samedi, 05 août 2017
Natsume Sôseki, « Poèmes »
DR
« 20 août 1916
Mes tempes sont mal en point, où poussent toutes ces blancheurs ;
Ces fleurs du temps annoncent qu’un beau jour on a décliné.
Dans la fragrance et la fétidité, quelle est notre quête ?
En un rêve de papillon nous menons notre existence.
Sandales descendant les degrés, la rosée se disperse ;
Siège déplacé sur le pavé, les cigales s’alarment.
Le vent salubre partout présent, l’ombre de ce musa,
Qui berce ma sieste de ses longues feuilles si légères. »
Natsume Sôseki
Poèmes
Traduit du chinois (Japon), présenté et annoté par Alain-Louis Cola
Trilingue – chinois, japonais, français
Le Bruit du temps, 2016
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mercredi, 02 août 2017
Rainer Maria Rilke, « L’enlèvement »
DR
« Enfant déjà, souvent elle échappait
à ses bonnes pour voir naître au-dehors
(car dedans ils sont autres)
et la nuit et le vent ;
mais nulle nuit de tempête n’avait
jamais déchiqueté le parc immense comme
aujourd’hui le déchiquetait sa conscience
lorsqu’il la prit sur son échelle de soie
et l’emporta bien loin, bien loin… :
jusqu’à ce que la voiture fût tout.
Et elle la sentit, cette voiture noire
que la poursuite, en attente, guettait,
et le danger.
Elle la trouva tapissée de froid ;
et le noir et le froid étaient aussi en elle.
Elle s’enfouit dans le col de sa cape
et toucha ses cheveux, comme s’ils restaient,
puis entendit la voix étrangère
d’un étranger lui dire :
Jesuislàprèsdetoi. »
Rainer Maria Rilke
« Nouveaux poèmes » — deuxième partie, 1907
Traduit de l’allemand par Jacques Legrand
In Poésie, œuvres II
Le Seuil, 1972
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lundi, 31 juillet 2017
Jean Grosjean, « Apocalypse »
DR
« Avec quel puéril sérieux les mouches s’entêtent à nous aimer les mains ! Un souffle dans l’herbe émeut des lames courbes, des bannières blanches et des chapeaux à graines.
Chaque arbre hoche la tête à son tour, hausse l’épaule. L’hirondelle à gorge de veilleuse glisse sur les rails de l’air. Oh ! quand elle vire, la lueur marine de son dos.
Un bourdon s’affaire à ce bruit d’usine qu’il mène entre les iris jusque, silence ! son tête-à-tête dans l’abside avec le dieu suc. Au loin s’égosille un coq.
Le ciel du dimanche perché sur la colline, les friches lui tiennent tête de leurs dards et de leurs torches, sainte ferveur du schisme dont nos douleurs ne furent que l’ombre.
Les laboureurs ont quitté l’entrain ouvrable, et les mineurs les houilleux Érèbe. Ils errent en veste entre les fermes avec des fragments de phrases. Fermons les yeux pour qu’au fond des bois le coucou faiblement coucoule.
La flamme bleue du jour fuit lente avec de brèves braises de couchant à sa pointe. La face creuse du ciel se retire en soi sans détourner de moi ses yeux de cendre.
Les ténèbres n’osent encore leur faction hérissée de lances ni furtif l’amour planter le maigre mai dont rougisse une servante à l’aube.
Un arbre que l’hiver visitait de plaintes, déploie dans la fosse d’en haut son envergure. Son feuillage profère à voix basse cette mort que notre mort désire. »
Jean Grosjean
« La Vehme à l’œuvre » in Apocalypse
Gallimard, 1962
Repris in La Gloire, précédé de Apocalypse, Hiver et Élégies
Préface de Pierre Oster
Poésie/Gallimard, 2008
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samedi, 29 juillet 2017
Gertrud Kolmar, « Mondes »
DR
La vieille femme
Aujourd’hui je suis malade, et demain je serai guérie.
Aujourd’hui je suis pauvre, aujourd’hui seulement, et demain je serai riche.
Mais un jour, je resterai toujours assise ainsi,
Blottie, grelottante, dans un châle sombre, la gorge qui toussote, se racle,
Je me traînerai péniblement jusqu’au poêle en faïence où je poserai mes mains osseuses.
Alors je serai vieille.
Les sombres ailes de merle de mes cheveux sont grises,
Mes lèvres des fleurs séchées, poussiéreuses,
Et mon corps ne sait plus rien des cascades et jaillissements des fontaines rouges du sang.
Je suis morte peut-être.
Bien avant ma mort.
