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Livre - Page 27

  • Tu Long, « Propos détachés du Pavillon du Sal »

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    Anonyme, Portait d’un lettré. Peinture, couleurs sur soie. XIe siècle, dynastie des Song du Nord. Musée du Palais, Taipei

     

    « Se pencher sur son reflet solitaire dans un étang et s’amuser à regarder les poissons agitant l’eau de leurs bonds.

    Suivre dispos et nonchalant les détours d’un sentier et voir soudain une pousse d’orchidée sortir de terre.

    La perfection existe dans l’infime et le plaisir n’en est que plus fort.

     

    Épanouir ses talents et ses vertus comme de jeunes fleurs, jardin printanier sous une brise ensoleillée.

    Porter ses cheveux blancs comme un arbre ses feuilles rougies, forêt automnale au paysage encore plus somptueux. »

     

    Tu Long – 1542-1605

    Propos détachés du Pavillon du Sal

    Traduits du chinois & présentés par Martine Vallette-Hémery

    Séquences, 2001

    http://www.alidades.fr/sequences.html

  • Li Ho, « Servez le vin »

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    Grande jarre à tête anthropomorphe (détail), culture de Majiayao. Chine du Nord, fin du IIIe-début du IIe millénaire avant notre ère. Terre cuite chamois, décor peint. Musée Guimet, Paris

     

    « Lourd lapis-lazuli

    Ambre sombre et puissant.

    Le vin quand il jaillit des tonnelets

       tombe comme un collier de perles rouges.

    Dragon à la vapeur phénix rôti

       larmes grasses de jade qui ruissellent

    Tapisseries brodées rideaux de gaze

       conservent les parfums à l’intérieur.

    Flûte d’os de dragon

    Tambours en peau d’iguane

    Chantent les dents brillantes

    Dansent les tailles fines.

    Surtout dans le vert tendre du printemps

       dans la lumière de ce crépuscule

    Quand une averse de fleurs de pêchers

       tombe sur terre comme une ondée rouge.

    Buvez buvez toujours je vous adjure

       buvez enivrez-vous la vie entière :

    Il n’y a plus personne désormais

       qui verse sur la tombe de Liu Ling un peu de vin* »

     

    * Liu Ling, célèbre jouisseur du IIIe siècle, avait demandé qu’on l’enterre avec des gourdes de vin. Mais, plus de cinq cent ans après sa mort, plus personne ne survit pour entretenir sa tombe et lui donner à boire. (NDT)

     

    Li Ho – 791-817

    In Ombres de Chine – Douze poètes de la dynastie Tang (680-870) et un épilogue

    Choix, traduction et commentaire par André Markowicz

    Inculte / Dernière marge, 2015

    http://www.inculte.fr/catalogue/ombres-de-chine/

  • Yuefu anonyme, « Ballade des papillons »

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    Anonyme, Fleurs et papillon, Dynastie Ming

     

    « Les papillons folâtrent dans les jardins de l’est.

    Au troisième mois, où vont-ils rencontrer des hirondelles qui en nourriront leurs petits ?

    Ils me rejoignent parmi les luzernes ;

    Ils m’assistent quand je pénètre dans les profondeurs du Palais Pourpre*.

    Ils s’y déplacent à l’entour des chapiteaux et des colonnettes.

    Les passereaux arrivent alors pour banqueter ;

    Ils viennent pour donner la becquée à leurs oisillons,

    Hochant la tête en battant des ailes.

    Où volettent-ils ? Où volettent-ils donc ? »

     

    * Palais Impérial. C’est aussi le nom de la Cité interdite, d’une constellation qui couvre une région voisine du pôle nord céleste, empiétant sur la Grande Ourse, la Girafe et le Dragon. On nomme aussi le sternum de cette façon.

     

     Yuefu** anonyme

    Dynastie des Han, 206 av. J.-C. – 220 après J.-C

    traduit du chinois par Rémi Mathieu

    Anthologie de la poésie chinoise

    La Pléiade, Gallimard, 2016

     

    ** Le Yuefu, Bureau des musiques, est un genre poétique chinois typique de la dynastie Han. À l’origine le Yuefu est une chanson populaire anonyme, il deviendra un genre très prisé par les lettrés.

