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Un nécessaire malentendu - Page 98

  • De la démocratie, Alexis de Tocqueville

    cdc2fd978f6aeb2308c07737eed31ed4.jpg“Il y a un passage très périlleux dans la vie des peuples démocratiques.
     
    Lorsque le goût des jouissances matérielles se développe chez un de ces peuples plus rapidement que les lumières et que les habitudes de la liberté, il vient un moment où les hommes sont emportés et comme hors d’eux-mêmes, à la vue de ces biens nouveaux qu’ils sont prêts à saisir. Préoccupés du seul  soin de faire fortune, ils n’aperçoivent plus le lien étroit qui unit la fortune particulière de chacun d’eux à la prospérité de tous. Il n’est pas besoin d’arracher à de tels citoyens les droits qu’ils possèdent ; ils les laissent volontiers échapper eux-mêmes(...)
     
    Si, à ce moment critique, un ambitieux habile vient à s’emparer du pouvoir, il trouve que la voie à toutes les usurpations est ouverte. Qu’il veille  quelque temps à ce que tous les intérêts matériels prospèrent, on le tiendra  aisément quitte du reste. Qu’il garantisse surtout le bon ordre. Les hommes qui ont la passion des jouissances matérielles découvrent d’ordinaire comment les agitations de la liberté troublent le bien-être, avant que d’apercevoir comment la liberté sert à se le procurer ; et, au moindre bruit des passions politiques qui pénètrent au milieu des petites jouissances de leur vie privée, ils s’éveillent et s’inquiètent ; pendant longtemps la peur de l’anarchie les tient sans cesse en suspens et toujours prêts à se jeter hors de la liberté au premier désordre.
     
    Je conviendrai sans peine que la paix publique est un grand bien ; mais je ne veux pas oublier cependant que c’est à travers le bon ordre que tous les peuples sont arrivés à la tyrannie. Il ne s’ensuit pas assurément que les peuples doivent mépriser la paix publique ; mais il ne faut pas qu’elle leur  suffise. Une nation qui ne demande à son gouvernement que le maintien de  l’ordre est déjà esclave au fond du cœur ; elle est esclave de son bien-être, et l’homme qui doit l’enchaîner peut paraître. (...)

    Il n’est pas rare de voir alors sur la vaste scène du monde, ainsi que sur nos théâtres, une multitude représentée par quelques hommes. Ceux-ci parlent seuls au nom d’une foule absente ou inattentive ; seuls ils agissent au milieu de l’immobilité universelle ; ils disposent, suivant leur caprice, de toutes choses, ils changent les lois et tyrannisent à leur gré les mœurs ; et l’on s’étonne en voyant le petit nombre de faibles et d’indignes mains dans lesquelles peut tomber un grand peuple...
     
     Le naturel du pouvoir absolu, dans les siècles démocratiques, n’est ni cruel ni sauvage, mais il est minutieux et tracassier.”
     
    Alexis de Tocqueville. De la Démocratie en Amérique, Livre II, 1840 (10/18, 1963).

  • Pascal Quignard

    aa8a35ba92cf0e38dceda5117a67281a.jpgPascal Quignard était mercredi 6 décembre à 18h à la bibliothèque Mériadeck de Bordeaux pour présenter son livre la Nuit sexuelle – publié aux éditions Flammarion – grâce à la volonté de Sophie Chambard – que l'on me permette d'être fier – et à la complicité active d'Évelyne Rocchetto. On a refusé du monde et la salle était archi comble, le public au rendez-vous à tel point que l'on diffusait la conférence sur des écrans dans le hall de la bibliothèque.

    La SS ne m'ayant pas permis d'assister à cette conférence puisque les horaires de sortie des assurés en arrêt maladie – je vais avoir un contrôle là c'est sûr – ne leur permettent pas de sortir combler leurs désirs intellectuels, mais exclusivement de pouvoir se rendre dans des grandes surfaces consommer, consommer, consommer toujours, afin de retourner le lundi suivant oublier qu'ils ont une vie et qu'ils peuvent penser, je n'y étais pas et je le regrette bien. Le tout Bordeaux non plus et c'est tant mieux. Je suis un homme en colère depuis 57 ans et ça ne s'améliore pas. Je suis toujours aussi bête également, les "gens qui savent" me le rappellent assez souvent, mais c'est comme ça et finalement, on l'aura compris j'en suis plutôt fier et j'ai beaucoup de défiance envers les "gens qui savent" – et qui aiment surtout le pouvoir (Nicolas Sarkozy aussi, ça n'a pas l'air de les gêner).

    Revenons à Pascal Quignard.

