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Un nécessaire malentendu - Page 99

  • BIbliothèque Mériadeck, 6 décembre, 18h

    c5e52b23cbbcf3f7d1ae43cf038118eb.jpgPASCAL  QUIGNARD  
    LA NUIT SEXUELLE  

     
    Conférence
    Jeudi  6 décembre à 18 h
      
    En partenariat avec la librairie Mollat 

    Bibliothèque Meriadeck , 85, cours du Maréchal-Juin  33000 Bordeaux
    Salle de conférences  niveau -1   Rens. 05.56.10.30.02  Entrée  libre

    <http://www.bordeaux.fr/>   
    4662e324829fb0dfc641da55f21db43f.jpg

  • Les Carcasses

    fad0a48ff2a200a41ed250552be02656.jpgRaymond Federman

    Les Carcasses

     

    Si ce n'était Raymond Federman qui donc pourrait nous entraîner au pays des carcasses… pas grand monde… Pas grand monde en effet qui soit capable aujourd'hui, dans un univers littéraire de plus en plus étriqué et sec, qui ait les moyens de prendre la mort avec le sérieux nécessaire et la dérision indispensable. Cette histoire qui nous concerne évidemment, puisque, que l'on soit écrivain, mouche, rose, lion d'Afrique en exil à San Diego, radis, artichaut, chêne… on sera carcasse, dans la zone des carcasses où le temps prend le temps de ne plus bouger d'un iota. Pas grand monde qui soit capable surtout de faire ce remarquable saut de l'ange inversé à la fin – justement – pour nous remettre, le temps de quelques phrases, les idées en place, et la mort en face.

    « Dans un moment de réflexion j’ai levé les yeux là-haut sur les housses du ciel puis sur la splendide vue devant moi
    – incroyable – et j’ai pensé – quand tu mourras tout cela s’éteindra – plus rien à voir – nothing more –
    juste le noir – ça sera comme si tu plongeais dans un grand trou noir – la tête la première qui fendra l’air – »



    Librairie Olympique, 23, rue Rode - 33000 Bordeaux

    05 56 01 03 90 infos@librairie-olympique.fr

    2007 ; 11x18; 36 p. ; 6 € ; ISBN 978-2-9527604-1-6

  • BJF

    Bordeaux Jazz Festival
    Samedi 3 novembre

    3 concerts sur les 4 de la journée.

     

    4f61963bd9e118661230aec9768c85e2.jpegÀ 16h au Goethe Institut concert solo de Paul Rogers à la contrebasse à sept cordes.
    Paul Rogers est un personnage peu commun. Tout du bûcheron au physique et même dans l’approche de l’instrument.
    L’instrument d’abord, une contrebasse à sept cordes (une plus grave et deux plus aigus que sur la contrebasse standard – mi la ré sol) et sur la table d’harmonie une sorte de guitare à quatorze cordes (sympathiques), en forme d’ovale, d’olive, de ballon de rugby, que sais-je… bref, c’est un prototype étonnant – fabriqué par Antoine Leducq à Nîmes –, très costaud, trapu et massif, au manche large comme les mains du musicien, épais comme ses avant-bras rudes.
    Le concert d’un peu plus d’une heure donna à entendre trois improvisations, profondes, sombres, dures, parfois cauchemardesques, rarement légères, le combat pour la vie en somme.
    Les archets ont dérouillé sous les coups de scie, sous le ahan du bûcheron, sous le pic du mineur, les charges de porte-faix… cette musique là ne saurait laisser indifférent, elle m’a bouleversée, comme m’a bouleversé le petit homme qui s’est battu avec un instrument androgyne pour donner à entendre son rude engagement de musicien et d’homme, sa joute avec l’instrument pour donner à entendre quelque chose du chant des origines. Une vraie rencontre.
    À écouter Being du même – et qui nous transporte vers des univers plus calmes, plus reposés, plus simples peut-être, plus chantant aussi, même si sous chaque note on pressent un hurlement retenu – qui vient de sortir sur le label de Mathieu Immer, Amor Fati (cf. «liens» sur ce blog), dans la collection «Live au Musée d’Aquitaine», coproduit avec le BJF, en même temps qu’un trio de batterie de Didier Lasserre, Edward Perraud et Mathias Pontevia.


