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Chine - Page 2

  • Wang Wei, « La rivière bleue »

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    Shitao, Au pied des Monts Jinting, vers 1670

     

    « pour me rendre dans la vallée des Fleurs jaunes,

    j’emprunte la Rivière bleue

    je longe les montagnes, dix mille tournants,

    la distance parcourue est à peine de cent li

    dans le vacarme au milieu d’un chaos de rochers,

    la couleur apaisante des pins denses

    flottent, tanguent les châtaignes d’eau

    clairs, immobiles, luisent les jeunes roseaux

    mon cœur depuis toujours est serein,

    comme la rivière limpide

    ah ! rester là sur un grand rocher,

    avec une canne à pêche à finir mes jours »

     

    Wang Wei

    Le plein du vide

    poèmes choisis, traduits du chinois et présentés par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 2008, réédition, 2016

    https://moundarren.com/livre/wang-wei/

     

    pour Marie-Hélène Lafon &  la Santoire

  • Wang Wei, « Séjour dans la montagne, décrivant ce qui se passe »

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    Shitao, Recherche d'immortels, vers 1700

     

    « solitaire je referme mon portail en branchages

    dans l’immensité floue face aux rayons du couchant

    les nids des grues peuplent les pins

    les visiteurs à ma porte rustique se font rares

    les nœuds des nouveaux chaumes de bambou sont saupoudrés de pollen

    les lotus rouges laissent tomber leurs vieilles robes

    à l’embarcadère les feux des lanternes s’animent

    de partout les ramasseuses de châtaignes d’eau sont de retour »

     

    Wang Wei – 701-761

    Le plein du vide

    poèmes traduits du chinois et présentés par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 2008, réédition, 2016

    https://moundarren.com/livre/wang-wei/

     

    Dédicace spéciale à Arthur & Sophie

  • Anonyme, «  La blancheur de la lune dans la nuit »

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    Carte de Duhuang, vers 650, dynastie Tang. Une des premières représentations des étoiles.

     

     

    « La blancheur de la lune brille dans la nuit,

    Des criquets crient dans le mur de l’est.

    La Grande Ourse indique l’hiver,

    Les étoiles ressortent dans le ciel,

    La gelée blanche mouille les plantes dans la campagne.

    Le temps soudain change,

    La cigale d’automne crie dans les arbres,

    L’hirondelle, où donc est-elle partie ?

    Mes camarades et amis d’autrefois

    Se sont élevés haut et se sont envolés

    Sans plus se souvenir que nous nous tenions par la main.

    Ils m’ont abandonné comme les traces que l’on laisse.

    Une constellation indique le nord et une autre le sud

    Et l’étoile du Bœuf ne porte pas de joug.

    Si l’amitié n’est pas solide comme le roc,

    Un renom vide, quel intérêt a-t-il ? »

     

    Chanson populaire anonyme de l’époque Han — 206 avant J.-C - 220 après

    In Anthologie de la littérature chinoise classique

    Présentée et traduit par Jacques Pimpaneau

    Philippe Picquier, 2004 rééd. 2019

    http://www.editions-picquier.com/ouvrage/anthologie-de-la-litterature-chinoise-classique-2/

  • Su Dongpo, « En souvenir de ma mère qui ne faisait pas de mal aux oiseaux »

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    « Lorsque j’étais jeune, en face de mon bureau, il y avait des bambous, des peupliers, des pêchers et toutes sortes de fleurs ; des bosquets remplissaient la cour et des oiseaux s’y nichaient. Ma mère détestait qu’on détruise la vie ; les enfants et les serviteurs avaient ordre de ne pas attraper les oiseaux. Pendant plusieurs années, ceux-ci firent leurs nids sur les branches basses et on pouvait apercevoir leurs oisillons en baissant la tête. Il y avait aussi quatre ou cinq perruches qui voletaient tous les jours parmi eux. Les plumes de ces oiseaux sont très précieuses et très rares. On pouvait les apprivoiser, car ils ne craignaient pas du tout les hommes. Les villageois en les voyant trouvaient cela extraordinaire. Il n’y a pourtant pas là d’autres raison : en l’absence sincère de mauvaises intentions, même d’autres espèces ont confiance en vous. Un vieux paysan disait : “Si les oiseaux nichent loin des hommes, leurs petits seront la proie des serpents, des rats, des renards, des chats sauvages, des hiboux, des milans. Aussi, si les hommes ne les tuent pas, ils se rapprochent d’eux pour éviter ces malheurs.” On voit ainsi que si ensuite les oiseaux nichent sans oser s’approcher des hommes, c’est qu’ils considèrent que ceux-ci sont pires que les serpents, les rats et autres prédateurs. On peut donc faire confiance à cette parole de Confucius : “Un gouvernement tyrannique est plus terrible qu’un tigre !” »