    J'écrivais ce matin à Isabelle Baladine Howald, poète et libraire (Kléber à Strasbourg) que je pensais qu'il était le plus grand écrivain vivant et elle en convenait. La formule "plus grand écrivain vivant" est un peu con je l'avoue. Nous entendions par là "qui construit depuis sa première ligne une œuvre qui fait sens, qui s'impose, qui crée ses lecteurs", ce n'est pas si courant. Nous en avons ajouté quelques autres que je ne citerais pas aujourd'hui.

    Je ne peux rien dire sur cette conférence puisque je n'y étais pas.

    Je peux juste recopier, non pas des lignes de la Nuit sexuelle – ça viendra –, mais des lignes tirées de son œuvre ancienne et toujours aussi présente à l'âme, au cœur, à la pensée et à tout le tremblement.

    Donc acte : 

    “Les premiers cris d’enfant lisent déjà en les criant des traces plus anciennes et terribles que les plus anciennes écritures attestées.” le Lecteur, Gallimard 1976, p. 82


    *


    “Sans doute l’ancien français nommait-il de même “sol” le plancher, la semelle : lieu où va la plante du pied. Mais l’espace qu’occupe la plante du pied ce n’est aucune terre et ce n’est aucun sol. C’est la peau nue qui la revêt. Ou la peau écorchée qui la chausse.” Sur le défaut de terre, pointes sèches de Raoul Cordesse, Clivages, 1979, p. 55


    *


    “Le langage teint les lèvres comme les mûres.” Sarx, pointes sèches de Gérard Titus-Carmel, Maeght, 1977, p. 51


    *

     


    “Un livre est assez peu de chose, et d’une réalité sans nul doute risible au regard d’un corps. Il ne se transporte au réel que sous les dimensions qui ne peuvent impressionner que les mouches, exalter quelques blattes, étonner les cirons? Parfois l’œil d’un escargot enfant.
    Il introduit dans le réel une surface dont les côtés excèdent rarement 12 à 21 cm, et l’épaisseur d’un doigt.” Petit traité, tome I, éd. Clivages, 1981, p. 49


    *


    “Par le silence du livre le monde est plongé dans un silence plus silencieux que le silence du monde.” ibid. p.59


    *


    “Si ce n’est pas l’écrit que nous souhaitons écrire

    Le sang de ce que nous éprouvons,

    S’il n’épouse pas les lettres qui les nomment,
    ___________________________


    S’il ne franchit pas nos lèvres,

    (mais le mouvement agité qui l’anime. L’EFFUSION DE SANG. Lèvre blessée de ses lèvres.
    ___________________________


    La violence terrifiée des lettres qui le nomme. Mais sans nom.
    Mais le mouvement agité qui l’entraîne dans la mort.
    Mais sans nom, ni intérieur à nous, ni le dehors, le sang)

    Il lui manque alors une part de ce qui le dessaisit,

    ___________________________

     

    Et en lui erre, dévale brusquement,
    Plus qu’il ne nous accomplit, n’atteste de nous
    ___________________________


    Ni témoigne de lui.” Sang, Orange Export Ltd, 1976, texte intégral, les lignes sont les changements de pages


    *

    "Parler (en tant que parler parle) parle de chez ce que la langue tait.” Hiems,Orange Export Ltd, 1977, non paginé

  • BIbliothèque Mériadeck, 6 décembre, 18h

    c5e52b23cbbcf3f7d1ae43cf038118eb.jpgPASCAL  QUIGNARD  
    LA NUIT SEXUELLE  

     
    Conférence
    Jeudi  6 décembre à 18 h
      
    En partenariat avec la librairie Mollat 

    Bibliothèque Meriadeck , 85, cours du Maréchal-Juin  33000 Bordeaux
    Salle de conférences  niveau -1   Rens. 05.56.10.30.02  Entrée  libre

    <http://www.bordeaux.fr/>   
    4662e324829fb0dfc641da55f21db43f.jpg

  • Les Carcasses

    fad0a48ff2a200a41ed250552be02656.jpgRaymond Federman

    Les Carcasses

     

    Si ce n'était Raymond Federman qui donc pourrait nous entraîner au pays des carcasses… pas grand monde… Pas grand monde en effet qui soit capable aujourd'hui, dans un univers littéraire de plus en plus étriqué et sec, qui ait les moyens de prendre la mort avec le sérieux nécessaire et la dérision indispensable. Cette histoire qui nous concerne évidemment, puisque, que l'on soit écrivain, mouche, rose, lion d'Afrique en exil à San Diego, radis, artichaut, chêne… on sera carcasse, dans la zone des carcasses où le temps prend le temps de ne plus bouger d'un iota. Pas grand monde qui soit capable surtout de faire ce remarquable saut de l'ange inversé à la fin – justement – pour nous remettre, le temps de quelques phrases, les idées en place, et la mort en face.