     

  • Yang Wan Li, « Pour remercier Wu Te hua, commissaire du thé de Chian chow, qui m’a envoyé une nouvelle édition d’un recueil de Su Tung po* »

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    Ma Yuan (actif 1190-1225), Promenade sur un sentier de montagne au printemps (détail), peinture, encre et couleurs sur soie. Musée du Palais, Taipei

     

    « L’or jaune, le jade blanc, des perles claires comme la lune, des chansons limpides, des danses merveilleuses, une jeune beauté à renverser une ville, les autres ont tout cela, moi seul n’ai rien. Comme Hsiang yu** je n’ai que quatre murs pour m’entourer. À part cela j’ai aussi une étagère de livres. Si elle ne suffit à me rassasier, au moins elle rassasie les termites argentés. Un vieil ami au loin vient de m’envoyer un recueil de Tung po. Les vieux livres quittent tous la natte pour lui céder la place. Quand j’étais enfant, espiègle, pour les cent choses je n’étais pas paresseux, mais quand il s’agissait d’étudier, exprès je me levais tard. Mon père se fâchait, blâmait son fils sot et m’ordonnait, l’estomac affamé, de dévorer de vieux livres abimés. Avec la vieillesse pour les dix mille choses je suis à la traîne derrière les autres. Quand avec nonchalance je prends un vieux livre pour occuper mes yeux malades, dès qu’ils rencontrent le livre mes yeux malades se brouillent. Les caractères gros comme des mouches deviennent de vieux corbeaux. Mes yeux malades, que peuvent-ils donc faire avec de vieux livres ? Quand je feuillette un vieux livre, tout le temps je soupire. Ce recueil de Tung po je l’ai déjà, mais avant d’arriver au dernier chapitre ma main s’arrête. L’encre est imprimée de façon floue, le papier n’est pas bon. Ni bon papier, ni bonne calligraphie. Mais le texte vient d’être gravé sur du bois de jujubier de Fu sha. La gravure fidèle, vigoureuse et svelte ne trahit pas l’original. Le papier est comme un cocon de couleur de neige qu’on sort d’une bassine de jade, les caractères comme le dessin des oies sauvages du givre sur les nuages d’automne. Avec la vieillesse mes deux yeux voient comme à travers le brouillard, quand ils croisent des saules, quand ils croisent des fleurs, ils ne les remarquent même pas. Mais chaque fois qu’il croisent un beau livre neuf, toute la journée ils l’apprécient, ne veulent plus le quitter. Tung po est encore plus fou que moi, il a refusé d’échanger sa veste de toile grossière pour devenir l’un des trois ministres. De son pinceau surgit un langage étonnant, à balayer les chevaux ordinaires de dix mille générations. Vieil ami, tu t’apitoies, comme en vieillissant je deviens plus obtus, au lieu de m’envoyer un élixir pour soigner mes os malades, tu m’envoies ce livre pour me bousculer un peu. Je gratte ma tête blanche jusqu’à ce que la lampe bleue s’éteigne. »

     

    * Poète, peintre, 1037-1101

    ** Chef militaire de la fin de la dynastie Qin, 232-202 av. J.-C. Selon la légende il se serait décapité lui-même.

     

    Yang Wan Li

    Le son de la pluie

    Traduit du chinois par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1988

    http://www.moundarren.com/poeteschinois/yangwanli

  • Beidao, « Questions au ciel »

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    DR

     

    « Ce soir la pluie tombe éparse

    la brise feuillette le livre

    le dictionnaire parle à mots couverts

    je ne peux lui résister

     

    Enfant je récitais des poèmes anciens

    sans comprendre

    debout, puni

    au bord du gouffre des commentaires

     