    On sauta Wormholes. C’est comme ça.

    21 h : Vincent Courtois quartet – Vincent Courtois : violoncelle, Jeanne Added : voix et violoncelle, Marc Baron : saxophone, François Merville : batterie.
    Nom d’une pipe, tout pour réussir individuellement – légère réserve pour le jeu archi convenu du batteur très satisfait de ses pitreries qu’il prend pour des trouvailles – et rien qui passe ensemble, ça ne décolle jamais. On lâche un ou deux frissons pas plus. Dommage, cette voix, ce saxophone, ce violoncelle peuvent sans conteste mieux faire. Ça manquait juste d’engagement. À visiter les sites de chacun pour en avoir une idée, et surtout écouter What Do You Mean By Silence ? , TRI 06513.

     

    23 h David Lynx & Diederik Wissels quartet – David Lynx : chant, Diederik Wissels : piano, Christophe Wallemme : contrebasse, Stéphane Huchard : batterie
    Public conquis d’avance. Je ne connaissais pas le bonhomme – David Lynx, franco-américain à ce qu’il semble, intéressant à voir. Malgré tout concert plan-plan plus proche de la variétoche que du jazz, devant un public finalement assez peu connaisseur puisque se roulant par terre devant les facilités du batteur – bien lourd et peu nuancé – et ne récompensant que bien mal le jeu autrement plus intéressant de Christophe Wallemme et Diederik Wissels, cherchant chacun la note juste – l’incarnation de la note – pour sauver ce qui restait de la musique. David Lynx a beaucoup d’énergie et une voix assez étonnante, au spectre large, il doit être sans mal capable de bien mieux. Une autre fois.

     

  • Lettres du Monde

    43a25ca258af37bfe250d4951d375966.jpegDe grands moments pendant ces Lettres du Monde.

    Trop nombreux pour être tous cités, sans doute.

    Mais, parmi tous ces évènements, écouter Anne-Marie Garat parler de Peter Esterházy  et plonger aussitôt dans la lecture de cet écrivain inouï (Une femme) – à ce propos on doit écouter sur le site de Mollat le podcast :

    www.mollat.com/conferences/peter-esterhazy-par-anne-marie-garat-1830.html –,

    rencontrer l'incroyable Agata Tuszynska (photo du bas) et son Une histoire familiale de la peur (Grasset),

    et retrouver Marek Bienczyk (photos) – en compagnie de son traducteur – pour la remise du prix Écureuil – prix intéressant puisque décerné à l'auteur et au traducteur du livre – à la librairie Georges à Talence pour son livre Tworki – lire à ce propos sur ce blog : http://www.unnecessairemalentendu.com/archive/2007/06/29/marek-bienczyk-tworki.html,

    furent de ces rencontres dont on rêve et qui travaillent longtemps en chacun.

    On en redemande donc.

    84e8f9f7c2de94d2169d80ef400040d5.jpeg


  • CIPM

    03abec201a3adf8cdf5075d64b64268d.gifLes incertitudes du cipM

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    Ce jeudi 25 octobre, 11 h 30, à l’Opéra de Marseille va être présenté le projet de candidature de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013.

    À l’heure où cette présentation va avoir lieu, et après les incertitudes qui ont pesé ou qui pèsent encore sur le comptoir Toussaint / Victorine et sur le théâtre de la Minoterie, des incertitudes pèsent aussi depuis quelque temps sur le cipM (centre international de poésie Marseille).

    La convention d’occupation triennale entre le cipM – créé en 1990 à la demande de la Ville de Marseille – et cette dernière arrive légalement à terme le 6 mai 2008.
    La DGAC (Direction Générale des Affaires Culturelles) ne souhaite pas renouveler cette convention, aux prétextes de sécurité et de circulations différenciées pour des publics non muséaux.

    Cette situation n’est pas nouvelle puisqu’elle dure depuis plus de trois ans, mais finit par nous lasser et par nous empêcher de travailler sereinement.

