mercredi, 19 mars 2008
Gérard Haller
« Garten elle disait autrefois : jardin et c’était là / tout / le rose avec la peau rose dedans toute nue des roses et le rouge avec le sang etc. des baisers / oh / et les iris / les œillets / les lilas endeuillés déjà / tous les noms là-bas des fleurs et la chose sans nom dedans à porter / regarde elle disait c’est pour toi
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Licht elle disait : lumière. Chaque fleur là-bas. Coupée déjà de la lumière et annonçant la nuit dedans à venir
Regarde : multipliant comme ça la lumière
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[NOIR]
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chaque fleur oui et chaque chose comme ça / pierre / plante / bête / âme / chaque âme / chaque corps dedans abandonné déjà nu sans nom au bord de la lumière
regarde elle disait : portant déjà sa propre poussière »
Fini mère
Galilée, 2007
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mardi, 18 mars 2008
Wallace Stevens
« La maison était tranquille et le monde était calme.
Le lecteur devint le livre ; et la nuit d’été
Fut comme l’être conscient du livre.
La maison était tranquille et le monde était calme.
Les mots furent parlés comme s’il n’y avait pas de livre,
Sauf que le lecteur s’inclinait vers la page,
Voulait s’incliner, voulait être avant tout
L’étudiant pour qui son livre est vérité, pour qui
La nuit d’été est comme la perfection de la pensée.
La maison était tranquille parce qu’elle devait l’être.
La tranquillité faisait partie du sens, partie de l’esprit :
Accès parfait à la page.
Et le monde était calme. La vérité dans un monde calme,
Dans un monde où il n’y a pas d’autre sens, lui-même
Est calme, lui-même est l’été et la nuit, lui-même
Est le lecteur qui se penche et qui lit. »

Description sans domicile
Traduit de l’américain
Éditions Unes, 1989
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lundi, 17 mars 2008
Franck Venaille

Quelqu’un, un jour, révélera le secret.
Ce sera par un après-midi de psaumes.
L’un de ces jours où les hommes s’enferment entre eux.
Pour rire de tout. Pour se moquer d’eux-mêmes (du moins je l’espère).
Nos villes de draps noirs sentent l’Histoire à en vomir.
Nos villes d’arquebuses ne suivent pas le cheminement pourtant lent de la langue.
On y éructe & bien davantage !
Cela fait un vacarme d’armures brisées à la lance, à la lourde épée.
Je suis d’ici — d’ici — je suis d’ici.
Je suis d’ici & en même temps il me semble ne pas encore être au monde.
Enfant-en-moi-de-la-douleur-première, où es-tu, & comme tu me manques !
Tu es l’expression même de l’amour mais s’il m’arrivait d’exposer mon cœur dans un bocal de fête foraine,
le reconnaîtrais-tu parmi les autres ? »
Chaos
Mercure de France, 2006
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dimanche, 16 mars 2008
Pier Paolo Pasolini

La Divine Mimésis
Traduit de l’italien par Danièle Sallenave
Coll Littératures étrangères , Flammarion, 1980
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samedi, 15 mars 2008
Roger Laporte
Écrire la musique
à Passage, 1986
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vendredi, 14 mars 2008
Leslie Kaplan

Le refus du cas
in « Les écrivains et la psychanalyse »
Magazine littéraire n° 473, mars 2008
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jeudi, 13 mars 2008
Marguerite Duras

Que tout avait été habité, occupé, par des peuples, des gouvernements.
Qu’il y avait des palais sur les rives des fleuves et, entre les palais, des fourrés d’orties, de ronces et des nuées d’enfants courants. Des femmes, maigres.
Qu’il y avait des îles.
Des temples.
Qu’il y avait une forêt.
Je ne sais rien des généralités des peuples et du monde.
Aucune d’entre elles ne me tiendra lieu de vous, de cette préférence que je vous porte. Aucune. »
Aurélia Steiner
Mercure de France, 1979, rééd. Folio n° 2009, 1989
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mercredi, 12 mars 2008
Cormac McCarthy

Il se pourrait bien qu’on vous entende, dit Suttree.
J’voudrais, dit le chiffonnier. De ses yeux bordés de rouge, il jeta un regard furibond de l’autre côté de la rivière vers la ville sur laquelle descendait le crépuscule. Comme si la mort s’était embusquée dans ce quartier.
Personne ne veut mourir.
Merde, dit le chiffonnier. En voilà un qui en a plein le dos de vivre.
Vous donneriez tout ce que vous avez ?
Le chiffonnier lui lança un regard soupçonneux mais ne sourit pas. Ça sera pas long, dit-il. Les jours d’un vieux ça file comme des heures.
Et ensuite qu’est-ce qui se passe ?
Quand ?
Après que vous êtes mort.
Y’a rien qui s’passe. T’es mort.
Vous m’avez dit une fois que vous croyiez en Dieu.
Le vieil homme agita la main. Peut-être, dit-il. J’ai aucune raison de penser qu’il croit en moi. Oh, j’aimerais bien le voir une minute si j’pouvais.
Qu’est-ce que vous lui diriez ?
Ben, je crois que tout ce que j’lui dirais. Que j’lui dirais : Attendez une minute. Attendez une minute avant de vous mettre après moi. Avant que vous dites quoi que ce soit, il y a juste une chose que j’voudrais savoir. Et alors Lui y dirait : Qu’est-ce que c’est ? Et alors, je lui demanderai : Pourquoi donc que vous m’avez embarqué dans ce jeu de couillons, en bas ? J’ai jamais rien compris là-dedans.
Suttree sourit. Qu’est-ce que vous croyez qu’il répondra ?
Le chiffonnier cracha et s’essuya la bouche. J’crois pas qu’y puisse répondre à ça. J’crois pas qu’y ait d’réponse. »
Suttree
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Guillemette Belleteste
Actes Sud, 1997, rééd. Points/Seuil n° 489, 1998
13:03 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent
mardi, 11 mars 2008
Walter Benjamin


Sur le concept d’histoire
Traduction de l’allemand
in Walter Benjamin, Œuvres III,
14:56 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent
lundi, 10 mars 2008
Pascal Quignard
Aucun homme ne peut l’arrêter car il court vers la mort.
Tous partent aujourd’hui pour arriver hier.
Abîmes
Grasset, 2002, rééd. Folio n°4138, 2004
15:27 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent
dimanche, 09 mars 2008
Isabelle Baladine Howald

Lettre de Poméranie
Éditions Jacques Brémond, 1996
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samedi, 08 mars 2008
Thomas Bernhard

Maîtres anciens
Traduit de l’allemand par Gilberte Lambrichs
Gallimard, coll. Du Monde entier, 1998, rééd. Folio n° 2276, 1991
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