    « Dans un moment de réflexion j’ai levé les yeux là-haut sur les housses du ciel puis sur la splendide vue devant moi
    – incroyable – et j’ai pensé – quand tu mourras tout cela s’éteindra – plus rien à voir – nothing more –
    juste le noir – ça sera comme si tu plongeais dans un grand trou noir – la tête la première qui fendra l’air – »



    Librairie Olympique, 23, rue Rode - 33000 Bordeaux

    05 56 01 03 90 infos@librairie-olympique.fr

    2007 ; 11x18; 36 p. ; 6 € ; ISBN 978-2-9527604-1-6

  • BJF

    Bordeaux Jazz Festival
    Samedi 3 novembre

    3 concerts sur les 4 de la journée.

     

    4f61963bd9e118661230aec9768c85e2.jpegÀ 16h au Goethe Institut concert solo de Paul Rogers à la contrebasse à sept cordes.
    Paul Rogers est un personnage peu commun. Tout du bûcheron au physique et même dans l’approche de l’instrument.
    L’instrument d’abord, une contrebasse à sept cordes (une plus grave et deux plus aigus que sur la contrebasse standard – mi la ré sol) et sur la table d’harmonie une sorte de guitare à quatorze cordes (sympathiques), en forme d’ovale, d’olive, de ballon de rugby, que sais-je… bref, c’est un prototype étonnant – fabriqué par Antoine Leducq à Nîmes –, très costaud, trapu et massif, au manche large comme les mains du musicien, épais comme ses avant-bras rudes.
    Le concert d’un peu plus d’une heure donna à entendre trois improvisations, profondes, sombres, dures, parfois cauchemardesques, rarement légères, le combat pour la vie en somme.
    Les archets ont dérouillé sous les coups de scie, sous le ahan du bûcheron, sous le pic du mineur, les charges de porte-faix… cette musique là ne saurait laisser indifférent, elle m’a bouleversée, comme m’a bouleversé le petit homme qui s’est battu avec un instrument androgyne pour donner à entendre son rude engagement de musicien et d’homme, sa joute avec l’instrument pour donner à entendre quelque chose du chant des origines. Une vraie rencontre.
    À écouter Being du même – et qui nous transporte vers des univers plus calmes, plus reposés, plus simples peut-être, plus chantant aussi, même si sous chaque note on pressent un hurlement retenu – qui vient de sortir sur le label de Mathieu Immer, Amor Fati (cf. «liens» sur ce blog), dans la collection «Live au Musée d’Aquitaine», coproduit avec le BJF, en même temps qu’un trio de batterie de Didier Lasserre, Edward Perraud et Mathias Pontevia.


    On sauta Wormholes. C’est comme ça.

    21 h : Vincent Courtois quartet – Vincent Courtois : violoncelle, Jeanne Added : voix et violoncelle, Marc Baron : saxophone, François Merville : batterie.
    Nom d’une pipe, tout pour réussir individuellement – légère réserve pour le jeu archi convenu du batteur très satisfait de ses pitreries qu’il prend pour des trouvailles – et rien qui passe ensemble, ça ne décolle jamais. On lâche un ou deux frissons pas plus. Dommage, cette voix, ce saxophone, ce violoncelle peuvent sans conteste mieux faire. Ça manquait juste d’engagement. À visiter les sites de chacun pour en avoir une idée, et surtout écouter What Do You Mean By Silence ? , TRI 06513.

     

    23 h David Lynx & Diederik Wissels quartet – David Lynx : chant, Diederik Wissels : piano, Christophe Wallemme : contrebasse, Stéphane Huchard : batterie
    Public conquis d’avance. Je ne connaissais pas le bonhomme – David Lynx, franco-américain à ce qu’il semble, intéressant à voir. Malgré tout concert plan-plan plus proche de la variétoche que du jazz, devant un public finalement assez peu connaisseur puisque se roulant par terre devant les facilités du batteur – bien lourd et peu nuancé – et ne récompensant que bien mal le jeu autrement plus intéressant de Christophe Wallemme et Diederik Wissels, cherchant chacun la note juste – l’incarnation de la note – pour sauver ce qui restait de la musique. David Lynx a beaucoup d’énergie et une voix assez étonnante, au spectre large, il doit être sans mal capable de bien mieux. Une autre fois.

     

  • Lettres du Monde

    43a25ca258af37bfe250d4951d375966.jpegDe grands moments pendant ces Lettres du Monde.

    Trop nombreux pour être tous cités, sans doute.