    Pour mémoire, la même demande, quitter la Vieille Charité, nous avait été faite il y a quelques années, nous avons alors prospecté plusieurs locaux, et proposé à la DGAC d’occuper sur la Canebière l’ancienne librairie Flammarion. Après visite et chiffrage, la DGAC nous demande de trouver avec ses autres partenaires environ 50 % du financement de l’ensemble des travaux d’aménagements.
    Le cipM les trouve, la DGAC nous fait alors part de notre incompréhension, nous signifiant que les 50 % s’appliquent à l’ensemble de l’opération ! Nous ne nous décourageons pas et quelques mois plus tard (assez fiers, il faut le dire), nous annonçons que nous avons trouvé auprès de nos autres partenaires (État, Région, Département) 950 000 euro.
    C’est alors que se fait un assourdissant silence : nous n’aurons jamais de réponse écrite à propos de ce projet de la part de la DGAC.

    À l’heure de la candidature de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013, hors l’injonction de la DGAC de nous faire quitter la Vieille Charité, nous ne savons pas quelles seraient les conditions, notamment financières, d’un relogement. Conditions que nous avons pourtant demandées à plusieurs reprises.

    À l’heure de la candidature de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013, hors l’injonction de la DGAC de nous faire quitter la Vieille Charité aux prétextes de sécurité et de circulations différenciées pour des publics non muséaux (mais comment donc différencier un public muséal d’un public non muséal ? Ne vont-ils pas, publics confondus, visiter un bâtiment, regarder une exposition, travailler dans une bibliothèque ou un centre de documentation, se restaurer dans un café, acheter des livres dans une librairie ?), nous ne savons pas quelles seraient les conditions de sécurité à respecter afin de pouvoir rester à moindres frais pour la Ville de Marseille sur ce lieu.

    À l’heure de la candidature de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013, nous nous demandons tout simplement si la DGAC a le désir de soutenir le cipM, de lui laisser la possibilité de continuer son travail entamé il y a bientôt dix-huit ans.

    Travail, action, ténacité, rayonnement que nous avons su donner à ce lieu, cohérence et originalité de notre démarche, mais aussi compréhension, écoute et soutien de nos partenaires, des poètes et écrivains, qui nous ont valu une reconnaissance nationale et internationale.

    À l’heure de la candidature de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013, nous ne voudrions pas commencer une nouvelle année en ne sachant pas dans quel lieu nous pourrons assurer notre programmation, dans quel lieu se trouveront les quelques 40 000 documents de notre bibliothèque unique en France, dans quel lieu nous pourrons accueillir nos résidents, dans quel lieu nous pourrons montrer nos expositions, dans quel lieu nous pourrons organiser nos lectures et performances, dans quel lieu nous pourrons tout simplement continuer à faire rayonner la poésie.

    Pour nous exprimer votre soutien, signez cette pétition via internet, à cette adresse : Les Incertitudes du cipM


    JE SOUTIENS LE CIPM

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  • Ritournelles

    c6f912405649d87db6d8e2a57b4dc73b.jpgOuverture du festival Ritournelles
    autour des éditions Inventaire-Invention

    mercredi 10 octobre

    Loft privé, 9 rue Maurice, 33000 Bordeaux
    Parking Chartrons Hangar 15/16
    Tram B Arrêt Cours du Médoc


    Lectures et concert avec Eddie Ladoire et Mathieu Immer
    Avec : Philippe Adam / Julien Blaine / Patrick Bouvet / Jean-Michel Espitallier

    D’abord pôle multimédia de création littéraire, la revue Inventaire-Invention créée en 1999 est devenue peu à peu une petite maison d’édition pas tout à fait comme les autres. Les courts textes publiés et diffusés en librairies par ces éditions sont aussi disponibles en accès libre sur Internet. http://www.inventaire-invention.com
    « Ce qui me tient à coeur, c’est la question de l’écriture du réel. Cette notion extrêmement contradictoire, complexe, qui veut tout et rien dire mais qui me parle. Le réel ne tient pas en place, ne se laisse pas saisir, il est fuyant. Vouloir croire comme dans l’écriture réaliste que c’est en employant une langue plate et sans recherche qu’on va saisir le réel est une erreur fondamentale. Le réel se fout de ça. Il attend autre chose. L’idée d’Inventaire/Invention est basée sur cette espèce d’instabilité foncière, l’impossibilité de dire ‘‘le réel est là’’. Le réel est tout sauf là. Il est où on ne l’attend pas. »

    Philippe Adam est l’auteur d’un premier roman remarqué, De Beaux restes (Verticales, 2002). Il a ensuite conçu pour la collection Minimales un étrange pari littéraire avec La Société des amis de Clémence Picot (Verticales, 2003). Canal Tamagawa, son troisième texte, a été écrit à la Villa Kujoyama à Kyoto en 2004 (Verticales).
    Il a également publié chez Inventaire/Invention éditions
    Chirurgie, 2002.
    Le syndrome de Paris, 2005.
    France audioguide, 2007.