    La lune brille, quelques rares étoiles

    la main du Maître

    montre le gué des rêves

    les ombres miment l’existence

     

    des gens glissent à skis

    sur les pentes enneigées de l’instruction

    leur histoire

    glisse hors des frontières

     

    les mots ont glissé hors du livre

    la feuille blanche est atteinte d’amnésie

    je me lave les mains

    je déchire la feuille, la pluie cesse »

     

    Beidao (ou Bei Dao) ­– 1949

    Au bord du ciel

    Traduit du chinois par Chantal Chen-Andro

    Circé, 1995

    http://www.editions-circe.fr/livre-Au_bord_du_ciel-220-1-1-0-1.html

  • Han Shaogong, « Pa Pa Pa »

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    DR

     

    « À sa naissance, il dormit deux jours et deux nuits de suite sans ouvrir les yeux, sans manger ni boire. Son visage de mort effraya ses proches. Il ne poussa son premier cri qu’au bout du troisième jour. Lorsqu’il fut capable de se traîner par terre, il apprit à devenir un homme en subissant les moqueries des habitants de son village. Il sut très rapidement dire deux choses : l’une était “papa” et l’autre “putain de maman”. La dernière était un juron bien sûr, mais dans la bouche d’un enfant, il perdait tout son sens. On pouvait le considérer comme une simple onomatopée.

    Au bout de trois, quatre, puis cinq, sept et même huit années, il ne savait toujours dire que ces deux mots. Ses yeux restaient sans vie, ses mouvements lourds. Sa tête énorme avait une forme étrange. Elle ressemblait à une calebasse renversée qui aurait été remplie d’une curieuse matière faisant office de cerveau. Quand il avait mangé, il partait en se dandinant à travers le village, un reste de nourriture collé au coin des lèvres, la poitrine brillante de graisse. Dès qu’il rencontrait quelqu’un, homme ou femme, vieux ou jeune, il lui adressait familièrement son “papa”. Si la personne le fixait, il clignait les paupières en direction d’un point situé au-dessus de son interlocuteur, se mettait à rouler lentement ses yeux qui viraient au blanc et roucoulait son “putain de maman” avant de se retourner et de s’éloigner. Soulever les paupières lui demandait beaucoup d’efforts comme s’il ne pouvait rouler ses yeux qu’en tendant à l’avance tous les muscles de sa poitrine et de son cou. Tourner la tête lui coûtait autant d’efforts. Juchée sur un cou trop mou, elle pivotait en tous sens comme un moulin à poivre et ne parvenait à se stabiliser qu’après avoir décrit un large arc de cercle. Courir lui demandait encore plus de forces. Ses pas inégaux l’empêchaient de trouver son centre de gravité. Il ne pouvait avancer qu’après avoir incliné la tête et le torse et ne se guidait qu’en levant le regard haut vers ses sourcils. Il effectuait de très grandes enjambées, comme si, au cours d’une compétition, il parcourait au ralenti les derniers mètres le séparant de la ligne d’arrivée.

    On doit toujours avoir un nom, que ce soit pour figurer sur sa pierre tombale ou sur son faire-part de naissance. On l’appela donc Bingzai.* »

     

    * L’avorton

     

    Han Shaogong

    Pa Pa Pa

    Traduit du chinois par Noël Dutrait et Hu Sishe

    Alinéa, 1990, rééd. Éditions de L’Aube, 1995

  • Ge Fei, « La barque égarée »

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    « Un midi de la fin de l’été, alors que l’oncle faisait sa sieste dans la bibliothèque, il s’était rendu dans la cour du pavillon de bambou. Xing s’était endormie sur une chaise longue sous un ginkgo. Elle tenait à la main un livre sur les légendes des vingt-quatre périodes du calendrier solaire. Le livre ouvert se soulevait sur sa poitrine. Xiao se trouvait tout près d’elle, hypnotisé, assis sur un tabouret en bambou. Les craquements du tabouret le faisaient transpirer de peur. L’autre main de Xing retombait mollement sur le dossier de la chaise. Xiao entendait sa propre respiration, courte, oppressée. De la Lian* parvenaient des bruits de rames. Un papillon blanc, tout ensommeillé, était passé devant ses yeux. Il avait touché doucement le bout du doigt fin et doux de sa cousine, puis avait posé la main sur son poignet, à l’endroit du pouls. Il avait senti le sang couler rapidement sous la peau laiteuse. Elle ne se réveillera pas, avait-il pensé. »

     

    * Rivière, de la province de Guangdong, qui se jette dans le golfe du Tonkin.