Et pourtant j’étais jeune.
Étais aimante et bonne pour un homme comme le nourrissant pain doré de sa main affamée,
Étais sucrée comme un réconfortant à sa bouche assoifée,
Je souriais,
Et les enlacements de mes bras de vipère mollement enflés attiraient dans la forêt magique.
Et à mon épaule bourgeonnait une aile bleue comme de la fumée
Et j’étais allongée contre la plus large poitrine broussailleuse,
Murmurant vers l’aval, une eau vive jaillissait du cœur du rocher aux sapins.
Mais vint le jour et l’heure vint
Où les blés amers se trouvèrent mûrs, où je dus moissonner.
Et la faucille coupa mon âme.
“Va”, dis-je, “Amour, va !
Regarde ma chevelure agite ses fils de vieille femme,
Le brouillard vespéral déjà humecte ma joue,
Et ma fleur d’effroi se fane dans les frimas.
Des rides sillonnent mon visage,
Des rigoles noires les pâturages d’automne.
Va, car je t’aime beaucoup.”
En silence je retirai la couronne d’or de ma tête et me voilai la face.
Il partit,
Et ses pas apatrides l’emportèrent sans doute vers une autre halte sous des pupilles plus claires.
Mes yeux se sont brouillés et c’est tout juste s’ils passent encore le fil dans le chas de l’aiguille.
Mes yeux pleurent fatigués sous les paupières lourdement plissées, au pourtour rougi.
Rarement
Dans le regard éteint point de nouveau la faible lueur au loin enfuie
D’un jour d’été,
Où ma robe légère, ruisselante, inondait les champs de cardamine
Et ma mélancolie lançait dans le ciel béant
Des cris d’allégresse d’alouette. »
Gertrud Kolmar
Mondes (1937)
Bilingue. Édition établie, postfacée et traduite de l’allemand par Jacques Lajarrige
Coll. Autour du monde, Seghers, 2001
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jeudi, 27 juillet 2017
Pierre Albert-Birot, « Mon ami Kronos »
DR
« Quand je m’éveille le matin, j’entrouvre un œil et j’entrevois le cadran d’une petite pendule placée avec la meilleure intention juste sur la trajectoire de ce filet de regard. Huit heures ! Oh !… Mais non. Il n’est que sept heures. La petite pendule, toujours avec la meilleure intention, avance d’une heure.
Une pendule qui avance d’une heure, ce n’est rien, ce mensonge ne donne pas la moindre bousculade au roulement de chaque jour, et si peu doué qu’on soit pour l’arithmétique, on l’est toujours plus qu’il ne faut pour lire instantanément sur le cadran l’heure “exacte” en voyant l’aiguille affirmer de toute sa rigidité l’heure fausse. Pourtant le matin, à l’instant du retour au monde, on reste peut-être une demi-seconde sous l’influence de cette sorte de serment que fait la pendule aux bras si petits mais si impératifs : moi, pendule, je dis, j’affirme, je jure qu’il est huit heures. C’est tout de même amusant d’avancer une pendule, rien que pour voir avec quelle astuce et quelle sérénité elle va mentir. Amusant, oui – mais il faut bien reconnaître que de son mensonge va naître pour nous une peine qui créera de la joie. Au contact des aiguilles, ou plutôt de leur image sur la rétine, nous l’avons crue, cette menteuse, huit heures, hélas ! Puis, une lumière. Non, ce n’est pas vrai, il n’est que sept heures, j’ai une heure de plus. Notre peine a duré le temps de dire “elle ment”. Notre plaisir va durer tout le temps que nous voudrons y penser. »
Pierre Albert-Birot
Mon ami Kronos (1935)
Zulma, 2007
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lundi, 24 juillet 2017
Louis Zukofsky, “A”
DR
« L’ordre muet du monde.
La mort façonne
Nos idées — on dirait un suc
Infime et virtuel — l’abeille butine et fertilise.
L’amitié n’est pas si douce.
Mais après soixante ans de
Lampes à incandescence
Le verre coule toujours comme du miel
Ou se pétrifie en forme de
Sucres d’orge que les enfants adorent —
Du véritable verre
Pour ainsi dire,
Qui fond dans la bouche
Comme sous la pluie —
Leur frimousse gelée
S’enflamme pour longtemps
Telles parcelles d’inventions :
Oreille moisie, as-tu des yeux ?
Ne parlez plus d’amour,
La liesse des grands jours
Ne coule plus dans le sang ?
La bonté meurt — ça arrive —
Elle en a trop fait.
L’amour donne sans compter,
Il voit avec l’esprit, pas avec les yeux
— il est aveugle.