     

    Su Dongpo – Su Shi (8 janvier 1037 – 24 août 1101)

    Sur moi-même

    Choix de textes, traduits et présentés par Jacques Pimpaneau

    Philippe Picquier, 2003, rééd. Picquier poche, 2017

     

    Su Dongpo – Su Shi – né le 8 janvier 1037 à Meishan, est mort le 24 août 1101 sur la route de Changzhou.

    C'est un homme selon mon cœur, un poète essentiel, aimé et lu par ses pairs – et au delà, je l'espère – (Jim Harrisson, Lambert Schlechter, Volker Braun, par exemple, le citent volontiers).

    Pour souligner la date anniversaire de son décès, pour que l'on se souvienne encore de lui, j'ai eu envie des oiseaux de sa mère, à n'en pas douter ceux qui encore – à l'exception des perruches – conversent chaque jour dans le petit jardin où ils aiment à se reproduire.

  • Gong Zizhen, « Un souhait de livre »

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     Air : « Les sables lavés par les vagues »

     

    Au-delà des nuées s’élève un pavillon rouge,

    Lieu retiré et loin de tout.

    Au-dessus des Cinq Lacs le son de la flûte perce l’automne.

    Après avoir rangé trente mille peintures et livres

    Je monte avec eux sur ma barque.

     

    Miroir et brûle-parfum,

    Tendresse, grâce et tranquillité.

    Je relève pour toi le rideau juste comme il faut.

    Sans souci de la fraîcheur du vent et des vagues sur le lac,

    Je te regarde te coiffer.

     

    Gong Zizhen — 1792-1841

    in « La dynastie des Qing » — Mandchous, 1644-1911

    Traduit du chinois par Sandrine Marchand

    Anthologie de la poésie chinoise

    sous la direction de Rémi Mathieu

    Pléiade / Gallimard, 2015

  • Xiao Gang, « Poème sur des noms de simples »

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    Paysage, Dynastie des  Ming

     

     « La brise matinale fait trembler les fleurs,

    Le soleil du soir brille sur l’appontement.

    Tout en haut d’une tour une femme esseulée

    Au crépuscule pleure sur sa solitude.

    La lampe éclaire le lit des plaisirs à deux,

    Dans les tentures flotte le parfum du benjoin.

    Elle broie un peu d’encre, écrit deux ou trois vers,

    Avec de la céruse essaie de se farder.

    Elle voudrait tant voir de la fleur d’hellébore

    La tige volubile emplir sa chambre vide. »

     

     

    Xiao Gang ne fut pas qu’un poète à l’œuvre importante, il régna les deux dernières années de sa vie et mourut assassiné. Son œuvre fut longtemps mésestimée, pourtant, entouré par un cercle de poètes, il écrivit beaucoup dans un style très orienté vers les recherches formelles.

     

    Xiao Gang — 503-551

    in  « Les Six Dynasties (de la fin des Han à la fin des Sui) » — 196-618

    Traduit du chinois par François Martin

    In Anthologie de la poésie chinoise

    Pléiade / Gallimard, 2015

  • Wang Shifu, « Le pavillon de l’aile ouest »

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    Le mariage de Zhang et Yingying, représentés sous forme de marionnettes.

    Édition de Min Qiji, 1640

     

    « Vous balbutiez de honte, n’osez lever la tête,

    Votre visage caché dans l’oreiller.

    De vos cheveux en nuages épars tombent vos épingles d’or

    Et le désordre de votre chevelure ajoute à votre charme.

