au bord du chemin, – que la même phrase à l’infini, reprise, biffée, répudiée – écrite…
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Qu’écrire de l’alouette, du liseron, du chêne vert, comment, à quel degré de passion, au risque d’embuer la vitre, et l’instant de la découverte… faut-il que les mots soient plus clairs que les choses, et la feuille blanche plus criminelle que la nuit qui les dérobe, qui les relance…
objet du désir de l’autre, il suffit que tu danses, que tu ries, que tu glisses en dansant dans l’œil que tu ravis, pour qu’il cesse à jamais de voir, en donnant à lire ma disparition…
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Écrire, un mourir qui ne finit pas de s’éteindre entre mes doigts, de rougeoyer sous la cendre, et de reverdir sur l’abrupt de la falaise, comme une naissance de l’un adossée à l’agonie de l’autre, – le partage à couteaux tirés de notre gémellité odorante… très loin de moi, seul, qui verse l’huile sur le feu de l’écriture, pour activer le brasier de la mort du livre, et graisser les minuscules rouages édenté de la poétique aphasie…
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Lui, le rossignol, une nuit de mai, la perfection de son chant me tient en éveil, et me comble, et finit de me persuader de ne plus écrire, – ou de m’obstiner follement à écrire, l’un et l’autre, pour lui, allant de soi, étant ressaisis par son chant, relancés par sa folie, le jaillissement de sa gorge touchant le silence… […] »
Jacques Dupin
Échancré
P.O.L, 1991
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samedi, 18 août 2018
Jacques Dupin, « Lises lisières liseron »
© Jan Voss
« la vigne serait claire le raisin lourd
comme si le malheur n’avait plus de prise
quand il nous atteint, et qu’il nous serre
dans la séquence infinie de sa venue
de son retour – et c’est toi que je dévisage
il y a des papillons blancs sur tes lèvres
et devant tes yeux, avec les appelants
de la foudre, les prémices d’un désastre clair
frange d’ébriété d’un sol d’humus et de feuilles
où je sombre en m’allégeant de l’odeur
toi et moi nous étions sur le point d’atteindre
cette précocité rayonnante, ce survol
éphémère plus loin que le fond du ciel »
Jacques Dupin
Rien encore, tout déjà
Xylographies de Jan Voss
Fata Morgana, 1990
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lundi, 13 août 2018
Jacques Dupin, « Orties »
DR
« Le poète – il n’existe pas –
est celui qui change
de sexe comme de chemise
une humide contre une sèche
une rose contre un caillou
et vice vers…
précipice
un feu de branches déjà vertes…
quelles fleurs pourraient surgir
rien ne presse
que le pas
l’ombre
qu’il jette »
Jacques Dupin
in Le grésil
P.O.L, 1996
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vendredi, 10 août 2018
Jacques Dupin, « Matière du souffle »
DR
« L’ambiguïté de l’empreinte : être le présent d’une image ou d’un signe, la marque brûlante, – et ensemble distance de l’une, absence de l’un, – une vieille histoire racontée marmonnée sans fin, et l’éclat de son futur imminent… Le battement de sa mort suspendue, sa dérogation d’être ici, son sursis, un élargissement de condamné, sa proximité, son éloignement, la barre, la ligne surchargée graffitée de son horizon…
Une image dont la violence (la témérité de la coupe) est comme inhibée, fortifiée, prolongée dans son éclat – par ce qui l’entame et l’incise, l’infléchit, l’enrobe et la brouille… Trop prompte, trop vite levée, pour être coupée de l’enclave nourricière, de la terre aveugle, et de la pensée du double…
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Il s’en faut d’une montagne ouverte, et d’un corps de bête frôlée, de femme désirée – entre blessure, tatouage, rituel et sauvagerie… le même lancinant étirement d’un songe, et la trace accolée du double et de la proie, devant la béance de la montagne et la nuit des yeux de l’aimée…
…la nuit dont la grâce réfractaire affleure par le fendillement de l’étendue et la scarification de ses plaies… comme à l’écart de ce massif, de cette chaîne de peintures dont les voix de ruissellement baignent les racines et la danse… Un orgasme de la substance, un solipsisme de l’air, une accentuation du pli et du trait qui transgresse la voix païenne, et le cérémonial de la mise à nu – et la brûlerie d’aromates… »
Jacques Dupin
Matière du souffle (Antoni Tàpies)
Frontispice de Antoni Tàpies
Fourbis, 1994
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lundi, 09 avril 2018
Elizabeth Willis, « Fleurs météoriques »
