lundi, 10 mars 2008
Pascal Quignard
AU SUJET DU CHEVAL D’UFFINGTON
Le temps est un cheval au galop.
Aucun homme ne peut l’arrêter car il court vers la mort.
Tous partent aujourd’hui pour arriver hier.
Aucun homme ne peut l’arrêter car il court vers la mort.
Tous partent aujourd’hui pour arriver hier.
Il s’agit d’arriver à ne pas arriver.
Pascal Quignard
Abîmes
Grasset, 2002, rééd. Folio n°4138, 2004
Abîmes
Grasset, 2002, rééd. Folio n°4138, 2004
15:27 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent
dimanche, 09 mars 2008
Isabelle Baladine Howald

Isabelle Baladine Howald
Lettre de Poméranie
Éditions Jacques Brémond, 1996
Lettre de Poméranie
Éditions Jacques Brémond, 1996
10:27 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent
samedi, 08 mars 2008
Thomas Bernhard

Thomas Bernhard
Maîtres anciens
Traduit de l’allemand par Gilberte Lambrichs
Gallimard, coll. Du Monde entier, 1998, rééd. Folio n° 2276, 1991
Maîtres anciens
Traduit de l’allemand par Gilberte Lambrichs
Gallimard, coll. Du Monde entier, 1998, rééd. Folio n° 2276, 1991
15:11 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent
vendredi, 07 mars 2008
Pierre Guyotat

Pierre Guyotat
Coma
Coll. Traits et portraits, dirigée par Colette Fellous
Mercure de France, 2006
Coma
Coll. Traits et portraits, dirigée par Colette Fellous
Mercure de France, 2006
11:00 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent
jeudi, 06 mars 2008
Marina Tsvétaïéva

LA LETTRE
On ne guette pas les lettres
Ainsi — mais la lettre.
Un lambeau de chiffon
Autour d’un ruban
De colle. Dedans — un mot.
Et le bonheur. — C’est tout.
On ne guette pas le bonheur
Ainsi — mais la fin :
Un salut militaire
Et le plomb dans le sein —
Trois balles. Les yeux sont rouges.
Que cela. — C’est tout.
Pour le bonheur — je suis vieille !
Le vent a chassé les couleurs !
Plus que le carré de la cour
Et le noir des fusils.
(Que le carré de l’enveloppe :
Encre et attraits !)
Pour le sommeil de mort
Personne n’est trop vieux.
Que le carré de l’enveloppe.
11 août 1923.
Marina Tsvétaïéva
Le Ciel brûle suivi de Tentative de Jalousie
Traduit du russe par Pierre Léon et Ève Malleret
Préface de Zéno Bianu
Poésie/Gallimard
Le Ciel brûle suivi de Tentative de Jalousie
Traduit du russe par Pierre Léon et Ève Malleret
Préface de Zéno Bianu
Poésie/Gallimard
10:27 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent
mercredi, 05 mars 2008
Henry Bauchau
« Brisé par l’échec de la naissance des mots et pat le rire de tante Babeth et de toute la tablée qui signifiait que c’est peut-être touchant mais surtout ridicule d’aimer d’amour quand on est un enfant. Que cela indique peut-être que l’on n’est pas un vrai garçon. Qu’on est un enfant trop sensible toujours soumis au rire insultant de ceux qui sont dans le vrai monde. Je n’ai pas eu accès aux mots de ce monde-là, car après des années d’efforts vains c’est le monde imaginaire qui a soulevé et mis en mouvement ma vie. »
Henry Bauchau
le Boulevard périphérique, Actes Sud, 2007
le Boulevard périphérique, Actes Sud, 2007
14:18 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent
mardi, 04 mars 2008
Anne-Marie Garat
“Il l’a convaincu que cette maladie était sa propre question normale d’homme historique. Les images de son système nerveux central étaient les convulsions de son pays, amputé de son territoire et de sa mémoire ; comme lui il était humilié par l’horreur de la guerre, et par sa bassesse de survivre au massacre collectif en jouissant du beau temps, de sa femme et de son élevage de lapins. Il lui a expliqué qu’il souffrait d’appartenir à une langue parfaite, unique, celle des philosophes et des poètes hongrois, et, homme du peuple, d’être condamné aux quelques vocables résiduels de sa vie. Aussi que sa tumeur ressemblait à la schizophrénie inhérente aux démocraties populaires qui incarcère la liberté dans les caves de l’esprit, on y cherche la part du prévisible et de l’imprévisible, on devient fou sous le joug des tyrans. Sa tumeur était d’agoniser dans le temps universel sans avoir compris qu’il n’est qu’expérience de sujet accidentel, et aussi de la nostalgie de valeurs anciennes, de plaines et de fermes aux puits à balance, qui vous vient devant la porte de l’usine nationalisée de votre fils. Il lui a expliqué, en résumé, que sa tumeur était saine, humaine, normale. Il y a mis le temps, mais mon grand-père, qui n’est pas bête, a compris au moins ceci: son mal est son bien. Sa tumeur est la liberté de son esprit, clairvoyant sur la folie du monde, ses visions insensées sont la chose commune, il est la langue et l’histoire de la Hongrie ensemble, sa mélancolie et sa rage, son âme baroque et susceptible.”
Anne-Marie Garat
István arrive par le train du soir
Seuil, Coll. Fiction & cie, 1999
10:40 Publié dans Au jour le jour | Lien permanent