     

    Ge Fei

    « La barque égarée » in Nuée d’oiseaux bruns

    Récits traduits du chinois par Chantal Chen

    Préface de Marie-Claire Huot

    Philippe Picquier, 1996

    http://www.editions-picquier.com/ouvrage/nuee-doiseaux-bruns/

  • Kouo Yu, « Longue nostalgie »

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    Illustration de Xu Baozhuan (1810-1885) pour Le Rêve dans le Pavillon rouge

     

       « J’y pense longuement…

       Mais à qui va ma pensée ?

     

    Depuis qu’il m’a quittée pour monter à cheval,

       Nuit après nuit je pleure en l’alcôve déserte.

    Dans le miroir de jade, à l’aube, j’épile mes sourcils en antennes ;

       Je vous en veux, mais en même temps je n’ai qu’amour pour vous.

    L’eau du lac cet automne a débordé ; blanches sont les fleurs de lotus.

       Mon cœur est blessé ; le soleil tombe, et deux canards s’envolent*

    Pour vous j’ai semé puis cueilli le lichen**.

       Dans le froid, la glycine s’étend le long des branches des pins sombres.

    Pour vous, j’ai mis de côté l’oreiller orné de corail.

       Les traces de mes larmes ont séché ; des toiles d’araignée sont nées.

    Qui aime n’aura jamais peur des cheveux blancs ;

       Mais pourquoi ne puis-je vous accompagner toujours ?

     

       Le vent et la pluie sifflent ;

       Cocorico, chantent les coqs !

       … Mais à qui va ma pensée ?

        À celui que j’ai vu en rêve. »

     

    * Le couple de canards mandarins est le symbole du couple parfait qui ne se quitte jamais.

    ** Usnée barbue (Usnea barbata), lichen médicinal.

     

     

    Kouo Yu (Kouo Yen-tchang) – 1316 - ?

     Traduit du chinois par Siao Che-kiun

    In Anthologie de la poésie chinoise classique

    Sous la direction de Paul Demiéville

    Gallimard, 1962, rééd. Coll. Poésie/Gallimard, 2000

  • Yang Wan Li, « Dans la Barque sous la neige, fatigué je m’endors »

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    « J’ai construit un petit studio, de la forme d’une barque, aussi l’ai-je appelé la Barque du pêcheur sous la neige. Aujourd’hui j’y étudie, fatigué m’endors. Brusquement le vent entre dans la pièce, remue dans le vase les fleurs de prunier si parfumées. Réveillé en sursaut, je compose ce poème.

     

    une petite chambre, la fenêtre claire, la porte à moitié fermée

    lisant un livre je m’endors, tout engourdi

    impudentes les fleurs de prunier me dérangent

    exprès elles dégagent leur parfum pour briser mon rêve »

     

    Yang Wan Li – 1127-1206

    Le son de la pluie

    Poèmes traduits du chinois par Cheng Wing fun & Hervé Collet

    Moundarren, 1988

    http://www.moundarren.com/poeteschinois/yangwanli

  • Lieou Ling, « Éloge de la vertu du vin »

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    Coupe libatoire en corne de rhinocéros, Chine, dynastie Qing

     

    « Pour le maître parfait

    Ciel et Terre ne durent qu’un matin,

    Les dix mille temps, un seul instant.

    Soleil et Lune sont ses fenêtres,

    Les huit déserts forment sa cour.

    Ses pas ne laissent nulle trace,

    Nulle part il ne demeure.

    Plafond de ciel, tapis de terre,

    Il suit son bon plaisir.

    Son repos : saisir la coupe.

    Son mouvement : vider la cruche.