    Julien Blaine. Poète et performeur, Julien Blaine est un acteur incontournable de la littérature contemporaine. Il est également le créateur du Centre International de Poésie de Marseille (cipM), de la revue d’avant garde Dock(’s) et de nombreuses manifestations publiques.
    « Pas besoin d’en rajouter, JB, est un pilier majeur de la poésie contemporaine française et l’un de ceux qui passent le mieux la rampe des lectures publiques, y compris à l’étranger. Mais c’est aussi un hyper-activiste que les ennemis de la poésie et les artistes plus ou moins usurpateurs des découvertes des poètes ont bien du mal à contenir ! C’est dans ses débordements tonitruants ou drolatiques qu’on le préfère.»
    sitaudis.com

    Patrick Bouvet. Écrivain et plasticien, Patrick Bouvet expérimente une écriture croisant
    les techniques musicales du remix et celles du collage en arts plastiques. En détournant les formulations médiatiques, il propose une interrogation poétique sur la représentation du monde induite par le médiatique. (Inventaire-invention)
    Bibliographie
    Aux éditions de l’Olivier : In situ, 1999 ; Shot, 2000 ; Direct, 2002 ; Chaos boy, 2004 ; Canons, 2007.
    Aux éditions Inventaire-invention :
    Ciel à l’envers, 2000 ; Expérience, 2001 ; Client zéro, 2002 ; Flashes, 2005.


    Jean-Michel Espitallier.
    « Jean-Michel Espitallier est l’un des poètes les plus mobiles et véloces de sa génération. » Patrick Kéchichian, Le Monde
    Il a publié Gasoil : prises de guerre, 2000 et Le Théorème d’Espitallier, 2003, éditions Flammarion ; En guerre, 2004, éditions Inventaire-invention ; Toujours jamais pareil (avec Pierre Mabille), éditions Le Bleu du ciel, 2005 ; Tractatus logo mecanicus (pensum), éditions Al Dante, 2006 ; Pièces détachées : une anthologie de la poésie française aujourd’hui, Pocket, 2000 et Caisse à outils, un panorama de la poésie française aujourd’hui, Pocket, 2006.

    Mathieu Immer et Eddie Ladoire
    Après une première apparition en mars 2007 (Nuit de la Création - TNBA), deuxième opus d’un duo bordelais : les musiques digitales d’Eddie Ladoire se mêlent de nouveau à la contrebasse de Mathieu Immer. Deux approches instrumentales opposées, un même souci du son.


    Mathieu Immer
    Contrebassiste, Mathieu Immer multiplie les rencontres avec des artistes, musiciens, écrivains, danseurs ou gens de théâtre. Il a fondé avec Didier Lasserre et dirige le label de musique improvisée Amor fati.

     

    67a97b3e25d877929c0f55cf4a06fc59.jpgJeudi 11 octobre : 10h00-16h00
    Théatre Molière - Scène d’Aquitaine Bordeaux
    L’écrit contemporain et la musique
    Journée de réflexion Musique improvisée & électronique

    en partenariat avec l'Arpel Aquitaine 


            09h30 : Accueil
            10h00 : Introduction d’Omar Berrada (modérateur)
            10h30 : Ecriture et musique improvisée

            Intervenants : Beñat Achiary, Julien Blaine, Didier Lasserre
            11h30 : L’exemple d’une résidence de création
            Intervenants :Patrick Bouvet, Eddie Ladoire
            12h30 - 13h45 : Déjeuner libre
    925f774155493b8ff03b6e9f7f25faa1.jpg13h45 : Promouvoir les créations croisées
    Intervenants :Didier Arnaudet, Julien Blaine, Mathieu Immer
    14h45 : Quelques exemples de créations
    Intervenants : Julien Blaine, Jean-Michel Espitallier, Joëlle Léandre
    16h00 : Conclusion d’Omar Berrada

