Lettre à Monsieur Besson
Les élections approchent. Il est grand temps d’agiter l’épouvantail de l’invasion barbare, de ressouder la Nation derrière des velléités fumeuses! Trois piliers nous semblent fonder la notion d’identité nationale en France : Liberté, Egalité, Fraternité. Ces trois symboles sont sérieusement mis à mal, Monsieur Besson, par le gouvernement auquel vous appartenez, après une volte-face qui en dit long des convictions politiques qui furent les vôtres. En effet, il y a une indécence des Privilèges dans ce pays, qui s’est trouvée confortée par le fameux bouclier fiscal qui n’empêche nullement la régression économique et le “Casse-toi pauvre con!”, fameux lapsus qui est la marque d’un mépris profond de l’idéologie de droite vis-à-vis des classes populaires. Nous passerons sur les dérapages racistes, les blagues de certains membres de votre majorité. Cela, souvent bien enfoui dans la Mémoire collective, prompte à dénicher les boucs émissaires d’aujourd’hui et de demain. L’histoire ne serait donc jamais donneuse de leçons !
J’ajouterai un quatrième pilier qui nous apparaît comme fondamental: celui de la laïcité, bafouée depuis des lustres, et de plus en plus, par votre gouvernement dont la politique va accroître la ghettoïsation sociale. La première injustice est celle du logement, du travail. Depuis longtemps, dans la réalité, les enfants des classes populaires n’ont pas les mêmes chances de réussite scolaire que les enfants des classes sociales supérieures qui vous soutiennent électoralement, même si elles ne sont pas les seules. On assiste aujourd’hui à un apartheid scolaire progressif, reposant sur le fait social, économique et religieux. En effet, tout petit, institutionnellement, on sépare les enfants qui n’ont rien demandé, eux. Ecole privée traditionnelle, catholique, juive, musulmane désormais, école où les enfants ne doivent pas être mélangés, ainsi en ont décidé les adultes, appuyés par une politique discriminatoire. Les écoles de la République devenant peu à peu des ghettos que vous aurez tout loisir de dénoncer à l’avenir, après avoir bradé l’école républicaine.
Est-ce de cette façon là que vous voulez fonder l’Identité nationale?
En outre, les forces sociales qui sont votre fer de lance (à de rares exceptions): industriels, financiers de tous bords, prédateurs aux visages invisibles, ne craignent pas de délocaliser, de spéculer, jetant les personnes dans la grande misère, l’angoisse, la tragédie. Quel est leur souci de l’intérêt national ? N’ont-ils pas plutôt souci de leurs intérêts privés ? En 1936, ces forces là clamaient déjà, Plutôt Hitler que le Front populaire. Ce sont les mêmes forces qui sont avec vous, aujourd’hui, accusant, au fond, les pauvres, les immigrés, plus largement les étrangers, de mettre à mal cette identité nationale que vous semblez tant chérir avec eux, tous ceux là qui s’abreuvent à l’esclavage moderne, embauchant les sans-papiers, sortes d’êtres virtuels, sans existence de chair, d’os et d’esprit: les Noirs, les Arabes, les Afghans, etc. Vous le savez, votre politique d’exclusion, d’expulsion, est un panier percé. Mais, sur le plan électoral, elle peut s’avérer féconde. C’est sans aucun doute cela qui fait s’agiter votre gouvernement, lui suggérant de faire resurgir les vieux démons pétainistes, cajolant les agriculteurs que le système capitaliste jette dans une impasse tragique, en conduisant un grand nombre au suicide.
L’histoire nous rappelle que des étrangers, les classes populaires ont souvent tout donné au moment sombre de notre histoire pour défendre la Patrie. Manouchian, par exemple, auquel rend hommage en ce moment un film de Robert Guédiguian. De quel côté était le Patronat français, Monsieur Besson, en 1939 ? Cessez donc de faire glisser le débat sur l’Identité Nationale sur un versant ethnocentrique, stigmatisant une nouvelle fois les Métèques. Prenez garde, cela est un brûlot. La seule identité que nous nous reconnaissons, c’est celle qui fait de chaque citoyen un homme libre, égal aux autres, fraternel. Nous sommes en effet loin du compte car la politique de casse sociale, culturelle, qu’applique avec soin, cynisme et arrogance, votre gouvernement, nous entraîne, dans les faits, aux antipodes. Notre espoir est que s’oppose à vos projets un mouvement massif et pensé, en mesure d’inventer autre chose que la fatalité désastreuse du capitalisme financier qui n’en a pas fini de tenter de nous faire avaler la couleuvre de la crise. La crise, pour qui, Monsieur Besson, pour les enfants gâtés de la République dont vous êtes ?
Oui, nous devrons inventer un autre monde si nous ne voulons pas que naissent d’autres barbaries. Pas seulement dans le verbe mais dans les actes. L’identité nationale est mise en péril par l’injustice sociale, ce que votre gouvernement n’admettra jamais puisque, pour lui, les intérêts de classe sont une vieille lune
L’avenir nous le dira. En tout cas, je ne me reconnais pas dans cette Identité Nationale que vous pensez refonder. Pourtant, je me sens français tout autant que vous.
Joël Vernet, écrivain
Dernier livre paru : le Séjour invisible