DR
« LE GRAND ŒUF DE LA NUIT
L’enfance nous montre sa lune grâce aux nuages brumeux, un courant d’air ascendant presque lavé de toute intention. Manipulée et monnayée dans l’ombre subalterne, je ne pouvais pas me débarrasser du souvenir d’un train qui striait les collines de blanc. La colonne en reddition déverse ses uniformes. Des épiphanies gantées de vélin nous dépassent à vive allure dans leur grosse cylindrée. Dans les mots des jonquilles, suis-je avec mon foulard plus jolie que la cendre projetée par la roue ? Quelle forme prennent les femmes ? Ou elle est-il pris comme chemin menant à une métaphore verglacée, une graine plus facile à écraser qu’à ouvrir ? Un mot peut-il être renversé par jeu, ou faut-il une étincelle perdue pour embraser ton arsenal de dentelle ? Le bleu le plus sombre est noir, au bord de la perception. Je donne à la fraîcheur le signal du départ, une chance de gagner, j’orchestre notre descente vers des destinations décentes, je pilote jusqu’à la maison. »
Elizabeth Willis
Fleurs météoriques
Traduction collective de l’américain au CIPM, relue par Emmanuel Hocquard & Juliette Valéry
CIPM / Un bureau sur l’Atlantique, 2009
http://cipmarseille.fr/publication_fiche.php?id=e36821f7e...
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vendredi, 22 décembre 2017
Li Yi-chan, « Notes »
« Signes de richesse
Le hennissement d’un coursier.
Des larmes laissées par des chandelles de cire qui ont coulé.
Des épluchures d’écorce de châtaignes.
Des coques de litchi secs.
Des fleurs qui tombent en volant.
Le chant du loriot et de l’hirondelle.
Des voix qui lisent.
Tombée et abandonnée, une épingle de tête ornée de fleurs.
Des sons d’une flûte dont on joue dans le pavillon à étages.
Le bruit des médicaments que l’on pile et du thé que l’on broie. »
Li Yi-chan
Notes
Traduit du chinois par Georges Bonmarchand
Préface de Pascal Quignard
Le Promeneur, 1992
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dimanche, 05 novembre 2017
Fernando Pessoa, « Le Livre de l’intranquillité »
« Si notre vie pouvait se passer éternellement à la fenêtre, et si nous pouvions rester ainsi, tel un panache de fumée immobile, et vivre à jamais le même instant crépusculaire venant endolorir la courbe des collines… Si seulement nous pouvions demeurer ainsi, jusqu’au-delà de toujours ! Si au moins, en deçà de cette impossibilité, nous pouvions rester ainsi, sans commettre une seule action, ni permettre à nos lèvres pâlies de pécher d’un seul mot !
Vois comme tout s’assombrit… Le calme positif du monde me remplit de fureur, d’une sorte d’arrière-goût qui gâche la saveur du désir… Mon âme me fait mal… Un trait de fumée s’élève et se disperse au loin… Un ennui anxieux détourne mes pensées de toi…
Que tout est donc superflu ! Nous, le monde, et puis le mystère de l’un et de l’autre. »
Fernando Pessoa (Bernado Soares)
Le livre de l’intranquillité – volume II
Traduit du portugais par Françoise Laye
Présenté par Robert Bréchon
Christian Bourgois, 1992
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dimanche, 29 octobre 2017
Marina Tsvetaeva, « Le Poète et le temps »
« Nos poèmes, ce sont nos enfants. Ils sont plus âgés que nous parce qu’ils vivront plus longtemps que nous. Plus âgés que nous depuis l’avenir. Voilà pourquoi ils nous sont aussi parfois étrangers. »
Marina Tsvetaeva
Le Poète et le temps
Traduit du russe et présenté par Véronique Lossky
Le temps qu’il fait, 1989
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samedi, 21 octobre 2017
Pierre Bergounioux, « Haute tension »
« Nous sommes vêtus de chair pour un temps, dans un coin. Telle est la situation. Mais nous avons la capacité d’envisager plus qu’il ne nous est donné de vivre. Entre l’expérience contingente d’une heure et d’un lieu et la notion des rapports les plus généraux, il y a place, peut-être, pour un registre intermédiaire où l’intelligible reste sensible et le sensible infusé d’intelligibilité. Chaque particularité s’élève à l’ordre général et l’on perçoit, au creux de chaque instant, l’écho de la grande temporalité. C’est une contradiction dans les termes, un déni opposé à notre condition. C’est pourquoi il y a peu de chances que cela se produise. Mais quand cela arrive, qu’on lit, c’est à la réconciliation avec nous-mêmes, à la délivrance, à la joie que mène le fil ténu, tendu, éblouissant de la lisibilité. »
Pierre Bergounioux
Haute tension
William Blake & Co. Édit., 1996, rééd. 2011
http://www.editions-william-blake-and-co.com/spip.php?art...