     

    Programme complet de la manifestation sur www.permanencesdelalitterature.fr/ 

  • La Rencontre dans l'escalier

    Vient de paraître par l'auteur de ce blog :

     

    6c69b24e8f7ac7b0e6aa649c83f2dbef.jpgLa Rencontre dans l'escalier

    Claude Chambard 

    Editions de l'Atelier In 8, www.atelier-in8.com/editions 

    Coll. La Porte à côtée ; 11x17 ; 40 p. ; 5 € ; isbn 978.2.916159.37.9 

    "Une maison, un salon, un bureau, un grenier, un escalier. Et des livres, des livres partout du sol au plafond. Un homme en bas, une femme en haut, que sépare chaque jour davantage l'escalier, cet escalier où montent et descendent leurs voluptueuses attentes, gonflées des mots que l'un habille ou travestit, emplies des mots que l'autre dénude et caresse de sa bouche rouge. Une maison où se croisent leurs désirs sans ne rencontrer jamais que leurs amants de papier, où les cris du plaisir de l'un sont la souffrance de l'autre, où le jouisseur est toujours le soliste d'une ultime et meurtière musique." dit la quatrième de couverture. 

  • Cercle

    27d276cda058ec21cfc9118ed05a5752.jpgCercle
    Yannick Haenel

    « Lorsqu’on écrit une phrase d’un livre, toutes les phrases de ce livre se mettent à vibrer. Celles qui sont déjà écrites, aussi bien que celles qui vont s’écrire. Elles se déplacent, s’ajustent. C’est imperceptible. Au moment d’écrire une phrase, cette phrase vous est donnée par les autres phrases du livre : en se mettant à exister, elle modifie par sa seule existence l’ensemble des phrases, qui toutes se mettent à changer, tout en restant les mêmes. »


    Voici un livre qui divise. Tant mieux ou qu’importe.
    Je n’ai pas lu les précédents livres de Yannick Haenel.
    J’ai entendu bien des sottises sur Cercle, venant, pour l’essentiel, de gens qui avouaient l’avoir parcouru, avoir fait du vent avec les pages. De cette famille très répandue des lecteurs qui ne lisent pas mais qui savent – et le livre de Pierre Bayard bien mal lu leur donne, croient-ils, raison. Ce n’est pourtant pas du tout ce que Bayard souhaitait d’évidence.
    J’ai beaucoup aimé Cercle, lu pour l’essentiel dans le train.

    Depuis la dernière page – manuscrite –, Cercle continu son chemin en moi. J’y pense beaucoup. J’ai recopié de nombreuses phrases.
    C’est un livre où la phrase est fondamentale.
    Les livres où la phrase a toute sa place ne sont pas si courant. – Pierre Guyotat, Roger Lewinter…
    Yannick Haenel vient d’écrire un gros livre où il exprime la phrase  – comme on dit qu’un torero exprime le toro.
    Cinq ans sur la phrase. Phrase après phrase. Cinq ans.
    Parce que la phrase mérite la lenteur, le travail, oblige à une déambulation en soi-même afin de se réveiller du cauchemar de l’Histoire – cf. Benjamin et Joyce – et de notre propre histoire.
    La phrase comme renaissance, voilà ce que Yannick Haenel propose et il a bien raison.
    Moby Dick, Ulysse, Dante, Joyce… et Benjamin, Celan, Sebald, témoins incontournables de l’Histoire du XXe siècle. Tous croisés dans le livre dans la contraction du temps que permet l’écriture, que permet la phrase.

    Une danseuse – Anna Livia de la troupe de Pina Bausch – dont les gestes lestés de sens et de légèreté font échos aux phrases, des femmes, beaucoup de femmes, beaucoup de corps de femmes, puisqu’il s’agit de reprendre absolument vie.
    Jean Deichel saigne, et ce retournement du corps, ce retour au corps, permettent à la vie de revenir, puisque la mémoire immémoriale n’abandonne jamais celui qui s’engage dans la voie du langage.