    Le vin est son seul travail ;

    Il ne sait rien d’autre. »

     

    Lieou Ling – 221-300

    In La Montagne vide – Anthologie de la poésie chinoise IIIe – XIe siècle

    Traduite et présentée par Patrick Carré & Zéno Bianu

    Coll. Spiritualités vivantes, Albin Michel, 1987

  • Lo Mengli, « La folle d’amour »

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    Wang Chao Ki

     

    « Mon cousin passait à l’école toutes ses journées, il revenait pour dîner ; ensuite, au clair de lune, nous nous promenions dans le fond du parc, où le feuillage touffu nous protégeait contre les regards indiscrets.

    Houei glissait sa main dans ma large manche, et m’atteignait au point sensible. Nos regards se cherchaient, nos lèvres se prenaient longuement. Lourds de désir, nous revenions à petits pas, et, sous la lanterne aux panneaux de soie, nous poursuivions nos découvertes.

    La candide virilité de mon cousin le portait aux gestes les plus simples, mais le plaisir éveillait en moi une imagination d’amoureuse et je m’y montrais inventive.

    Ce soir-là, j’entrepris de dispenser la joie suprême sans qu’il en coutât le moindre effort à mon bien-aimé. Par malheur, ma sœur s’éveilla et s’indigna de me voir en cette posture cavalière.

    J’eus l’esprit de répondre : “Notre cousin tremblait de froid, j’essayais de le réchauffer.”

    “Et vous me faisiez du bien, sœur aînée, voyez, je claque des dents !” insista le rusé.

    “Puisque tu lui fais du bien, continue !” dit ma sœur ingénuement.

    Elle se rendormit et je me remis en selle avec la curieuse impression d’avoir changé de sexe, tandis que mon cousin découvrait, lui, l’agrément de l’inertie.

    Les crochets des rideaux tintaient, le lit grinçait de tous ses ressorts comme une barque secouée par la tempête.

    Ma sœur se retourna et, sans ouvrir les yeux :

    “Renvoie chez lui ce petit sauvage”, ordonna-t-elle.

    L’aube commençait à poindre, j’étais lasse, le sommeil ferma mes paupières.

     

    Le lendemain, nos parents revinrent et ma sœur apprit à ma mère que nous avions cru devoir faire place à mon cousin dans notre lit. Elle en fut atterrée.

    Mon père décréta que son neveu coucherait désormais dans le pavillon du professeur. Ainsi prirent fin nos relations amoureuses.

    Au bout de quelques semaines, Houei retourna chez ses parents. Il me fit cadeau, en partant, d’un mouchoir de soie sur lequel il avait composé pour moi ce poème :

       Un parfum troublant se dégage du coin de l’oreiller.

       De couleurs éclatantes est brodée ma couverture verte.

       Mais ma bien-aimée m’oubliera,

       et personne ne viendra, sous la lanterne,

       enchanter mes nuits solitaires. »

     

    Lo Mengli

    La folle d’amour Confession d’une chinoise du XVIIIe siècle

    Adapté et préfacé par Lucie Paul Margueritte

    Illustré par Wang Cho Ki

    Éditions du Siao, 1949, rééd. Éditions You-Feng, 2005

  • Zheng Chouyu, « Village aborigène »

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    DR

     

    « Ma femme est un arbre, moi aussi ;

    mais ma femme est un bon métier à tisser,

    sa navette-écureuil tisse des nuages arachnéens,

    ces nuages, là-haut, sont ceux qu’elle aime tisser

     

    et moi, j’espère bien que mon unique tâche

    sera de faire sonner dans ma poitrine

    la cloche d’une école

    puisque j’ai atteint l’âge…

    où les piverts se posent sur mon bras »

    1962

     

     

    Zheng Chouyu

    in Le ciel en fuiteAnthologie de la nouvelle poésie chinoise

    Édition établie et traduite par Chantal Chen-Andro & Martine Valette-Hémery

    Circé, 2004

    http://www.editions-circe.fr/livre-Le_ciel_en_fuite_%E2%80%93_Anthologie_de_la_nouvelle_po%C3%A9sie_chinoise-224-1-1-0-1.html