    Je déboutonne votre robe, dénoue votre ceinture,

    Une odeur de musc se répand dans la chambre obscure.

    Cruelle, pourquoi vous détourner ?

    Pourquoi fuir mon regard ?

    Je presse contre moi ce corps tiède et parfumé d’une beauté élancée,

    Le printemps vient au monde, les fleurs se colorent,

    Votre taille si souple s’agite à mon rythme,

    Le bouton de votre fleur s’ouvre à moitié,

    Les gouttes de ma rosée font s’épanouir votre pivoine.

    Une seule libation m’engourdit à demi.

    Je suis le poisson qui s’ébat dans les eaux,

    Je suis le papillon qui recueille le parfum des bourgeons.

    Vous reculez un peu pour vous rapprocher de nouveau.

    Le surprise et l’amour se disputent en moi,

    Je baise votre bouche vermeille et vos joues odorantes.

    Vous êtes mon cœur et mes entrailles,

    Vous dont j’ai terni la pureté. »

     

    Cette pièce – dont les protagonistes sont Yingying et Zhang – fut écrite aux environs de 1300. Elle est une adaptation d’un texte plus ancien de monsieur Dong, portant le même titre, elle-même influencée par La vie de Yingying de Yuan Shen – les voies de la littérature chinoise sont sans fin, et c’est tant mieux.

    L’extrait donné ici est chanté par Zhang alors que les amoureux viennent de se retrouver dans la chambre de Yingying. Il provient du merveilleux ouvrage de Jacques Pimpaneau, Anthologie de la littérature chinoise, paru chez Philippe Picquier en 2004 et réédité dans la collection de poche de l’éditeur en 2019.

     Wang Shifu

    Extrait du Pavillon de l’aile ouest (Xixiang Ji)

    traduit par Jacques Pimpaneau

    Philippe Picquier

    http://www.editions-picquier.com/ouvrage/anthologie-de-la-litterature-chinoise-classique-2/ 

     

  • Su Tung po, « Puisant de l’eau dans la rivière pour préparer le thé »

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    « l’eau vive a besoin d’un feu vif pour bouillir

    je me rends au rocher où l’on pêche pour puiser dans l’onde profonde et limpide

    avec une grande calebasse emprisonnant la lune, je la transvase dans la jarre

    avec une petite louche je remplis la bouilloire nocturne d’eau de la rivière

    quand frémit le thé une écume neigeuse se forme

    au moment où l’on entend le vent dans les pins*, il faut tout de suite servir

    les entrailles desséchées pas encore complètement humidifiées, j’arrête à la troisième tasse

    assis, j’écoute dans la ville déserte les coups longs et courts qui annoncent l’heure »

     

    * l’expression « on entend le vent dans les pins » signifie que l’eau commence à frémir — elle est parfois augmentée de « et la pluie dans les cyprès »

     

    Su Tung po (Su Che) ­ — 8 janvier 1037- 24 août 1101

    in L’extase du thépoèmes chinois

    Traduits par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 2002

    https://moundarren.com/livre/lextase-du-the/

  • Yang Wan li, « cinq poèmes autour la poésie »

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    « Froid tardif composé devant les narcisses sur le lac de montagne*

     

    pour forger un poème, on ne saurait se passer du fourneau et du marteau

    mais si le poème s’accomplit, ce n’est pas seulement grâce à eux

    le vieil homme ne cherche pas le poème

    c’est le poème qui cherche le vieil homme

     

    Lire des poèmes

     

    dans la jonque ma seule occupation est de lire des recueils de poèmes

    j’ai fini de lire les poèmes des Tang, je lis maintenant Wang An-shih**

    ne dites pas que le matin le vieillard ne mange pas

    les quatrains de Wang An-shih sont mon petit déjeuner

     

    Dans l’éclaircie au milieu de la neige, près de la fenêtre ouverte j’ouvre un recueil de poèmes Tang et y trouve un pétale de fleur de pêcher, qui me laisse songeur

     

    au hasard j’ouvre un livre de poèmes, ce matin devant la fenêtre de neige

    dedans, un pétale de fleur de pêcher, encore frais

    je me souviens d’avoir emporté ces poèmes pour lire sous les fleurs

    c’était au printemps, bientôt une année déjà

     

