Bloomday

Ulysse
Épisode III – Eumée – traduit par Pascal Bataillard
Nouvelle traduction sous la direction de Jacques Aubert
Gallimard, 2004
UA-62381023-1
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« Cette main vivante, à présent chaude et capable
D’une étreinte fervente, ne manquerait, serait-elle froide
Et dans le silence glacial de la tombe,
De hanter tant tes jours et tant transir les rêves de tes nuits,
Que tu souhaiterais ton cœur tari de sang
Pour qu’en mes veines à nouveau puisse la vie rouge affluer,
Et toi calmer ta conscience. Regarde, la voici
Vers toi, vers toi je la tends. »
« Il n’y avait pas de nom et nous accostâmes à minuit.
Les cinq filles qui riaient ensemble à la lumière du réverbère
Bras autour de la taille, dans le parking aux ombres mortes,
Ne purent ranimer nos cœurs empoisonnés de salure marine.
Il n’y avait pas la moindre beauté dans cet endroit.
Mais au réveil matinal, découvrant comme à portée de main
Le quai, la route, le marché, le cadran de l’horloge amie,
– La physionomie d’une terre nouvelle –
Notre drapeau flottant printanièrement au mât du bureau de poste,
Chaque pierre étant comme la promesse d’un courrier de femme
Aimée, tandis que montaient à la chaîne de notre coque rouillée
Les automobiles à forme géométrique étincelant dans le soleil –
Ce fut urgence pour Christian de quitter le Marais Désespoir,
Pour Crusoé d’apercevoir le pas de Vendredi dans le sable. »