    Mais, parmi tous ces évènements, écouter Anne-Marie Garat parler de Peter Esterházy  et plonger aussitôt dans la lecture de cet écrivain inouï (Une femme) – à ce propos on doit écouter sur le site de Mollat le podcast :

    www.mollat.com/conferences/peter-esterhazy-par-anne-marie-garat-1830.html –,

    rencontrer l'incroyable Agata Tuszynska (photo du bas) et son Une histoire familiale de la peur (Grasset),

    et retrouver Marek Bienczyk (photos) – en compagnie de son traducteur – pour la remise du prix Écureuil – prix intéressant puisque décerné à l'auteur et au traducteur du livre – à la librairie Georges à Talence pour son livre Tworki – lire à ce propos sur ce blog : http://www.unnecessairemalentendu.com/archive/2007/06/29/marek-bienczyk-tworki.html,

    furent de ces rencontres dont on rêve et qui travaillent longtemps en chacun.

    On en redemande donc.

    84e8f9f7c2de94d2169d80ef400040d5.jpeg


  • CIPM

    03abec201a3adf8cdf5075d64b64268d.gifLes incertitudes du cipM

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    Ce jeudi 25 octobre, 11 h 30, à l’Opéra de Marseille va être présenté le projet de candidature de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013.

    À l’heure où cette présentation va avoir lieu, et après les incertitudes qui ont pesé ou qui pèsent encore sur le comptoir Toussaint / Victorine et sur le théâtre de la Minoterie, des incertitudes pèsent aussi depuis quelque temps sur le cipM (centre international de poésie Marseille).

    La convention d’occupation triennale entre le cipM – créé en 1990 à la demande de la Ville de Marseille – et cette dernière arrive légalement à terme le 6 mai 2008.
    La DGAC (Direction Générale des Affaires Culturelles) ne souhaite pas renouveler cette convention, aux prétextes de sécurité et de circulations différenciées pour des publics non muséaux.

    Cette situation n’est pas nouvelle puisqu’elle dure depuis plus de trois ans, mais finit par nous lasser et par nous empêcher de travailler sereinement.

    Pour mémoire, la même demande, quitter la Vieille Charité, nous avait été faite il y a quelques années, nous avons alors prospecté plusieurs locaux, et proposé à la DGAC d’occuper sur la Canebière l’ancienne librairie Flammarion. Après visite et chiffrage, la DGAC nous demande de trouver avec ses autres partenaires environ 50 % du financement de l’ensemble des travaux d’aménagements.
    Le cipM les trouve, la DGAC nous fait alors part de notre incompréhension, nous signifiant que les 50 % s’appliquent à l’ensemble de l’opération ! Nous ne nous décourageons pas et quelques mois plus tard (assez fiers, il faut le dire), nous annonçons que nous avons trouvé auprès de nos autres partenaires (État, Région, Département) 950 000 euro.
    C’est alors que se fait un assourdissant silence : nous n’aurons jamais de réponse écrite à propos de ce projet de la part de la DGAC.

    À l’heure de la candidature de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013, hors l’injonction de la DGAC de nous faire quitter la Vieille Charité, nous ne savons pas quelles seraient les conditions, notamment financières, d’un relogement. Conditions que nous avons pourtant demandées à plusieurs reprises.

    À l’heure de la candidature de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013, hors l’injonction de la DGAC de nous faire quitter la Vieille Charité aux prétextes de sécurité et de circulations différenciées pour des publics non muséaux (mais comment donc différencier un public muséal d’un public non muséal ? Ne vont-ils pas, publics confondus, visiter un bâtiment, regarder une exposition, travailler dans une bibliothèque ou un centre de documentation, se restaurer dans un café, acheter des livres dans une librairie ?), nous ne savons pas quelles seraient les conditions de sécurité à respecter afin de pouvoir rester à moindres frais pour la Ville de Marseille sur ce lieu.

    À l’heure de la candidature de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013, nous nous demandons tout simplement si la DGAC a le désir de soutenir le cipM, de lui laisser la possibilité de continuer son travail entamé il y a bientôt dix-huit ans.

    Travail, action, ténacité, rayonnement que nous avons su donner à ce lieu, cohérence et originalité de notre démarche, mais aussi compréhension, écoute et soutien de nos partenaires, des poètes et écrivains, qui nous ont valu une reconnaissance nationale et internationale.

    À l’heure de la candidature de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013, nous ne voudrions pas commencer une nouvelle année en ne sachant pas dans quel lieu nous pourrons assurer notre programmation, dans quel lieu se trouveront les quelques 40 000 documents de notre bibliothèque unique en France, dans quel lieu nous pourrons accueillir nos résidents, dans quel lieu nous pourrons montrer nos expositions, dans quel lieu nous pourrons organiser nos lectures et performances, dans quel lieu nous pourrons tout simplement continuer à faire rayonner la poésie.