Une voix : d’abord le corps —
Parle de tous les amours ! »
Louis Zukofsky
“A” (section 12)
Traduit de l’anglais (États Unis) par Serge Gavronsky et François Dominique
Coll. Ulysse Fin de Siècle, Éditions Virgile, 2003
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samedi, 22 juillet 2017
Jean-Claude Pirotte, « Un voyage en automne »
juin 2004 © cepdivin
« Marcel Schwob enfant s’enfermait au grenier pour lire “en mangeant un morceau de pain trempé dans un verre d’eau”. Que de charmes aux enfances des “aventuriers passifs” célébrés par Mac Orlan. Je crois que je faisais pareil, la nuit, lorsque, sur la pointe des pieds, j’allais écouter dormir mes parents en collant mon oreille à la serrure de leur chambre, avant de monter jusqu’au palier des mansardes, un livre et une bougie dérobés à la main. Lire était l’activité clandestine et ténébreuse par excellence. Elle l’est restée. Je levais les yeux et je voyais la lune apparaître entre deux nuages, au coin de la lucarne. Les rayons glissaient sur la page d’où semblaient s’élever comme un parfum les signes brouillés qui promettaient le bonheur et le mystère. Aujourd’hui encore je ne peux me défendre de penser que je suis aussi l’auteur des livres que j’aime. “Le plus haut plaisir du lecteur, comme de l’écrivain, est un plaisir d’hypocrite”, avoue Schwob. “Le vrai lecteur, dit-il encore, construit presque autant que l’auteur : seulement il bâtit entre les lignes.” C’est cela, et je n’aurai rien bâti qu’entre les lignes, ce qui me paraît une assez bonne façon de jouer à colin-maillard avec soi-même, et avec le monde. »
Jean-Claude Pirotte
Un voyage en automne
La Table Ronde, 1996
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vendredi, 21 juillet 2017
Li Bai, « J’interroge la lune, une coupe de vin à la main »
Li Bai, DR
« Lune dans le ciel bleu, depuis quand es-tu là ?
Je te pose la question, une coupe à la main.
L’homme ne peut pas monter sur la lune claire ;
Mais la lune se promène toujours avec l’homme.
Miroir aérien brillant sur la porte rouge du palais ;
Elle répand un éclat pur quand la brume se dissipe.
On la voit se lever dans la nuit au-dessus de la mer ;
On oublie qu’elle se noyait dans les nuages du matin.
Le lièvre blanc y pile la drogue magique jour et nuit ;
Chang’e y habite seule, sans connaître de voisins*.
Les gens d’aujourd’hui, n’ont pas vu la lune d’antan ;
La lune d’aujourd’hui, elle, a éclairé les gens de jadis.
Gens d’aujourd’hui et de jadis : de l’eau qui coule ;
Mais c’est toujours la même lune qu’on contemple.
Puisse au moment où nous chantons face au vin
L’éclat du clair de lune illuminer nos coupes dorées. »
* Chang’e (ou Heng’e), enfuie dans la lune, en devint la déesse.
Li Bai – 701-762
« La dynastie des Song du Nord »
Traduit, présenté et annoté par Florence Hu-Sterk
In Anthologie de la poésie chinoise
La Pléiade, Gallimard, 2015
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mardi, 18 juillet 2017
Annelyse Simao, « À l’échafaudage »
© Christiane Cartignies
« il est un silence qui n’est pas un silence
de paix attente ou regard
dans la file chacun-e posté-e devant
derrière le dos d’un-e autre
il est un silence qui ne naît pas silence
habité par un désir de lien
prêt à glisser sous l’espace
entre cœurs et têtes
entrouverts
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
il est un silence tendu
aussi bruyant et plus
assourdissant que plainte
opaque révolte serrée poitrine
pressée sous la veste bras repliés
silence
imposé par le lieu
soumis à la décision d’un-e autre »
Anelyse Simao
À l’échafaudage
Peintures de Christiane Cartignies
Coll. Voix de chants, Æncrages & Co, 2013
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dimanche, 16 juillet 2017
Christophe Manon, « Jours redoutables »
© : Frédéric D. Oberland