    Ajoutant de l’eau dans le bassin des roseaux aromatiques et des narcisses

     

    mes vieux poèmes que je relis sont de nouveau frais

    une fois la lecture finie, fatigué je bâille et m’étire

    ces innombrables plantes dans le bassin se plaignent d’avoir soif

    mais le vieil homme a pour projet d’être un homme paresseux

     

    Poème en réponse à Lu Yu***

     

    enchaîné à ma fonction, du printemps je ne puis profiter

    ma barbe éclaircie est devenue comme de la neige

    au milieu des nuages je fréquente le poète

    oubliant les affaires, notre entente est parfaite

    si en vieillissant mes poèmes s’émoussent,

    grâce à ton talent tes vers sont toujours impeccables

    toute ma vie j’ai été ballotté,

    mon écriture vaut-elle encore grand-chose ? »

     

    * Une dizaine de jours avant le nouvel an, on installe un bulbe de narcisse dans une bassine d’eau (le lac) avec un caillou (la montagne). Le jour du nouvel an, les narcisses sont en fleurs.

    ** Wang An-shih (1021-1086), poète et homme d’état de la dynastie Song du nord

    *** Lu Yu (733-804), poète de la dynastie Tang

     

    Yang Wan li – 1127-1206

    Le son de la pluie

    Poèmes choisi et traduits du chinois par

    Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1988, 2008, 2017

    http://www.moundarren.com/poeteschinois/yangwanli

  • Lu Yu, « La nuit du 18e jour du 7e mois, composé sur l’oreiller »

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    « un éclair jaillit, il fait clair comme en plein jour

    pas encore apaisé le tonnerre gronde

    les nuages défilent confusément puis disparaissent

    lentement monte la lune solitaire

    dans les herbes couvertes de rosée des criquets conversent

    le vent dans les branches effraie les pies

    dès que la fraîcheur naît je me sens enfin à l’aise

    je dors profondément jusqu’à ce qu’à la fenêtre il fasse jour »

     

    Lu Yu

    Le vieil homme qui n’en fait qu’à sa guise

    Poèmes choisis et traduits du chinois par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1995, rééd. 2012

    https://moundarren.com/livre/lu-yu/

  • Lu Yu, « Écrit dans un moment de détente »

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    « Un vieil homme allant sur ses soixante-dix ans,

    En fait, tout pareil à un enfant

    Qui cherche en sanglotant les fruits des monts,

    Qui suit en éclatant de rire les mimes des villages,

    Ravi d’ajouter avec d’autres des tuiles sur le stupa,

    Debout, seul, se mirant dans un petit bassin,

    Qui prend entre ses doigts un livre usé à lire,

    Embrouillé comme s’il allait étudier à l’école… »

     

    Lu Yu – 1125-1210

    Traduit du chinois par Stéphane Feuillas

    in Anthologie de la poésie chinoise

    Pléiade / Gallimard, 2015

  • Chen Zu-ang, « Deux poèmes »

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    Wang Shimin, 1653

     

    « Quittant un ami par une nuit de printemps

     

    La fumée bleue de la bougie d’argent

    La coupe d’or digne d’un vin unique.

    Sortir vibrant aux luths et aux cithares

    Se séparer pour sillonner le monde.

    La lune sombre au-delà des grands arbres

    La Voie Lactée fond dans le ciel de l’aube.

    En route vers Lo-yang — tristesse douce

    À quand une soirée de retrouvailles ?

     

    Chanson en montant sur la terrasse de Youzhou

     

    Devant on ne voit pas l’homme d’avant —

    Derrière on ne voit pas l’homme d’après. —

    Pensant aux cycles infinis de l’univers

    La solitude amère et les larmes qui coulent. »

     

    Chen Zu-ang — 661-702

    in Ombres de Chine

    « Douze poètes de la dynastie Tang (680-870) et un épilogue »

    Choix, traduction et commentaires : André Markowicz

    Inculte / Dernière marge, 2015

    https://inculte.fr/produit/ombres-de-chine/