    Pour nous exprimer votre soutien, signez cette pétition via internet, à cette adresse : Les Incertitudes du cipM


    JE SOUTIENS LE CIPM

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  • Ritournelles

    c6f912405649d87db6d8e2a57b4dc73b.jpgOuverture du festival Ritournelles
    autour des éditions Inventaire-Invention

    mercredi 10 octobre

    Loft privé, 9 rue Maurice, 33000 Bordeaux
    Parking Chartrons Hangar 15/16
    Tram B Arrêt Cours du Médoc


    Lectures et concert avec Eddie Ladoire et Mathieu Immer
    Avec : Philippe Adam / Julien Blaine / Patrick Bouvet / Jean-Michel Espitallier

    D’abord pôle multimédia de création littéraire, la revue Inventaire-Invention créée en 1999 est devenue peu à peu une petite maison d’édition pas tout à fait comme les autres. Les courts textes publiés et diffusés en librairies par ces éditions sont aussi disponibles en accès libre sur Internet. http://www.inventaire-invention.com
    « Ce qui me tient à coeur, c’est la question de l’écriture du réel. Cette notion extrêmement contradictoire, complexe, qui veut tout et rien dire mais qui me parle. Le réel ne tient pas en place, ne se laisse pas saisir, il est fuyant. Vouloir croire comme dans l’écriture réaliste que c’est en employant une langue plate et sans recherche qu’on va saisir le réel est une erreur fondamentale. Le réel se fout de ça. Il attend autre chose. L’idée d’Inventaire/Invention est basée sur cette espèce d’instabilité foncière, l’impossibilité de dire ‘‘le réel est là’’. Le réel est tout sauf là. Il est où on ne l’attend pas. »

    Philippe Adam est l’auteur d’un premier roman remarqué, De Beaux restes (Verticales, 2002). Il a ensuite conçu pour la collection Minimales un étrange pari littéraire avec La Société des amis de Clémence Picot (Verticales, 2003). Canal Tamagawa, son troisième texte, a été écrit à la Villa Kujoyama à Kyoto en 2004 (Verticales).
    Il a également publié chez Inventaire/Invention éditions
    Chirurgie, 2002.
    Le syndrome de Paris, 2005.
    France audioguide, 2007.


    Julien Blaine. Poète et performeur, Julien Blaine est un acteur incontournable de la littérature contemporaine. Il est également le créateur du Centre International de Poésie de Marseille (cipM), de la revue d’avant garde Dock(’s) et de nombreuses manifestations publiques.
    « Pas besoin d’en rajouter, JB, est un pilier majeur de la poésie contemporaine française et l’un de ceux qui passent le mieux la rampe des lectures publiques, y compris à l’étranger. Mais c’est aussi un hyper-activiste que les ennemis de la poésie et les artistes plus ou moins usurpateurs des découvertes des poètes ont bien du mal à contenir ! C’est dans ses débordements tonitruants ou drolatiques qu’on le préfère.»
    sitaudis.com

    Patrick Bouvet. Écrivain et plasticien, Patrick Bouvet expérimente une écriture croisant
    les techniques musicales du remix et celles du collage en arts plastiques. En détournant les formulations médiatiques, il propose une interrogation poétique sur la représentation du monde induite par le médiatique. (Inventaire-invention)
    Bibliographie
    Aux éditions de l’Olivier : In situ, 1999 ; Shot, 2000 ; Direct, 2002 ; Chaos boy, 2004 ; Canons, 2007.
    Aux éditions Inventaire-invention :
    Ciel à l’envers, 2000 ; Expérience, 2001 ; Client zéro, 2002 ; Flashes, 2005.


    Jean-Michel Espitallier.
    « Jean-Michel Espitallier est l’un des poètes les plus mobiles et véloces de sa génération. » Patrick Kéchichian, Le Monde
    Il a publié Gasoil : prises de guerre, 2000 et Le Théorème d’Espitallier, 2003, éditions Flammarion ; En guerre, 2004, éditions Inventaire-invention ; Toujours jamais pareil (avec Pierre Mabille), éditions Le Bleu du ciel, 2005 ; Tractatus logo mecanicus (pensum), éditions Al Dante, 2006 ; Pièces détachées : une anthologie de la poésie française aujourd’hui, Pocket, 2000 et Caisse à outils, un panorama de la poésie française aujourd’hui, Pocket, 2006.

    Mathieu Immer et Eddie Ladoire
    Après une première apparition en mars 2007 (Nuit de la Création - TNBA), deuxième opus d’un duo bordelais : les musiques digitales d’Eddie Ladoire se mêlent de nouveau à la contrebasse de Mathieu Immer. Deux approches instrumentales opposées, un même souci du son.