    Au début du livre Deichel décide ne pas prendre le train de 8h07 qui l’emmène à son travail. Plus tard, on trouvera ces phrases que chacun doit méditer sauf mourir : « Appartenir au “monde du travail”, c’est collaborer à son propre écrasement. » « Comment avez-vous pu laisser vos vies se rétrécir ? demande Marx (par ma bouche). N’est-ce pas la seule question ? La seule véritable question politique ? On commence par se sentir misérable, et voici que l’on met à barboter dans la souille, dit-il (par ma bouche). Bien sûr, la plupart du temps, ça ne se voit pas. La boue est invisible. C’est toujours comme ça avec la classe moyenne : elle sauve les apparences. Mais dès que vous approchez le nez, ça sent le derrière humain. Car les petits compromis honteux ont beau se fondre dans votre intimité – ils schlinguent. Vous laissez votre vie quotidienne se facturer comme une marchandise, comme un slip, un aspirateur, une portion de frites ? Si vous bradez ainsi votre âme, c’est normal qu’elle sente mauvais.»

    Il faut lire ce livre, ambitieux. S’y précipiter, on ne s’y perdra pas car «Le labyrinthe n’est pas le chemin qui vous mène à votre perte, mais le chemin qui revient. Celui qui vous ramène toujours au même point – à cet instant qui est, qui a été, qui sera. Ce point est le vôtre. C’est ce point qu’il faut vivre, et les phrases vous ouvrent à ça. Car au moment où une phrase s’écrit, toutes les phrases existent. Dans l’éternel retour des phrases, le réveil a lieu à chaque instant.»


    « Avec un manteau et du papier, le monde s’ouvre. Avec un manteau, de l’encre et du papier, vous changez le monde. Et même si personne ne le remarque, cela n’empêche pas le monde d’être changé. Que quelqu’un, à l’instant, s’enveloppe d’un manteau, qu’il trouve de l’encre et du papier, qu’il commence à écrire, et l’on verra si le monde reste le même. »

    Oui, on verra.

     

    Gallimard ; coll. L’Infini ; 14x20,5 ; ill. ; 500 p. ; 21 € : isbn : 978.2.07.077600.9

     

  • Aller au diable

     

    36140496917c2caeaea01ec755202aaa.jpegAllain Glykos
    Aller au diable
    14x20,5 ; 128 p. ; 14 € ; isbn : 978.2.914387.90.3

    Allain Glykos – le crétois de Talence comme ils disent au football –, nous donne depuis bientôt vingt ans régulièrement de ses nouvelles et, le plus souvent, par les bons soins de Claude Rouquet l’éditeur de l’Escampette qui a quitté Bordeaux pour le calme et les paysages de la Vienne.
    L’œuvre se fabrique ainsi sous nos yeux, sur le thème – souvent – de la famille, des rapports aux autres, aux siens, aux proches. Ainsi de Parle-moi de Manolis, du Silence de chacun, d’À proprement parler, de Faute de parler… avec cette persistance d’expressions communes dans le titre. Aller au diable en est une belle. Le plus terrible avec Allain Glykos c’est qu’en prenant l’expression au pied de la lettre justement, il en tire la substantifique moelle pour nous montrer ce que nous sommes – et dont il ne s’exclut pas, loin s’en faut.

