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Écrivains - Page 37

  • Jean-Jacques Salgon, « Obock »

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    La Tour Soleillet à Obock

     

    « Rimbaud a ceci de particulier qu’à chaque moment de sa vie il excède tout ce qu’on peut connaître de lui, poèmes, lettres, portraits ou photographies, souvenirs des témoins qui l’ont connu ou croisé, autant de portes ouvertes sur des mondes différents et qui semblent scellés sur un épais mystère. Rimbaud c’est l’excès de la biographie (quand Pessoa ou Walser en seraient le manque, le défaut). Il est trop, comme disent les jeunes d’aujourd’hui. Il n’est peut-être jamais autant Rimbaud que dans cette période si peu documentée de sa vie où il sillonne l’Europe, ces trois années de vagabondage entre 21 et 24 ans où il s’échappe et échappe à tous, où il a déjà quitté l’écriture et pas encore rencontré l’Afrique et le négoce. Durant ces années d’errance, il devient polyglotte, il multiplie le multiple, semble doué du don d’ubiquité.

    Rimbaud est beaucoup plus que le double dont parle Segalen ; pluriel, polymorphe et, tout comme notre univers, constitué à 96% d’énergie et de matière noire. Cet univers opaque de sa vie s’étend d’ailleurs depuis le Bar de l’Univers de Charleville jusqu’au Grand Hôtel de l’Univers à Aden. Un univers à lui tout seul ; une vérité cachée dans une âme et un corps. C’est sans doute pour ça que les autoportraits flous de Harar nous paraissent si vrais.

    […]

    De retour à Obock où la chaleur commence à être rude, il [Paul Soleillet] continue de diriger la construction de sa factorerie. Une enceinte carrée de cent mètres de côté est bâtie, puis, à l’intérieur de ces murs, on édifie les entrepôts, et, dans l’alignement du porche d’entrée, une tour en pierre de 17 mètres de haut qui sera longtemps appelée tour Soleillet. Sur la terrasse supérieure de cette tour sont installés les quatre canons. Tous les matins on hisse au haut d’un mât le drapeau français.

    C’est peut-être au rez-de-chaussée de cette tour qu’il se fera prendre en photo par Édouard Bidault de Glatigné. On le voit à sa table, entouré de son personnel, dans la pause du penseur de Rodin, avec ses cheveux raz et sa longue barbe taillée au carré, plongé (ou faisant mine d’être plongé) dans la lecture d’un livre, veste et pantalon blancs, sandales afars, une paire de jumelles traînant à côté du livre. Un fusil est accroché au mur où sont aussi des trophées, lances et boucliers danakils, sabres, juste de quoi constituer un petit décor colonial. »

     

    Jean-Jacques Salgon

    Obock

    Verdier, 2018

    https://editions-verdier.fr/livre/obock/

  • Idea Vilariño, « Ultime anthologie »

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    DR

     

    « La nuit

     

    La nuit ce n’était pas le rêve

    c’était sa bouche

    c’était son beau corps dépouillé

    de ses gestes inutiles

    c’était son visage pâle me regardant dans l’ombre.

    La nuit c’était sa bouche

    sa force et sa passion

    c’était ses yeux graves

    ces pierres d’ombre

    qui roulaient dans mes yeux

    c’était son amour en moi

    une invasion si lente

    si mystérieuse

     

    * * *

    Tu sais

     

    Tu sais

    tu as dit

    jamais

    jamais je n’ai été heureux comme cette nuit.

    Jamais. Et tu me l’as dit

    à l’instant même

    où je décidais moi de ne pas te dire

    tu sais

    je me trompe sûrement

    mais je crois

    mais il me semble que c’est

    la plus belle nuit de ma vie.

     

     * * * 

    Chanson

     

    Je voudrais mourir

    tout de suite

    d’amour

    pour que tu saches

    comment et combien je t’aimais.