    Mathieu Immer
    Contrebassiste, Mathieu Immer multiplie les rencontres avec des artistes, musiciens, écrivains, danseurs ou gens de théâtre. Il a fondé avec Didier Lasserre et dirige le label de musique improvisée Amor fati.

     

    67a97b3e25d877929c0f55cf4a06fc59.jpgJeudi 11 octobre : 10h00-16h00
    Théatre Molière - Scène d’Aquitaine Bordeaux
    L’écrit contemporain et la musique
    Journée de réflexion Musique improvisée & électronique

    en partenariat avec l'Arpel Aquitaine 


            09h30 : Accueil
            10h00 : Introduction d’Omar Berrada (modérateur)
            10h30 : Ecriture et musique improvisée

            Intervenants : Beñat Achiary, Julien Blaine, Didier Lasserre
            11h30 : L’exemple d’une résidence de création
            Intervenants :Patrick Bouvet, Eddie Ladoire
            12h30 - 13h45 : Déjeuner libre
    925f774155493b8ff03b6e9f7f25faa1.jpg13h45 : Promouvoir les créations croisées
    Intervenants :Didier Arnaudet, Julien Blaine, Mathieu Immer
    14h45 : Quelques exemples de créations
    Intervenants : Julien Blaine, Jean-Michel Espitallier, Joëlle Léandre
    16h00 : Conclusion d’Omar Berrada

     

    Programme complet de la manifestation sur www.permanencesdelalitterature.fr/ 

  • La Rencontre dans l'escalier

    Vient de paraître par l'auteur de ce blog :

     

    6c69b24e8f7ac7b0e6aa649c83f2dbef.jpgLa Rencontre dans l'escalier

    Claude Chambard 

    Editions de l'Atelier In 8, www.atelier-in8.com/editions 

    Coll. La Porte à côtée ; 11x17 ; 40 p. ; 5 € ; isbn 978.2.916159.37.9 

    "Une maison, un salon, un bureau, un grenier, un escalier. Et des livres, des livres partout du sol au plafond. Un homme en bas, une femme en haut, que sépare chaque jour davantage l'escalier, cet escalier où montent et descendent leurs voluptueuses attentes, gonflées des mots que l'un habille ou travestit, emplies des mots que l'autre dénude et caresse de sa bouche rouge. Une maison où se croisent leurs désirs sans ne rencontrer jamais que leurs amants de papier, où les cris du plaisir de l'un sont la souffrance de l'autre, où le jouisseur est toujours le soliste d'une ultime et meurtière musique." dit la quatrième de couverture. 

  • Cercle

    27d276cda058ec21cfc9118ed05a5752.jpgCercle
    Yannick Haenel

    « Lorsqu’on écrit une phrase d’un livre, toutes les phrases de ce livre se mettent à vibrer. Celles qui sont déjà écrites, aussi bien que celles qui vont s’écrire. Elles se déplacent, s’ajustent. C’est imperceptible. Au moment d’écrire une phrase, cette phrase vous est donnée par les autres phrases du livre : en se mettant à exister, elle modifie par sa seule existence l’ensemble des phrases, qui toutes se mettent à changer, tout en restant les mêmes. »


    Voici un livre qui divise. Tant mieux ou qu’importe.
    Je n’ai pas lu les précédents livres de Yannick Haenel.
    J’ai entendu bien des sottises sur Cercle, venant, pour l’essentiel, de gens qui avouaient l’avoir parcouru, avoir fait du vent avec les pages. De cette famille très répandue des lecteurs qui ne lisent pas mais qui savent – et le livre de Pierre Bayard bien mal lu leur donne, croient-ils, raison. Ce n’est pourtant pas du tout ce que Bayard souhaitait d’évidence.
    J’ai beaucoup aimé Cercle, lu pour l’essentiel dans le train.

    Depuis la dernière page – manuscrite –, Cercle continu son chemin en moi. J’y pense beaucoup. J’ai recopié de nombreuses phrases.
    C’est un livre où la phrase est fondamentale.
    Les livres où la phrase a toute sa place ne sont pas si courant. – Pierre Guyotat, Roger Lewinter…
    Yannick Haenel vient d’écrire un gros livre où il exprime la phrase  – comme on dit qu’un torero exprime le toro.
    Cinq ans sur la phrase. Phrase après phrase. Cinq ans.
    Parce que la phrase mérite la lenteur, le travail, oblige à une déambulation en soi-même afin de se réveiller du cauchemar de l’Histoire – cf. Benjamin et Joyce – et de notre propre histoire.
    La phrase comme renaissance, voilà ce que Yannick Haenel propose et il a bien raison.
    Moby Dick, Ulysse, Dante, Joyce… et Benjamin, Celan, Sebald, témoins incontournables de l’Histoire du XXe siècle. Tous croisés dans le livre dans la contraction du temps que permet l’écriture, que permet la phrase.