« on peine on aime on souffre et chante sous la pluie ou le soleil ardent cœur léger cœur lourd c’est la grâce de vivre et puis l’on se retrouve pantois plongé dans l’incertain on voudrait tant se dire demain qu’on n'a pas tout perdu sur un coup de tête ou de mauvais destin – il faudrait savoir dire merci savoir s’éprendre aussi d’autres que de soi-même et dénouer les fils emmêlés d’une vie sans allure qui s’effiloche et file à trop grande vitesse qu’on rafistole comme on peut avec de maigres riens – on a tant de joie en soi le désir est si fort parfois semblable à de la rage l’espoir s’est émoussé on ne craint plus d’échouer et c’est avec souplesse qu’on passe des ténèbres aux lumières et puis que l'on revient des lumières aux ténèbres on donne l’accolade à de vieux camarades (petit frère petite mère tous ceux dont la face d’une impeccable rondeur palpite dans la nuit comme un astre plein) qu’ils sachent qu’on ne s’est pas renié la lutte n’est pas vaine qu’on a persévéré sur le sentier des brusques solitudes et des amours incandescents qu’on a laissé couler malgré le petit tas de cendre le mince filet du doute jusqu’à ce qu’il tarisse – on se fraie une issue sous un gros ciel noir de souvenirs menaçants qui s’estompent en charriant une lente procession de pensées éperdues : on a si peur que cela cesse soudain que la fête s’arrête et c’est déjà le terme peur de n’avoir tant vécu que pour joindre à la fin la sarabande éternelle de ceux qui ne sont plus – saura-t-on jamais ce qui se trame dans l’espace insondable du temps et de quelle détresses notre avenir est le nom ? où vont les baisers échangés dans le secret des jours ? où vont-elles les étreintes furtives dérobées sous des porches obscurs ? et nos larmes très fertiles et douces comme des étoiles inabouties sous quelle ivresse les enfouir de quelle épiphanie leur faire sépulture ? les gestes affûtés on est encore capable de bondir mordre griffer s’il le faut on a le cuir de plus en plus épais la couenne toujours aussi coriace la dent dure les épaules rentrées on a appris à encaisser sans broncher mais on sait désormais que ce sont d’insaisissables spectres qu’on affronte telles des nuées d’insectes en agitant les bras »
Christophe Manon
Jours redoutables
Photographies de Frédéric D. Oberland
Les Inaperçus, 2017
13:34 Publié dans Écrivains, Édition | Lien permanent | Tags : christophe manon, jours redoutables, frédéric d oberland, les inaperçus
samedi, 15 juillet 2017
William Butler Yeats,«Michael Robartes et la danseuse»
DR
« Au point du jour
Fut-ce le double de mon rêve
Que la femme couchée à mon côté
Rêva, ou bien partageâmes-nous le même rêve,
Dans la première lueur froide du jour ?
Je pensais : “Il est un torrent
Sur le flanc de Ben Bulben,
Que toute mon enfance tint pour cher ;
Si je partais au bout du monde
Je ne pourrais trouver chose aussi chère.”
Mes souvenirs ont si souvent
Exagéré les délices de l’enfance !
J’aurais voulu le toucher comme un enfant
Mais, je le savais, mes doigts n’auraient touché
Que de l’eau et des pierres froides. Je m’emportai,
Accusant même le Ciel d’avoir
Pris ce décret parmi ses lois :
Rien de ce que nous aimons à l’excès
Ne se laisse estimer au toucher.
Je fis ce rêve à l’approche du jour,
L’aube soufflait sa froide rosée dans mes narines.
Or celle qui est couchée à mon côté
Avait, dans un sommeil plus amer,
Vu le cerf merveilleux d’Arthur,
Le noble cerf blanc, bondir
Dans la montagne, de rocher en rocher. »
William Butler Yeats
Michael Robartes et la danseuse, suivi de Le Don de Haround Al-Rachid
Bilingue
Présenté, annoté et traduit de l’anglais par Jean-Yves Masson
Verdier, 1994
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vendredi, 14 juillet 2017
William Butler Yeats « Quarante-cinq poèmes »
© : Charles Beresford, 1911
« Après ce long silence
Parler, après un long silence : c’est dans l’ordre,
Mort ou lassé tout autre qui t’aima,
Et tirés les rideaux sur la nuit hostile
Et voilée de ses franges la lampe hostile,
Qu’ainsi nous dissertions, à n’en plus finir,
Sur ces thèmes suprêmes, l’Art, le Chant.
La décrépitude du corps est sagesse. Jeunes,
Nous nous aimions, nous ne savions rien d’autre. »
William Butler Yeats
Quarante-cinq poèmes, suivis de La Résurrection
Bilingue
Traduit de l’anglais et préfacé par Yves Bonnefoy
Hermann, 1989
13:35 Publié dans Écrivains, Édition, En fouillant ma bibliothèque | Lien permanent | Tags : willima butler yeats, quarante-cinq poèmes, yves bonnefoy, hermann