    Je voudrais mourir

    je voudrais

    d’amour

    pour que tu saches. »

     

    Idea Vilariño

    Ultime anthologie

    bilingue

    Traduiction de l’espagnol (Uruguay) et postface par Éric Sarner

    Avant propos / Mots pour Ultime anthologie par Olivier Gallon

    La Barque, 2017

    http://www.labarque.fr/livres17.html

  • Caroline Sagot Duvauroux, « Le Vent chaule »

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    La Vierge de l'Annonciation ( 1474-1476), Antonello de Messine,

    Galleria Regionale della Sicilia, Palerme

     

     

    « La jeune lingère brassait des draps bleus et blancs comme le turban de la dame d’Ingres. Qu’elle est jolie quand son sourire embarque le visage et qu’elle se tourne à vous. N’est pas de ces lingères de roman qu’on culbute dans les remises et qui rient d’insolence comme la petite servante de Goya au coin du grand drap blanc. Riait pourtant la lingère aux voyous et aux princes qui passaient par là qu’elle croisait à vélo, sacoches pleines de linge et de provisions, de munitions, sur les lignes de démarcation. Et bien sûr qu’il y en eut, les lingères sont jolies dans leurs jupes fraîches et socquettes à sandales, jambes nues qui pédalent et pédalent en montrant des genoux. Hum se disent les vauriens en sifflant, hum se disent les princes en pleurant. Les princes n’ont pas droit aux lingères et les vauriens ont droit à tout mais pas longtemps et d’ailleurs les lingères sont habiles à s’enfuir dans leur rire.

    Mais les lingères n’existent plus que dans le temps d’enfance contée. C’est pourquoi on retourne parfois dans ces temps découvrir semeurs et lingères et les tissus bleus sur les peintures qu’on voulait toucher, qu’on touche furtivement car les peintures des temps contés ne sonnent pas quand les petits vont toucher du doigt le bleu de Kandinsky pour savoir si ça colle ou si ça s’enfonce, ou celui de Van Gogh pour vérifier si ça gratte ou si ça dévore, et le bleu de la vierge d’Antonello pour que l’émerveillement demeure sur la pulpe du doigt comme un cœur de mésange à battre son petit tocsin. Et la peinture mine de rien tue les princes et la peinture se fait prince. Prince de gloire le vent de corbeau, prince de gloire le tendre vert battu de gris, prince de gloire la transparence d’une larme sur un visage supplicié.

    Alors on épouse la turbulence et l’éclat. On oublie les princes maléfiques des romans qu’on aime tant, on grandit. On s’éloigne. On cherche les peaux aux endroits qu’on voit pas, on aime le rok’n’roll et la paix violente. On file chasser phrase à phrase une phrase. Ou bien en Camargue pour sous les sabots des chevaux la poussière d’éperdu. Ce qu’on voit : des salines et qu’il y a du rose sur un châtiment blanc. C’est fini pour un temps les romans, on chasse et on prend, tout prend la toile et c’est la provision de l’été. »

     

    Caroline Sagot Duvauroux

    Le Vent chaule suivi de l’Herbe écrit

    José Corti, 2009

    http://www.jose-corti.fr/titres/vent-chaule.html

  • Dominique Sigaud, « Dans nos langues »

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    © Michel Durigneux, pour Verdier

     

     

    « La langue n’est pas un cadeau des père et mère, nation école patrie patrimoine. Elle est comme la marguerite jaune qu’on ramasse négligemment au bord du champ parce qu’elle s’y trouvait. Il y a de la langue comme il y a de petites marguerites au bord des chemins, heureusement ; il importe donc d’en multiplier les accès et non les réduire ; c’est toujours très beau quelqu’un qui s’affranchit, un jeune homme ou une jeune fille plus encore, qui fait le geste écartant le mort de la langue, le mort dans la langue, ce qui de la langue conduit à plus de mort en soi et autour que de vivant, c’est toujours très beau un jeune homme ou une jeune fille s’affranchissant des langues entassées sur lui comme un poids mort ; ce que ça éclaire d’eux quand ils le font, ce que ça leur dessine comme ouverture.