    Une danseuse – Anna Livia de la troupe de Pina Bausch – dont les gestes lestés de sens et de légèreté font échos aux phrases, des femmes, beaucoup de femmes, beaucoup de corps de femmes, puisqu’il s’agit de reprendre absolument vie.
    Jean Deichel saigne, et ce retournement du corps, ce retour au corps, permettent à la vie de revenir, puisque la mémoire immémoriale n’abandonne jamais celui qui s’engage dans la voie du langage.

    Au début du livre Deichel décide ne pas prendre le train de 8h07 qui l’emmène à son travail. Plus tard, on trouvera ces phrases que chacun doit méditer sauf mourir : « Appartenir au “monde du travail”, c’est collaborer à son propre écrasement. » « Comment avez-vous pu laisser vos vies se rétrécir ? demande Marx (par ma bouche). N’est-ce pas la seule question ? La seule véritable question politique ? On commence par se sentir misérable, et voici que l’on met à barboter dans la souille, dit-il (par ma bouche). Bien sûr, la plupart du temps, ça ne se voit pas. La boue est invisible. C’est toujours comme ça avec la classe moyenne : elle sauve les apparences. Mais dès que vous approchez le nez, ça sent le derrière humain. Car les petits compromis honteux ont beau se fondre dans votre intimité – ils schlinguent. Vous laissez votre vie quotidienne se facturer comme une marchandise, comme un slip, un aspirateur, une portion de frites ? Si vous bradez ainsi votre âme, c’est normal qu’elle sente mauvais.»

    Il faut lire ce livre, ambitieux. S’y précipiter, on ne s’y perdra pas car «Le labyrinthe n’est pas le chemin qui vous mène à votre perte, mais le chemin qui revient. Celui qui vous ramène toujours au même point – à cet instant qui est, qui a été, qui sera. Ce point est le vôtre. C’est ce point qu’il faut vivre, et les phrases vous ouvrent à ça. Car au moment où une phrase s’écrit, toutes les phrases existent. Dans l’éternel retour des phrases, le réveil a lieu à chaque instant.»


    « Avec un manteau et du papier, le monde s’ouvre. Avec un manteau, de l’encre et du papier, vous changez le monde. Et même si personne ne le remarque, cela n’empêche pas le monde d’être changé. Que quelqu’un, à l’instant, s’enveloppe d’un manteau, qu’il trouve de l’encre et du papier, qu’il commence à écrire, et l’on verra si le monde reste le même. »

    Oui, on verra.

     

    Gallimard ; coll. L’Infini ; 14x20,5 ; ill. ; 500 p. ; 21 € : isbn : 978.2.07.077600.9

     

  • Aller au diable

     

    36140496917c2caeaea01ec755202aaa.jpegAllain Glykos
    Aller au diable
    14x20,5 ; 128 p. ; 14 € ; isbn : 978.2.914387.90.3

    Allain Glykos – le crétois de Talence comme ils disent au football –, nous donne depuis bientôt vingt ans régulièrement de ses nouvelles et, le plus souvent, par les bons soins de Claude Rouquet l’éditeur de l’Escampette qui a quitté Bordeaux pour le calme et les paysages de la Vienne.
    L’œuvre se fabrique ainsi sous nos yeux, sur le thème – souvent – de la famille, des rapports aux autres, aux siens, aux proches. Ainsi de Parle-moi de Manolis, du Silence de chacun, d’À proprement parler, de Faute de parler… avec cette persistance d’expressions communes dans le titre. Aller au diable en est une belle. Le plus terrible avec Allain Glykos c’est qu’en prenant l’expression au pied de la lettre justement, il en tire la substantifique moelle pour nous montrer ce que nous sommes – et dont il ne s’exclut pas, loin s’en faut.

