Henry Bauchau
le Boulevard périphérique, Actes Sud, 2007
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Anne-Marie Garat
István arrive par le train du soir
Seuil, Coll. Fiction & cie, 1999
“ Avec quoi fait-on la morale et la science et les lois de la vie ?
Toujours avec le désespoir des autres. “
Charles-Albert Cingria
Dans l'incapacité d'écrire en ce moment, je m'appuie sur les mots des autres qui me sont nécessaires. Il faut lire Cingria qui est un grand méconnu et un frère si nécessaire. Comme Rousseau, comme Montaigne, comme Quignard, Sebald, Walter Benjamin, Kafka, Hrabal, Bernhard... comme tant d'autres. Ils sont là. À nos côtés, ils nous soutiennent.
“ Je n'ai jamais pensé que la liberté de l’homme consistat à faire ce qu'il veut, mais bien à ne jamais faire ce qu'il ne veut pas. “
Jean-Jacques Rousseau
Les Rêveries du promeneur solitaire
Pléiade
“ Non je n'ai pas pleuré toutes mes larmes
Elles se sont amassées en moi.
Depuis longtemps mes yeux n'en ont plus,
N'en ont plus aucune, et je vois le monde. “
Anna Akhmatova
Requiem et autres poèmes
Traduit du russe par Jean-Louis Backès
Poésie/Gallimard
"De l'immense majorité d'entre nous, on exige une duplicité constante, érigée en système. On ne peut pas, sans nuire à sa santé, manifester jour après jour le contraire de ce qu'on ressent réellement, se faire crucifier pour ce qu'on n'aime pas, se réjouir de ce qui nous apporte le malheur. Notre système nerveux n'est pas un vain mot ni une invention. C'est un corps physique composé de fibres. Notre âme est située dans l'espace et se place en nous comme les dents dans la bouche. On ne peut sans cesse la violenter impunément."
Boris Pasternak
Le Docteur Jivago
traduit du russe par Michel Aucouturier, Louis Martinez,
Jacqueline de Proyard et Hélène Zamoyska
Quarto, Gallimard, 2005
Rainer Maria Rilke
extrait de La trilogie espagnole
traduit de l'allemand par Philippe Jaccottet,
in Œuvres 2, poésie, Seuil, 1972
Lenz
Georg Büchner
Traduction d’Henri-Alexis Baatsch
10/18, 1975, repris Christian Bourgois, 1985
Lire également : le 20 janvier de Jean-Christophe Bailly, Christian Bourgois, 1980*
Büchner
Les premières lignes du Lenz de Büchner :
Lenz
Internet, le livre et la circulation des idées
Lekti lance une pétition à laquelle j'adhère résolument. Je ne puis que vous inciter à la signer pour que ce qui nous réunit le mieux, le livre, soit toujours et encore un lieu d'amitié, de folie, de résistance et pas seulement un produit commercial.
Vous pouvez signer le texte de la lettre ouverte présentée ci-dessous.
http://www.lekti-ecriture.com/contrefeux/Appel-pour-le-livre,316.htmlInternet est une chance formidable pour le livre : ce médium permet à l’ensemble des lecteurs de percevoir une production qui était jusque-là, parfois, difficile d’accès. Internet permet de découvrir de nouveaux auteurs, de nouveaux textes, de nouveaux éditeurs, et d’enrichir considérablement l’accès à la culture pour tous.
Pour autant, depuis moins d’un an, la mise en place d’un vaste monopole sur la vente en ligne de livres sur l’Internet, avec Amazon.fr, menace de manière profonde la diversité culturelle que nous sommes en mesure d’attendre de l’Internet. La politique commerciale très agressive de ce groupe, qui demande des marges commerciales extrêmement élevées aux plus petits éditeurs, les fragilisant de manière excessive, afin de financer leur politique de frais de port offerts, menace de manière profonde la promesse d’une plus grande accessibilité au livre pour tous, sur l’Internet.
Amazon exclut désormais, de manière systématique, la présentation de livres dont les éditeurs refusent de se soumettre à leurs conditions commerciales. La politique des frais de port offerts par Amazon est rendue possible par la demande de surremises aux éditeurs, non par une plus grande efficacité économique, contrairement à ce qu’il est souvent affirmé. La gratuité des frais de port est une illusion, puisque ce dispositif est « financé » par les éditeurs, à qui il est demandé une remise plus importante.
Amazon.fr a été condamné en décembre 2007 pour le non-respect de la loi Lang, autrement appelée Loi sur le prix unique du livre, une loi considérée comme « la première loi de développement durable », qui garantit un prix de vente des livres souvent inférieur à celui pratiqué dans des pays qui ne disposent pas d’un tel dispositif, et permet à l’ensemble des acteurs du livre de recevoir une juste rétribution.