    Donc, Aller au diable. Allons-y.
    Antoine – ou François, ou Gustave, mettons–, fils d’Étienne cafetier et gendre de cafetier à l’enseigne du Petit Paris, admirateur de Paul Lafargue et de Jules Guesde,  précurseur de l’ascenseur social – tout ceci se passe fin XIXe, début XXe –, peseur de mots comme pas deux et père ambitieux… Antoine, donc, est un petit gars formidablement intelligent, qui aime bien les gambettes des clientes – et même des clients, il n’y aurait rien de sexuel là-dedans – au point de les reconnaître au premier coup d’œil, un petit gars qui passe des heures à diriger des colonnes de fourmis, à contrarier leur progression – le voilà « commandant des fourmis ».
    Les ambitions de papa, envoient Antoine au Lycée, à l’internat. Il a le soutien de l’instituteur, certes, mais il perd les jambes, les chaussures, les fourmis, et comme il est fort en thème – comme on dit –, il se taille une bien mauvaise réputation auprès de ses condisciples, fils de bourgeois pour l’essentiel – « Pour qui il se prend ce fils de cafetier ! ». 
    Il obtient son bac – la fiertié de papa ce jour-là… – l’année du cuirassé Potemkine – ça nous met en 1905. Du passé faisons table rase – qu’ils chantaient ! –, voilà ce qui lui paraît évident, seulement voilà, lui il a lu ça chez Descartes. Faire table rase de tout ce qu’il avait appris dans ce maudit Lycée pour commencer. Faire tabula rasa.
    Et ça pour faire table rase, il va l’araser la table. Il part. Il laisse tout. Il marche devant lui. Il croise une femme – Madeleine, jeune et jolie, tirée à quatre épingles, enfileuse de perles de profession, spécialisée en de couronnes mortuaires – elle le suit, comme un chien… comme un chien qui lèche la main de son maître. Il la possède sans joie, peut-être sans plaisir, il s’absente. Du monde, de lui-même. Il n’est plus là. Il marche, il marche, il va au diable.
    Dans les marais de Charente-Maritime, il croise un Courbet sur le motif, il colle de plus en plus à la vase, il s’y enfonce, Cet ensauvaginement, cet oubli – oublier devient le vrai moteur de son existence –, cette marche éperdue dans les crassats comme autant de charniers – allusion nette à la série de photographies de Jean-Luc Chapin sur des champs de tournesols dévastés –, avec les mots et les livres comme pires ennemis, devient une quête absolue du vide, alors que Madeleine elle, dans les mêmes pas, est engagée dans une éperdue quête du plein, du savoir.
    Ce roman, rompt, paradoxalement beaucoup moins qu’il pourrait paraître, avec l’œuvre antérieure. Pour la première fois sans doute Allain Glykos tient les siens à distance et cette façon de faire le révèle peut-être encore plus, encore mieux. Cette œuvre là est-elle le début de quelque chose, la fin de quelque chose… en tous cas, elle montre, comme jamais, à quel point Allain Glykos est un écrivain de premier plan qui demande à ses lecteurs toute leur attention. Pour la première fois, également, la portée politique du travail d’écriture d’Allain Glykos est nette et sans arrière-pensée. « Le soleil n’a que la largeur d’un pied d’homme » dit Héraclite, Glykos et Antoine en sont la preuve noire et rouge. « Je vais où je suis, je suis où je vais. » Oui.

     

    L’Escampette éditions
    BP 7 – 86300 Chauvigny
     

  • Les Fleurs de mai de Ventadour


    c580e5500032bf6c01e04fad3a1afe02.jpgWilliam S. Merwin
    Les Fleurs de mai de Ventadour
    Version française de Luc de Goustine
    17x21 ; 160 p. ; 18 € isbn : 2.86577.251.9

     

    La rencontre avec Ezra Pound a dix-huit ans – même dans un hôpital – changea sans doute la vie de William S. Merwim (né en 1927 à New York) puisque le poète lui conseilla l’étude et la traduction de la lyrique médiévale, et dans l’occitan des troubadours. Quelques années plus tard, l’auteur de la Renarde (chez le même éditeur) acheta une maison sur le Causse quercynois… voici comment on se retrouve dans un bain de langue inattendu lorsque l’on naît américain du Nord. Voici comment, quelques années plus tard, on répond à une commande de la National Geographic en écrivant un livre de voyage lié à son lieu de prédilection et voici que les éditions Fanlac ont l’excellente idée de la publier en Français dans la très bonne traduction de Luc de Goustine. Ainsi « dans une éclairicie entre les averses d’une matinée de fin de printemps », nous voici amené à suivre les traces de Guillhem – comte de Poitiers et duc d’Aquitaine, fils d’Aliénor, croisé, roi de la langue, grands passeurs de chants devant l’éternité – en compagnie d’un poète américain qui peut nous en remontrer sur la connaissance de la terre, des hommes et de la poésie… Un beau voyage à entreprendre en ce début d’automne, en écoutant le chant du feu dans l’âtre et si on a pas de cheminée, cet élégant volume nous nous le fera aisément croire pendant 156 pages. Ainsi, « Ventadour ne sera plus sans chanteur ».