    “Ma nef passe au détroit d’une mer courroucée*”, je reprends votre citation, ces phrases dont la langue est capable, une des premières que vous m’avez offertes. Je me suis appuyée parfois sur certaines de vos phrases pour avancer quand c’était un peu plus difficile. La langue est cette nef parfois passant au détroit d’une mer courroucée, sin on veut s’avancer dans la langue, ce que ça suscite autour de soi comme contraintes, violences, oppositions.

    Être conduit par la langue à de la langue. Plus on s’y abandonne, plus la langue est cette nef, plus c’est elle qui conduit. »

     

    * Philippe Desportes (1546-1606)

     

    Dominique Sigaud

    Dans nos langues

    Verdier, 2018

    https://editions-verdier.fr/livre/dans-nos-langues/

     

     

  • Mathieu Riboulet, « Lisières du corps »

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    © des mots de minuit

     

    « On ne laisse pas d’un coup cinquante-huit ans de corps

    À corps avec son corps.

    On ne laisse pas d’un coup repartir les vivants

    Avec leurs os, leur sang, leurs larmes et leur misère.

    On s’attarde et l’on trinque, on dit des choses tendres,

    On te laisse filer, t’effacer pour de bon. Ça ira,

    Nous sommes quittes, Ljubodrag, qu’une dernière fois je nomme,

    Emportant avec moi un peu de ta lumière. »

     

    Mathieu Riboulet

    Lisières du corps

    Verdier, 2015

     

    Mathieu Riboulet, né en 1960 dans la région parisienne est mort lundi 5 février à Bordeaux.

    Nous l’aimons.

     

     

  • Jean-Luc Sarré, « Au crayon »

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    DR

     

    « Je suis bien, je suis seul, je n’attends rien ou plutôt, je n’attends que moi, mais sans impatience, sans illusion car je me connais, je suis rarement au rendez-vous et s’il arrive que cela soit, je me croise, un salut rapide puis je passe mon chemin. Me fuir, me chercher, c’est tout un pour moi. Je suis bien, je regarde, je vois ce jour tramé de poussière, un jour vert et gris que peigne un léger vent d’est, à peine un jour, comme moi qui suis “à peine”.

     

    Rien ne me fait battre le cœur comme une certaine qualité de lumière ou plus encore le souvenir que je peux en avoir.

     

    La façon la plus hypocrite de parler de soi est celle qui évite le pronom personnel.

     

    Non est sans doute le seul mot sur lequel je n’ai jamais trébuché.

     

    J’espère que je n’aurai pas peur, que je ne serai pas entouré de visages en larmes, que ma souffrance sera, sinon inexistante du moins supportable, que la scène aura lieu chez moi de préférence, bref, j’espère que tout se passera bien ce jour-là.

     

    La douleur cessa et mon corps ne fut plus qu’un souvenir. »

     

    Jean-Luc Sarré

    Au crayon

    Farrago, 1999

     

    Jean-Luc Sarré, né le 22 avril 1944 à Oran, est mort ce samedi 3 février 2018 à Marseille, où il vivait depuis 1968.

  • Wang Heqing, « Ode à un papillon géant »

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    © Sophie Chambard

     

     

    « Air : “Jour d’ivresse”.

    Brassant l’air, il vous réveille en sursaut du rêve de Zhuang Zhou

    De ses deux ailes reposant bien calé sur la brise de printemps.

    Dans trois cents jardins fameux

    Il a sucé tout ce qui pouvait l’être,

    Terrorisant l’abeille en quête de fragrances.