Dès son premier livre, Joël Vernet tentait de répondre à la violence du monde par la recherche éperdue des sensations de l’enfance. Il ne peut se résoudre à accepter les coups portés à la beauté et à l’innocence.
Ce nouveau livre a pour cadre la maison de l’enfance, les terres isolées de la Margeride. L’auteur y est réfugié et, tout en se livrant au courant des jours, il évoque les visages et les voyages qui ont jalonné sa vie. La figure du père, le grand "absent", la figure mythique de Rimbaud, la petite gitane qui envahit l’espace et la mémoire... C’est un voyage immobile, rythmé de temps de contemplation et de temps de réflexion, au cours duquel l’auteur ne cesse de s’interroger sur l’utilité, la portée, la sincérité des mots écrits ou parlés.
14X21 ; 15 € ; ISBN 9782356080134 ; EAN 9782356080134
L'Escampette, B.P. 7 - 86300 Chauvigny
Diffusion/distribution : Les Belles lettres

Jeudi 12 novembre — 18 h 30
Pierre Silvain, né en 1927 au Maroc, vient de mourir. Il avait publié, en août dernier, Assise devant la mer. Son précédent livre, Julien Letrouvé colporteur, avait particulièrement été remarqué. Son œuvre importante, depuis La Part de l'ombre, chez Plon en 1960, est à lire sans aucun doute.
Raymond Federman, né en 1928 à Paris, est mort le 6 octobre 2009 à San Diego en Californie.
Pierre Michon vient de le dire à l'instant sur France Cuture, Gérard Bobillier, notre cher Bob, vient de mourir. Fondateur, avec Colette Olive, Michèle Planel et Benoît Rivéro, des éditions Verdier qui fêtent cette année leur trentième anniversaire, il aura été l'éditeur d'un catalogue rigoureux, puissant, juste, net, exigeant. Mêlant littérature – française et étrangère –, philosophie, sciences humaines, les littératures fondamentales de la tradition juive, l'Islam sprituel, aussi bien que la tauromachie, la cuisine… Repreneur, quand il le fallait, de Deyrolle, Antigone, L'Éther vague, Farrago/Fourbis, pour que nous puissions continuer à les lire, il avait surtout cette part rare d'humanité, d'amitié, d'authenticité qui en faisait un être infiniment fréquentable.
« d’âge passée t’octroie
Julien Blaine (Christian Poitevin pour l’état-civil) né le 19 septembre 1942 à Rognac dans les Bouches-du-Rhône, vit à Ventabren, non loin de Marseille, et nomadise le plus possible. La clinique où il est né est devenue une bibliothèque ce qui n’est évidemment pas pour lui déplaire.
« Trop marché dans la montagne ?


Aujourd'hui c’est l'anniversaire de Pierre Reverdy, né le 13 septembre 1889 à Narbonne et mort le 17 juin 1960 à deux pas de