lundi, 24 février 2014
Christian Gabriel Guez Ricord — « Lettre à Colette Deblé »
« J’ai habité votre fenêtre, tel pourrait être le début d’une lettre amoureuse ; si elle n’était vôtre, c’était du moins une fenêtre que j’ai habitée une nuit. Quelle chute y attendais-je ? La fenêtre serait le lieu limite de l’attente, celui qu’habitent folie et suicide. C’est pourquoi les fenêtres me fascinent, regards mais aussi abris quand on ne peut ni entrer ni se jeter dans le vide. Un monde qui n’est pas le monde et qui n’est pas non plus le non-monde de la transcendance, voici la fenêtre, lieu d’un vécu imaginaire et parfois dangereux. Ni être ni ne pas être, tel est le cri du fou coincé sur le rebord de la fenêtre et, passée l’anecdote, vos fenêtres sont aussi là pour être des lieux en soi, elles pourraient être les reliures d’un dernier cri comme la patène d’un rouge-gorge.
Je veux célébrer en vous cette illumination d’un ordre qui est à côté, d’un espace différent, ni le haut ni le bas, d’un support qui tente l’impossible de sa situation objective comme définitive et, semble-t-il, soumise à un destin unique et immortel, être ouvert ou fermé. Vous avez peint le lieu de la poésie quand elle se souvient d’avoir bâti une demeure dans les temps, la nue du principe ; et d’y avoir veillé, dans l’attente de quelqu’un, la proximité de la flamme qui, près du lit des chambres, se réfléchit sur la vitre d’un silence improbable, que l’immobile retient comme l’impossible salut des nuits où le soleil ne se lève jamais. »
Christian Gabriel Guez Ricord
Lettre à Colette Deblé
33 exemplaires accompagnés d’une gravure originale de Colette Deblé numérotés de 1 à 33 et 100 exemplaires numérotés de 34 à 133, tous signés par l’auteur, imprimés sur vélin d’Arches par Soulié, Atelier Breteuil à Marseille. Exemplaire n° 15.
L’Atelier Blanc, 1979
Note : Christian Gabriel Guez Ricord a donné à son prénom la forme définitive Christian Gabrielle à partir de 1986
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samedi, 22 février 2014
Emmanuel Hocquard, Raquel, « Du 1er janvier »
« Les champs décolorés et la chaleur aussi paraissaient sans limites.
Sans violence. Jour après jour. Fixant la contrée dans ses habitudes et son isolement.
Comptant les pas.
C’est un murmure loin de l’été.
Dans le froid, un petit feu qui réchauffe mal.
Quand on va tomber de sommeil, le silence sépare du peu de bruit que font ceux qui parlent.
Le costume lui-même devient un accident.
Une étendue vide en forme d’arc-en-ciel.
Emmanuel Hocquard
Du 1er janvier
avec une gouache de Raquel
200 exemplaires sur vélin d’Arches, tous numérotés.
Exemplaire n° 41, avec un envoi
Orange Export Ltd, 1980
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mardi, 18 février 2014
Michaël Glück, Anik Vinay, « Tour Aurore, place des Reflets »
I
quai d’une gare
l’attente d’un train
la patience minutieuse
les pas
le long le large
la geste des voyageurs
les talons hauts
près des valises
VII
la destination
l’adresse de la langue
une flaque d’eau
un nuage entre les rails
j’attends
tu es là dans le jour »
Michaël Glück
Tour Aurore, place des Reflets
avec une gravure d’Anik Vinay
130 exemplaires numérotés et signés. Achevé d’imprimer en juillet 1987 par l’Atelier des Grames, 9e titre de la collection « Les Florets » animée par Gil Jouanard. Exemplaire : 35
Atelier des Grames
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dimanche, 16 février 2014
Maurice Roche, Philippe Sollers, « Correspondance complète »
J’ouvre aujourd’hui une nouvelle rubrique que j’intitule, en hommage à Walter Benjamin : Je déballe ma bibliothèque. On y trouvera quelques extraits et une image des livres rares que je range dans une grande bibliothèque noire et vitrée.
« Cher Roche,
“Si la pierre tombe sur l’œuf,
malheur à l’œuf.
Si l’œuf tombe sur la pierre,
malheur à l’œuf.”
(Proverbe bulgare)
Philippe Sollers
Cher Sollers,
“Quand on pédale dans le yaourt, on fait son beurre.”
(Autre proverbe bulgare)
Maurice Roche »
Maurice Roche, Philippe Sollers
Correspondance complète
achevée d’imprimer le 31 décembre 1986 à 33 exemplaires sur Pur Chiffon du Moulin de Larroque numérotés, ainsi que quelques H.C. Exemplaire : H.C
Éditions Unes
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