Amazon a décidé de ne pas respecter le jugement, de manière volontaire, et de stigmatiser de manière très violente, à travers un forum et une pétition, les librairies françaises. Contrairement à ce qu’il est parfois affirmé, les gens du livre, notamment les libraires, n’ont pas peur de la révolution numérique. Ils ont simplement besoin que soient respectés les principes essentiels liés au commerce du livre, qui sont ceux d’une concurrence saine basée sur le savoir-faire de chacun d’entre eux, afin d’assurer à tous un plus grand accès à la culture.
Nous, simples lecteurs comme professionnels, demandons donc aux hommes politiques de réagir, et de renforcer les dispositions de la loi sur le prix unique du livre et de l’adapter à l’univers du numérique, afin qu’elle ne soit plus contournée de manière systématique par les grands sites Internet de vente en ligne dont certains, placés en situation d’abus de position dominante, concourent de manière importante à fragiliser le socle sur lequel peuvent s’appuyer les auteurs, pour diffuser la création et les idées.
Nous demandons également aux pouvoirs publics de faire respecter une décision de justice qui vient justement de condamner un site Internet de vente de livres.
"J’ai remarqué dans les vicissitudes d’une longue vie que les époques des plus douces jouissances et des plaisirs les plus vifs ne sont pourtant pas celles dont le souvenir m’attire et me touche le plus. Ces courts moments de délire et de passion, quelque vifs qu’ils puissent être ne sont cependant, et par leur vivacité même, que des points bien clairsemés dans la ligne de la vie. Ils sont trop rares et trop rapides pour constituer un état, et le bonheur que mon cœur regrette n’est point composé d’instants fugitifs mais un état simple et permanent, qui n’a rien de vif en lui-même, mais dont la durée accroît le charme au point d’y trouver enfin la suprême félicité.
Josée Lapeyrère était née dans le Gers où elle avait une maison près de Lectoure. Elle vivait et écrivait à Paris où elle était psychanalyste.
Elle avait publié de nombreux livres tous passionnants. En 2005, le bleu du ciel avait fait paraître, dans la collection Biennale des Poètes en Val-de-Marne, dirigée par Henri Deluy, ce joyeux livre collectif avec ses amies Liliane Giraudon, Anne Portugal et Michèle Grangaud : Marquise vos beaux yeux où les quatre voix se mêlaient pour donner à lire ce qui du privé devient commun et indispensable à chacun. Une lecture concert avait eu lieu au Molière-Scène d'Aquitaine avec les quatre auteurs et le pianiste Benoît Delbecq.
Dans l'Éloge du coureur publié par Al Dante/Niok en 1998, elle écrivait :
" Il est des phrases qui bouleversent la langue maternelle. Leur trajet à travers sa texture en emporte la profondeur et délivre – grâce aux césures, au jeu entre les sons et le rythme – des sens inattendus et multiples, à ricochets, à rebondissements que n'épuise pas la traversée des siècles.
On peut lire entre les lignes l'empreinte de toutes les lettres qu'il a fallu abandonner, la marque des battements où se sont divisés les chemins, le souvenir des rencontres inédites qui ont incurvé le parcours, les traces des deuils successifs qui ont allégé et soutenu la progression de la marche.
Marque du vacillement rompu par le tranchant du choix qui fait que telle phrase devenue nécessaire tient debout seule appuyée sur ses trous d'air et continue à respirer contre le temps qui passe."
C'est le meilleur éloge qui soit, ce soir.
"L'écart entre la réputation faite à un auteur et la somme de ferveur réelle et éclairée qu'on lui voue traduit simplement, si l'on veut, ce fait d'observation courante : c'est que, dès qu'il s'agit de littérature, il y a en France plus de gens qu'ailleurs pour ”réciter le journal”."
La littérature à l'estomac, José Corti, 1950
Christian bourgois était un seigneur. Ça devient rare. Il va falloir les protéger comme les baleines. C'était un éditeur, un grand.
Né à Antibes en 1933, il est mort jeudi matin à Paris, à 74 ans, des suites d’un cancer qu’il a supporté avec son élégance coutumière. L'élégance d'un seigneur.
Il aimait les livres et leurs auteurs et leurs traducteurs, c'est rare.
Jim Harrisson, Jean-Christophe Bailly, Antonio Lobo Antunes, Michel Deutsch, Laura Kasischke, Linda Lê, Juan Marsé, Enrique Vila-Matas… doivent tous être en larmes depuis hier. Ils ont perdu leur éditeur en France.
Allez les rejoindre et tous les autres sur www.christianbourgois-editeur.fr/
Il va sérieusement manquer.