     

     

    Fanlac
    12, rue du Professeur Peyrot, BP 24002 Périgueux www.fanlac.com

  • Édith Azam : la poésie comme défibrillateur

    044676ac1846d14eaa13455edcac05c8.jpegIl y a le sourire des poignets & son report dans un vieux cahier d’écriture, un vieux cahier d’écriture plein de bulles & d’amour & de transfert… l’histoire d’amour d’une bouche écorchée…
    Édith Azam est un drôle de loustic. Létika Klinik un drôle de livre. Je ne sais pas comment on va le lire ce livre, comment on va la lire Édith Azam qui a le cœur qui bat comme celui des oiseaux. Comment on va lire le Perrier qui fait des bulles & les médicaments qui cailloutent, les zécureuils, lé zoiso, les zoizozécureuils & les oiseaux-biscottes, Gros Matou & Mauricette… ce qui tangue, qui fait coexister ce qu’il y a de plus simple, de plus signifiant aussi & ce qu’il y a de plus subtil & de plus inventif dans cette langue qui est celle d’Édith Azam.
    Cette langue se fait dans les bulles, dans la bouche, dans l’écriture du sourire des poignets, les yeux, les yeux bleus. Cette écriture qui nous regarde & nous demande de la regarder, a une incroyable manière d’exister, de respirer, d’aspirer & de souffler, d’ébranler le monde & donc le lecteur, de l’éprouver par ricochets successifs & de plus en plus vifs, nets, tranchants jusqu’à la noyade, à l’asphyxie.
    Édith Azam travaille le récit au présent d’une expérience personnelle. Ce que nous lisons est un poème rendu au point de rupture, juste avant la libération – provisoire – du poète, de la femme, d’un qui serait l’accueil – l’écueil ? – de l’autre.

    Il faut voir & entendre Édith Azam lire ses textes pour saisir tout ce qu’il y a de juste dans son approche absolument naturelle du texte, de la voix & du corps, une seule personne, une totale unité, le révélateur de soi-même à soi sans fin, personne devient cette personne, celle-là, toute de fragilité, apeurée mais rapide comme un écureuil,  légère comme un oiseau, solide comme la mer qui jamais ne s’arrête, comme une fille qui n’aime pas qu’on lui coupe la parole.

    Jamais installée, cette poésie est un objet verbal résolu – absolu ? – qui retravaille le monde, en l’agrégeant autour de la possible existence d’une plus grande légèreté. Pour cela l’écrivain aura du faire le travail d’une qui est un & qui doit retrouver le féminin partagé loin de l’aile orange mais tout de même, hui, dans le transfert des yeux bleus de la psychiatre à travers un accord-désaccord où chacun dit bien, entend bien, l’illusion du même & reconnaît en chacun ce qui fonde l’incommunicable.
    C’est à vif, toujours un beau paquet de nerfs – souple pourtant – & absolument archaïque, sans confort, sans concession, ni calcul. Cette poésie, qui vient de très loin pour nous toucher très près, est celle d’une vraie présence, physique & mentale qui bouleverse, à tout le moins, le monde qui l’entoure aussi cliniquement désordonné soit-il.
    D’une richesse sonore détonante, arc-boutée à une énergie qui se régénère sans cesse d’envoyer les syllabes vers l’autre, la poésie d’Édith Azam agit comme un défibrillateur pour les cœurs les plus abîmés & même les plus secs.


    Létika klinik par Édith Azam
    48 pages, 14X19, 10 €, isbn : 2-9524151-6-1

    http://dernier.telegramme.free.fr/ 

  • Conversations dans le Loir-et-Cher

    Nous partons quelques jours vers des horizons campagnards.

    Une visite à l'Escampette d'abord. Une visite à Fontevrault ensuite. Puis nos bois et prés de petite Sologne.

    Un album avant de partir : Un voyage à Madrid et de nouvelles images de papillons.

    Lisons, lisez ! Par exemple, Gérard Haller, Fini mère (Galilée) et les livres de Gertrud Kolmar, Susanna, la Mère juive et Lettres (tous dans la collection de poche de Christian Bourgois, la Mère juive ayant été publiée initialement par l'ami Jean-Pierre Boyer) dont je vous parlerai à mon retour…