    Donc, Aller au diable. Allons-y.
    Antoine – ou François, ou Gustave, mettons–, fils d’Étienne cafetier et gendre de cafetier à l’enseigne du Petit Paris, admirateur de Paul Lafargue et de Jules Guesde,  précurseur de l’ascenseur social – tout ceci se passe fin XIXe, début XXe –, peseur de mots comme pas deux et père ambitieux… Antoine, donc, est un petit gars formidablement intelligent, qui aime bien les gambettes des clientes – et même des clients, il n’y aurait rien de sexuel là-dedans – au point de les reconnaître au premier coup d’œil, un petit gars qui passe des heures à diriger des colonnes de fourmis, à contrarier leur progression – le voilà « commandant des fourmis ».
    Les ambitions de papa, envoient Antoine au Lycée, à l’internat. Il a le soutien de l’instituteur, certes, mais il perd les jambes, les chaussures, les fourmis, et comme il est fort en thème – comme on dit –, il se taille une bien mauvaise réputation auprès de ses condisciples, fils de bourgeois pour l’essentiel – « Pour qui il se prend ce fils de cafetier ! ». 
    Il obtient son bac – la fiertié de papa ce jour-là… – l’année du cuirassé Potemkine – ça nous met en 1905. Du passé faisons table rase – qu’ils chantaient ! –, voilà ce qui lui paraît évident, seulement voilà, lui il a lu ça chez Descartes. Faire table rase de tout ce qu’il avait appris dans ce maudit Lycée pour commencer. Faire tabula rasa.
    Et ça pour faire table rase, il va l’araser la table. Il part. Il laisse tout. Il marche devant lui. Il croise une femme – Madeleine, jeune et jolie, tirée à quatre épingles, enfileuse de perles de profession, spécialisée en de couronnes mortuaires – elle le suit, comme un chien… comme un chien qui lèche la main de son maître. Il la possède sans joie, peut-être sans plaisir, il s’absente. Du monde, de lui-même. Il n’est plus là. Il marche, il marche, il va au diable.
    Dans les marais de Charente-Maritime, il croise un Courbet sur le motif, il colle de plus en plus à la vase, il s’y enfonce, Cet ensauvaginement, cet oubli – oublier devient le vrai moteur de son existence –, cette marche éperdue dans les crassats comme autant de charniers – allusion nette à la série de photographies de Jean-Luc Chapin sur des champs de tournesols dévastés –, avec les mots et les livres comme pires ennemis, devient une quête absolue du vide, alors que Madeleine elle, dans les mêmes pas, est engagée dans une éperdue quête du plein, du savoir.
    Ce roman, rompt, paradoxalement beaucoup moins qu’il pourrait paraître, avec l’œuvre antérieure. Pour la première fois sans doute Allain Glykos tient les siens à distance et cette façon de faire le révèle peut-être encore plus, encore mieux. Cette œuvre là est-elle le début de quelque chose, la fin de quelque chose… en tous cas, elle montre, comme jamais, à quel point Allain Glykos est un écrivain de premier plan qui demande à ses lecteurs toute leur attention. Pour la première fois, également, la portée politique du travail d’écriture d’Allain Glykos est nette et sans arrière-pensée. « Le soleil n’a que la largeur d’un pied d’homme » dit Héraclite, Glykos et Antoine en sont la preuve noire et rouge. « Je vais où je suis, je suis où je vais. » Oui.

     

    L’Escampette éditions
    BP 7 – 86300 Chauvigny
     

  • Les Fleurs de mai de Ventadour


    c580e5500032bf6c01e04fad3a1afe02.jpgWilliam S. Merwin
    Les Fleurs de mai de Ventadour
    Version française de Luc de Goustine
    17x21 ; 160 p. ; 18 € isbn : 2.86577.251.9

     

    La rencontre avec Ezra Pound a dix-huit ans – même dans un hôpital – changea sans doute la vie de William S. Merwim (né en 1927 à New York) puisque le poète lui conseilla l’étude et la traduction de la lyrique médiévale, et dans l’occitan des troubadours. Quelques années plus tard, l’auteur de la Renarde (chez le même éditeur) acheta une maison sur le Causse quercynois… voici comment on se retrouve dans un bain de langue inattendu lorsque l’on naît américain du Nord. Voici comment, quelques années plus tard, on répond à une commande de la National Geographic en écrivant un livre de voyage lié à son lieu de prédilection et voici que les éditions Fanlac ont l’excellente idée de la publier en Français dans la très bonne traduction de Luc de Goustine. Ainsi « dans une éclairicie entre les averses d’une matinée de fin de printemps », nous voici amené à suivre les traces de Guillhem – comte de Poitiers et duc d’Aquitaine, fils d’Aliénor, croisé, roi de la langue, grands passeurs de chants devant l’éternité – en compagnie d’un poète américain qui peut nous en remontrer sur la connaissance de la terre, des hommes et de la poésie… Un beau voyage à entreprendre en ce début d’automne, en écoutant le chant du feu dans l’âtre et si on a pas de cheminée, cet élégant volume nous nous le fera aisément croire pendant 156 pages. Ainsi, « Ventadour ne sera plus sans chanteur ».

     

     

    Fanlac
    12, rue du Professeur Peyrot, BP 24002 Périgueux www.fanlac.com