    D’un petit volettement délicat, tout léger,

    Vous l’envoie valdinguer à l’autre bout du pont, la marchande de fleurettes. »

     

    Wang Heqing

    « La dynastie des Yuan (Mongols, 1279-1368) »

    Traduit, présenté et annoté par Rainier Lanselle

    In Anthologie de la poésie chinoise

    La Pléiade, Gallimard, 2015

  • Gérard Haller, « Le grand unique sentiment »

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    Rembrandt, La Lutte de Jacob avec l'ange, 1659

    Staatliche Museen, Gemäldegalerie, Berlin

     

    « mains bras ailes

    oh ailes

     

    visage nu de l’un face au nu

    de l’autre comme ça qui se présentent

    ensemble le vide d’avant et l’intime

    infini.

    Le lointain : qui le font désirable

     

    komm tu dis

     

    c’est chaque nuit.

    Nous nous prenons dans les yeux les larmes

    plus loin nous nous implorons komm

    prends-moi etc. et c’est chaque fois

    comme si c'était la première nuit

    sur la terre de nouveau comme

    si c’était nous là-bas les deux

    tombés nus du ciel et tu es là

    je suis là tu dis regarde et tout

    recommence

    visage de l’un face à l’autre

    dedans plus loin qui appellent

    encore et encore

    qui demandent la lumière

    et tu me fais avancer dans toi

    au bord et tu prends ma tête

    comme ça dans ta main

    et tu la poses sur ton sein

    et tu dis mon nom

    komm tu dis

    et je suis toi de nouveau

    dans le nu de ta voix

    là-bas sans moi

    et je ferme les yeux

     

    [TEMPS]

     

    tout le temps de l’étreinte

     

    comme si c’était pour entendre

    seulement ça qui appelle dedans

    nous sans nom sans voix.

    Nu seulement plus nu encore

    et soudain c’est toi »

     

    Gérard Haller

    Le grand unique sentiment

    Coll. « Lignes fictives », Galilée, 2018

    http://www.editions-galilee.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=3489

  • Niki Giannari, « Des spectres hantent l’Europe », Georges Didi-Huberman, « Passer, quoi qu’il en coûte »

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    photogramme du film de Maria Kourkouta & Niki Giannari

    Des spectres hantent l'Europe

    https://www.youtube.com/watch?v=VReuK17ouDM

     

    « Tu avais raison.

    Les hommes vont oublier ces trains-ci

    comme ces trains-là.

    Mais la cendre

    Se souvient. »

     

    & & &

     

    « On ne témoigne jamais pour soi. On témoigne pour autrui. Le témoignage vient d’une expérience bouleversante, souvent ressentie comme indicible et dont le témoin, depuis la position qu’il occupait (position d’actant, de souffrant ou de regardant) doit faire foi aux yeux d’autrui, aux yeux du monde entier. Il donne alors forme à ce qu’il doit — d’une dette éthique — comme à ce qu’il voit. Le témoin fait foi, doit, voit et donne : depuis une expérience qu’il a vécue, quel que soit le mode de cette implication, vers toutes les directions de l’autrui. Il donne sa voix et son regard pour autrui. L’autrui du témoin ? C’est, d’abord, celui qui n’a pas eu le temps ou la possibilité de signifier son geste ou sa douleur : c’est le réfugié d’Idomeni quand il demeure muet, occupé aux tâches de l’immédiate subsistance. C’est ensuite, celui qui n’a pas le temps ou le courage d’écouter cet acte ou cette souffrance : c’est le nanti de la grande ville quand il demeure indifférent, occupé aux tâches de sa vie confortable. Le témoignage se tient donc “entre deux autruis”, il est en tous cas un geste de messager, de passeur, un geste pour autrui et pour que passe quelque chose. »

     

    Niki Giannari

    Des spectres hantent l’Europe

    traduit du grec par Maria Kourkouta

    suivi de Georges Didi-Huberman

    Passer, quoi qu’il en coûte

    Minuit, 2017

  • Jean-Christophe Bailly, « Un arbre en mai »

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    © : J.-C. Hermann

     