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mercredi, 18 octobre 2017
Jean-Jacques Viton, « La conjonction de coordination »
jean-jacques viton, poésie marseille, lecture au [Mac], 2010 © cchambard
« c’est quand nous sommes arrivés
devant la maison
après l’interminable chemin entre les arbres morts
nous avons décroché le lapin blanc
gelé ventru gonflé pendu à un pommier
les yeux comblés de glace
les oreilles rigides
nous aurions dû aussi ramasser l’agneau brun
venu se prendre au piège à renards
camouflé dans la neige
sous le lapin qui servait d’appât
pourquoi on se baladait de ce côté
je ne pense pas qu’on cherchait un sapin
je n’aime pas les sapins
ni sur place ni dans une pièce
toujours peur de me crever un œil en approchant
on est allé plus bas
plus bas que la prairie
où est la ferme au lapin blanc servant de piège
je trouve cette idée de piège ridicule
pourquoi un renard avalerait un lapin congelé
je veux dire plus bas vers la rivière
qui continuait à couler un peu
on hésitait à s’engager sur les troncs d’arbres
des troncs immenses mais pas larges
je n’aime pas non plus jouer les trappeurs
dès que l’on se trouve en hiver dans la montagne
on a fini par trouver un passage plus pratique
on est rentré sans se presser
tenant le lapin par les oreilles
elles fondaient lentement dans nos gants
ici je place un et un peu hésitant »
Jean-Jacques Viton
Accumulation vite
P.O.L, 1994
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vendredi, 13 octobre 2017
Israël Eliraz, « Hölderlin »
© : patrick soulard
« tous les Dieux dansaient et celui qui dansait
se déguisait en Dieu. Facile et difficile. Facile de vieillir,
difficile de mûrir, pensait Hölderlin, écrivait Hölderlin.
Dans le rêve, il enlevait de son visage
le nez rouge à moitié mort, il pensait : quand ça
m’arrivera ? Hölderlin écrivait, lisait, gommait.
Comment déplacer une pierre sans être un loup ou Krishna ?
Le vide dans la pierre c’est du feu. Hölderlin pensait, écrivait,
déchirait et n’envoyait pas de lettres à
sa mère morte depuis des années comme elle le lui
avait dit, hier, avant de monter dans le train (il venait
d’être inventé). Le train se dirigeait vers le nord. Vers où ?
Hölderlin, dans sa poitrine courait après lui. Il se réveilla. Dans
la stupeur les poux remplissaient ses poches usées »
Israël Eliraz
Hölderlin suivi de Les villes saintes se répètent
Traduit de l’hébreu par Esther Orner et Laurent Schuman
Coll. Avec (dirigée par Bernard Noël), L’Atelier des Brisants, 2001
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mardi, 10 octobre 2017
Hwang Ji-U, « De l’hiver-de-l’arbre au printemps-de-l’arbre »
DR
« Mon corps nu
Assis dans un bain public je me lave soigneusement tout le corps, ce n’est pas seulement parce que je ne me suis pas lavé d’une ou deux semaines.
Une vie ! J’ai vécu jusqu’à ce volume de mon corps !
