lundi, 21 janvier 2019
James Sacré – Guy Calamusa, « Et parier que dedans se donne aussi la beauté »
« Le plus beau poème n’est jamais
Que le reste de quelque chose
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On ne sait trop ce que pourrait être
Les chutes, les copeaux d’un poème,
Des mots restés dans un brouillon, venus pourtant
A cause d’un paysage qu’on a parcouru
Ou pour tenir compagnie
A des dessins qu’on t’envoie, non aboutis.
Des mots dont on a pensé
Qu’ils ne pouvaient pas
Se constituer en poème et pourtant les voilà
En forme de dizain pour faire semblant d’en être un
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A force de vouloir être dans un brouillon d’écriture
Plutôt que d’arriver dans un poème bien foutu
(Oui, le mot qui convient : si grande jouissance de l’avoir écrit
Si même dans un peu d’inquiétude)
A force de mal dessiner exprès, et de jeter comme au hasard
De la couleur sur un papier
Si quand même voilà pas
Un vrai poème à te proposer, lecteur
Avec un vrai dessin qui le tient ? »
James Sacré
Et parier que dedans se donne aussi la beauté
Dessins de Guy Calamusa
Coll. Territoires
Æncrages & Co
13:01 Publié dans Écrivains, Édition, Livre | Lien permanent | Tags : james sacré, guy calamusa, et parier que dedans se donne aussi la beauté, Æncrages & co
lundi, 08 août 2016
James Sacré, « Des pronoms mal transparents »
© : Brigitte Palaggi
« Je sais mal comment la rêverie arrondit un vert en forme de pré ; on irait dedans avec une allure de promenade ou bien c’est qu’on serait venu voir comment les châtrons profitent. On fait les maniements pas forcément d’un toucher sûr, mais ce qui compte c’est plutôt l’ombre des arbres qui grandit en cette fin de dimanche et la couleur des luzernes, celle du voisin est bien fournie. Un peu plus tard une perdrix appelle.
Une joue pense au volume du temps : le cœur vivant, la mort, est-ce que c’est pas comme un peu cette solitude autrefois, silence, en l’après-midi d’un dimanche perdu entre des buissons ?
[…]
Quelqu’un voulait dire c’est la solitude, ma solitude.
Mais c’est la solitude à personne seulement le temps qui,
Un dimanche, et la lenteur.
Quel souvenir est-ce qu’on entendrait sinon
Un bruit qui revient dans quelques mots
Dans un cœur défait ? on se demande.
Le temps est là toujours tout seul.
Quelqu’un veut dire et c’est personne sauf
Comme un sourire qu’on mélange un peu à la misère, pas bien. »
James Sacré
Une petite fille silencieuse
André Dimanche, 2001
repris in Figures qui bougent un peu
Préface d’Antoine Emaz
Poésie / Gallimard, 2016
11:46 Publié dans Écrivains, Édition | Lien permanent | Tags : james sacré, une petite fille silencieuse, andré dimanche, figures qui bougent un peu, gallimard