    « Nous avions fait de la remarque de Rosa Luxemburg selon laquelle une journée de grève générale en apprend davantage que des années de formation un de nos leitmotivs, mais ce n’est pas seulement sur ce plan purement politique que les journées de Mai forment dans la vie de ceux qui les ont vécues une strate qui est aussi une césure. Ce mélange d’invincibilité chanceuse et de pure défaite qui les caractérise dans le temps comme un pli, étonnant suspens où nous touchions à l’Histoire sans être menacés et nous assumions la violence sans qu’elle tourne au drame, c’est comme si le mouvement avait surfé au-dessus d’un abîme sans même l’apercevoir et par conséquent sans vertige.

    Le désir du vertige, et celui d’une conséquence et d’une responsabilité plus grandes, conduisirent certains d’entre nous, par la suite, vers une orientation militaire et clandestine, vers un spectre d’actions qui eût pu effacer la légèreté de Mai. Mais, comme l’on sait, en France en tous cas, ils renoncèrent pour la plupart à franchir un point de non-retour et, à mon avis, entre autres causes, l’expérience de Mai joue ici son rôle : elle fut telle en effet qu’elle ne préparait pas à des postures de juges manichéens ou à des actes plus ou moins assimilables au terrorisme révolutionnaire. Lorsque tout retomba, ce fut pour chacun toute une histoire que d’apprendre à revenir. Où que les évènements et l’engagement qui leur fit suite nous aient portés, la question n’était pas de rentrer dans le rang mais de s’inventer une vie dans un monde transformé, une vie dans laquelle le pli historial de Mai 68 puisse fonctionner comme un souvenir. Accepter que l’arbre était mort, c’était faire un travail de deuil et, comme on le sait, rien n’est plus difficile ni, surtout, plus solitaire. »

     

    Jean-Christophe Bailly

    Un arbre en mai

    Coll. »Fictions & Cie », Seuil, 2018

     

     

     

  • Rose Ausländer, « Je joue encore »

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    DR

     

    « Moi une petite eur

     

    Pourtant les roses

    hautes comme l’été

    les papillons

    les ailes de mouettes

    au-dessus de la rivière

     

    Non

    je n’oublie pas

    les années marquées au fer

    je n’oublie pas

    que des bottes

    ont piétiné l’arc-en-ciel

    qu’elles s’apprêtaient

    à nous transformer en

    roses de feu papillons de feu ailes de feu

     

    pourtant hauts comme l’été

    le parfum

    les ailes doubles au-dessus de la rivière

    l’or sur ma peau

     

    et les roses mortes après la nuit

     

    ***

     

    Entends-tu

    de sa voix claire

    l’alouette chante des chansons

    jusque dans mon sommeil

     

    J’attends

    le parfum

    du souvenir

     

    L’air

    joue mon

    soufe

     

    Je suis

    enfant à nouveau

    et mélange des couleurs

    pour

    un ballon »

     

    Rose Ausländer

    Je joue encore (1985-1986)

    Bilingue

    Préface de Lambert Barthélémy

    Traduit de l’allemand par Alba Chouillou

    Le Bousquet-La Barthe éditions, 2017

    http://lebousquetlabarthe.wixsite.com/editions

  • Li Yi-chan, « Notes »

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    « Signes de richesse

     

    Le hennissement d’un coursier.

    Des larmes laissées par des chandelles de cire qui ont coulé.

    Des épluchures d’écorce de châtaignes.

    Des coques de litchi secs.

    Des fleurs qui tombent en volant.

    Le chant du loriot et de l’hirondelle.

    Des voix qui lisent.

    Tombée et abandonnée, une épingle de tête ornée de fleurs.

    Des sons d’une flûte dont on joue dans le pavillon à étages.

    Le bruit des médicaments que l’on pile et du thé que l’on broie. »

     

    Li Yi-chan

    Notes

    Traduit du chinois par Georges Bonmarchand

    Préface de Pascal Quignard

    Le Promeneur, 1992