Semblable à un bol en argile, il est fragile.
Cependant, je me demande ce que j’ai mis à l’intérieur ?
Y vivais-je ? Comme les eaux que le volume de mon corps fait couler hors de la baignoire ?
Seul le mensonge m’a façonné.
Extrême jalousie intellectuelle. Complexes. Plaisir de me montrer.
C’est le résumé d’une trentaine d’années de vanité,
Haletant, j’ai franchi la ligne du milieu.
Ainsi, s’il était en vie, il aurait à peu près mon âge
Jeon Tae-Il, un saint.
Ma vie a été frappée et découverte par l’éclair de sa courte vie. Laide. Honteuse. Déshonorée.
Son tonnerre arrive tardivement à moi, à cet âge là.
Ma jeunesse foudroyée ! J’étais sous le paratonnerre.
Moi. J’étais là.
Je n’avais pas le choix, c’étaient les aléas de la vie.
Ce qui existe en moi, c’est une petite agriculture muette.
Il est peut-être au pied d’une forêt à l’abri du vent de Bukpyeong dans la commune Sinwol qu’il ne pouvait plus quitter,
Et peut-être mesure-t-il le terrain avec la visière d’un chapeau de Saemaeul appartenant à Monsieur Yun ?
Ou bien, pouvait-il traverser la colline voisine Doam,
Voulait-il devenir le potier qui met les pots au feu ?
Sinon était-il un menuisier ou un plâtrier silencieux avec un caractère difficile ?
Ah ! Il est sorti en ville, à cause de son manque de sérieux, peut-être est-il devenu terrassier ?
Ou peintre de panneaux de cinéma, surveillant dans une usine textile, ouvrier des chemins de fer.
Suivant la veine bleu foncé de la vie glaciale,
Il aurait dû embraquer au marché de Pyeonghwa à Cheongaecheon. Marchand de bois, vendeur de chewing-gums, vendeur de journaux.
Il aurait dû être brocanteur. Derrière la gare, au bord de la rivière noire, en extrême pauvreté, il restait debout, l’estomac vide depuis trois nuits et quatre jours.
Et l’égout amer déborde abondamment dans mes viscères.
Les globes de mes yeux ardents aperçoivent les œufs rouges des vers intestinaux volant sur le ciel bleu.
J’avais la tête qui tournait. Dans mes vertiges, j’ai vu père, mère, frère aîné, frère cadet, toute la famille.
Chacun était orphelin. Après le départ de mon frère aîné qui s’est engagé dans l’armée,
En comptant les traverses, j’ai marché jusqu’au sud de Kwangju pour ramasser les escarbilles de charbon.
Un train de marchandises chargé à bloc roulait vers Yeosu.
Plus bas que le pire dénouement, je suis arrivé devant la barrière. Au feu rouge,
Je restais debout. Oh ! les jours de misère !
Dans ce monde sombre, j’étais face à ma vie, mais
J’ai tenu tous ces jours pour rien. La confession m’ennuie.
Comme tous les autoportraits sont affreux, j’ai retrouvé le plein air où vivre.
Plusieurs affluents obscurs ont coulé en moi.
Avaient coulé. Coulent.
Maintenant mon corps est nu.
Ma main touche mon corps. Me voici.
Si on enlève de plus en plus la crasse, la vie devient transparente.
Les traces de faucille, de couteau, la plaie sur mon genou quand je suis tombé de vélo,
Grandissaient avec mon corps.
Je tourne la tête, comme moi, des corps nus étaient là, avec quelques seaux d’eau, chacun nettoyant sa vie en face.
Oh ! Corps nus ! Tous les “moi” sont absents en ce moment.
Mais je n’ose pas encore demander à quelqu’un de me laver le dos.
Tenant un gant italien, je me suis approché du dos d’un vieillard.
De mon propre dos, je n’y arriverais pas. »
Hwang Ji-U
De l’hiver-de-l’arbre au printemps-de-l’arbre — cent poèmes
Traduits du coréen, présentés et annotés par Kim Bona
Prélude, Claude Vigée
William Blake & Co. Edit, 2006
http://www.editions-william-blake-and-co.com/spip.php?art...
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