David Gascoyne
« Lorsque la lueur d’un triste dimanche,
Glissant à travers la pluie, argentait
La pierre grise de la ville,
Couchés côte à côte, sans une parole,
Au-dessus des quais pavés de cette île
Qu’entourait le flot en crue de la Seine,
Nous contemplions fixement
Un plafond aride et blanc — comme si
Nous étions pour toujours ensevelis
Au fond d’un chagrin taciturne.
Et quand, à la fin, j’ai tenté de prendre
Ta main dans ma main, et de t’incliner,
Visage étranger, vers mes lèvres,
Tu as quitté d’un bond le lit, tu as
Traversé la chambre et, debout, longtemps
Regardé sous le rideau de la vitre
Les platanes qui se penchaient
Pour interroger comme toi le fleuve,
Question sans réponse et tout aussi vieille
Que l’infortune de la terre. »
David GascoyneMiserere
Traduit de l’anglais par Jean Walh,
Postface de Robin Skelton
Granit, 1989
Sonnet LXVI
« l’alphabet se demande
« Je fis un rêve ! Que peut-il vouloir dire ?
Malcolm Lowry
« Ainsi s’écouterait-on lire, jusque fort tard, dans la nuit, du fond de son oreille. À flotter et s’absorber épongeusement – comme seul un buvard sait le faire – au plus creux de ce que serait notre silhouette de lecteur. L’épelant en aveugle, du bout des doigts se la tâtant hâtivement en tête, la palpant dans sa découpe d’ombre.
« Je suis un poète français. Je travaille pour la France. Je travaille à la France. J’écris en français. Je serai un poète de la France. J’écris en langue française. La langue française est le peuple français. Il n’y a pas de peuple de France sans la langue de France. La langue de la France n’existe qu’à travers ses poètes, la langue est une langue quand elle est une langue vivante, le poète vivifie la langue, rend la langue vivante, elle est vivante, elle est belle. Le peuple français se définit d’abord par le peuple qui parle français. Le peuple français parle français grâce à ses poètes qui vivifient sa langue. Le poète sauve la langue, sauve le peuple, sauve la France. Le poète qui sera reconnu patrimoine national de la nation, je suis français, j’appartiens au patrimoine national de la France. Je suis un poète de la France. »
« La balustrade du rêve au petit jour
« En tout être, il y a une étincelle, qu’il peut laisser s’éteindre ou entretenir jusqu’à ce qu’elle l’embrase tout entier. Pour le feu, cela ne fait guère de différence, mais cela en fait pour la vie qui s’éclaire ainsi. Servir le feu : retourner au feu. »
« Vous y êtes vous n’y serez plus.
Pour Thomas Braichet il faut aller sur la page de Tapin qui lui rend hommage – il participait depuis plusieurs années à la revue Boxon avec Julien d’Abrigeon, Cyrille Bret, Gilles Cabut… –